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Alimenter « Moins de pesticides  grâce à mes choix culturaux  »

Chez Arnaud Robidel et ses parents, la diminution des produits phytosanitaires est au service de l’autonomie protéique de l’élevage et de la vie du sol.

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Le plan Ecophyto 2 fixe une baisse de l’utilisation des pesticides de 25 % entre 2015 et 2020 et autant en 2025. L’un des bras armés pour atteindre cet objectif est le réseau Dephy composé de 3 000 exploitations. Les laitières sont bien placées. Les fermes de polyculture-élevage de Dephy enregistrent un indicateur de fréquence de traitement (IFT) de 2,05 en 2015, contre 3,63 pour celles de grandes cultures. Les prairies et le maïs, qui est moins consommateur de « phytos » que les céréales et le colza, leur donnent un net avantage. « Il ne faut pas en conclure qu’il faut faire plus de maïs aux dépens des autres cultures, insiste Jacques Girard, l’un des animateurs du réseau Dephy bas-normand. L’alternance cultures d’hiver et de printemps participe à la lutte contre les adventices. Plus globalement, il faut regarder la cohérence de l’exploitation. »

C’est ce que fait Arnaud Robidel qui est dans Dephy depuis deux ans. Il a deux ­priorités : la sécurisation de l’alimentation fourragère des 110 vaches en zéro pâturage et la préservation des sols. « Cela ne m’empêche pas de travailler à la réduction des produits phytosanitaires », dit-il. Dans la foulée de son installation en 2012 en Gaec, avec ses parents Jannick et Michel, il se forme à la pulvérisation à bas volumes et la réduction de doses qui va avec. Objectif : gagner du temps et maîtriser le coût des cultures.

Dès 2013, il pulvérise à 65 litres par hectare, contre 140 à 160 l classiquement. Il vient de descendre à 30 litres. « Une cuve de 1 200 litres permet de traiter 40 ha. C’est un gain de temps indéniable pour gérer les îlots de 19 et 30 ha à quelques kilomètres de la ferme. »

« Réduction des doses et mélange de quatre variétés de blé  »

« Grâce à la réduction de doses, mais aussi au mélange de quatre variétés de blé (1) – qui peut permettre l’éc o nomie d’un fongicide –, Arnaud Robidel affichait de meilleurs résultats que la moyenne du groupe Dephy à son entrée en 2015 (ci-contre) », souligne Adeline Michel, du CERFrance Maine-Normandie. Cela ne se fait pas au détriment des rendements qui, dans des sols limono-sablo-argileux, sont entre 91 et 100 quintaux par hectare en blé (74 q en 2016 dus à la mauvaise année) et de 16 t de MS/ha en maïs-ensilage. « Il y a deux ans, j’ai supprimé le désherbage du blé en sortie d’hiver pour l’avancer à l’automne, ce qui a réduit fortement l’IFT. Le désherbage de printemps est souvent retardé par des parcelles pas assez portantes. Cela oblige ensuite à augmenter les doses. »

Objectif : 25 ha de luzerne en 2018

La ferme s’est agrandie de 19 ha l’an passé. Malgré tout, le Gaec souhaite maintenir la surface de blé à une trentaine d’hectares et passer de 15 à 25 ha de luzerne en 2018. « Ce serait au détriment du maïs-ensilage dont je souhaite diminuer la part dans la ration laitière au profit de l’ensilage de luzerne. Je n’exclus pas à l’avenir d’abandonner le maïs-ensilage pour le maïs-épis. » Outre une plus grande autonomie protéique de l’élevage, la luzerne présente l’avantage de diversifier les cultures, de participer à la vie du sol et à la limitation des mauvaises herbes. Elle couvre le sol durant trois ans et, avec seulement un désherbage annuel, elle est peu consommatrice de phytos. « La couverture du sol est maintenue jusqu’au semis du blé car il est implanté dessus. Je contrôle la luzerne par du metsulfuron-méthyl à 1 g/l quand la reprise de végétation est la plus forte. Si besoin, je renouvelle en mai. »

Un sol couvert grâce aux méteils

Après la moisson, la luzerne est ­complétée par une association de pois protéagineux et trèfle d’Alexandrie, également implantée après le blé cultivé en pur. Le tout est ensilé à l’automne. C’est qu’allier stocks fourragers et couverture permanente du sol via des mélanges est l’autre bras armé du Gaec dans sa lutte contre les adventices. L’association continue de couvrir le sol jusqu’au semis du maïs l’année suivante ou est remplacée à l’automne par un mélange de légumineuses (pois fourrager, féverole d’hiver, vesce, trèfle squarrozum avec de l’avoine). « Ce méteil est aussi implanté entre deux maïs. Dans les deux cas, ils sont ensilés avant le 10 mai. »

Les 30 ha de couverts hivernaux sont détruits par 0,5 à 1 l/ha de glyphosate selon le salissement de la parcelle. « J’adapte ensuite la stratégie de désherbage. » Par exemple, au litre de glyphosate pour détruire le méteil est ajouté 0,5 l de Calibra. « Puis, en prélevée du maïs, je combine des herbicides à spectre complémentaire en doses réduites : 0,5 l de Calibra, 0,2 l de Monarque et 5 g de Peak. »

Pour conserver la structure du sol, Arnaud l’implante après le passage d’un fissurateur. Il a parallèlement fait un essai de semis direct sur 3,5 ha. « Le sol est plus tassé. Le maïs lève moins vite. Peut-être sera-t-il préférable de travailler le sol par le fissurateur ou le strip-till. En revanche, je sème directement le blé depuis octobre (lire ci-dessus). »

Claire hue

(1) Le mélange de variétés de blé 2016-2017 est composé par Paledor, Vyckor, RGT Cesario et Hyfi.

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