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Ensilage maïs De grandes disparités pour un bilan médiocre

Récolte de fourrages. Déficit en eau et températures caniculaires ont affecté à différents niveaux les rendements et la qualité du maïs. La tendance générale est à un cru 2020 qui rendra moins facile la production de lait.

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L’année 2020, comme les deux précédentes, a présenté des conditions météorologiques très éprouvantes pour la culture du maïs. Tout avait pourtant bien commencé au printemps, avec un mois d’avril favorable aux semis précoces, souvent en début de mois. Une première vague qui a été stoppée par un épisode pluvieux, puis à nouveau des conditions chaudes et sèches fin mai ont permis une deuxième période de semis.

Dans de nombreuses régions, ces dates de semis très échelonnées ont eu des conséquences importantes pour la suite. Car l’été 2020 a été l’un des plus secs que l’on ait connu depuis longtemps : du semis à la récolte, de nombreuses cultures de maïs ont reçu moins de 100 mm d’eau. Ce déficit hydrique a affecté quasiment toutes les régions mais avec plus ou moins d’intensité : la plante a parfois montré une belle résistance.

Rendements : de bons à catastrophiques

Commençons par le meilleur : certaines zones de l’Ouest et du Nord-Ouest, comme en Bretagne, ont récolté de bons maïs ensilages avec des rendements souvent supérieurs à ceux de l’an dernier. Les coups de chaud ont bien eu lieu, mais ils ont été compensés par de nombreuses averses orageuses. C’est ainsi que des rendements de 18 tonnes de MS par hectare ont pu être atteints. La pression des ravageurs a été moins forte excepté les dégâts de corvidés, qui restent problématiques. Dans le Grand Est, qui depuis trois ans subit des sécheresses intenses, les rendements sont très hétérogènes mais parfois meilleurs que prévu, même si la moyenne reste faible, autour de 8-10 tMS/ha. Selon les orages, la profondeur de terre, la présence ou pas de dérobées, ils varient de 4 à 14 tMS/ha. C’est encore plus vrai en Normandie, où la fourchette va de 3 à 18 t.

Dans beaucoup de régions, il est évident que les semis précoces s’en sont mieux sortis. Ainsi les semis de début avril, même s’ils ont un peu souffert d’un manque de vigueur au départ, ont fleuri très tôt, donc avant les gros coups de chaud, ce qui a donné des épis mieux remplis. On peut émettre l’hypothèse que leur meilleur enracinement les a aussi davantage préservés du déficit hydrique. Les maïs semés en mai, eux, ont certes poussé très vite mais ils ont essuyé de plein fouet les grosses chaleurs, auxquelles ils ont moins bien résisté. On observe cependant l’inverse dans l’Aveyron, où les semis plus tardifs ont bénéficié des orages de fin août. Malgré cela, les rendements perdent en moyenne 20 à 30 % dans ce département par rapport à une année normale.

Matière sèche : toujours des dépassements

Ce sont les maïs ayant le moins souffert qui ont souvent échappé à la vigilance des éleveurs pour maîtriser la date de récolte. Ainsi en Bretagne, les nutritionnistes regrettent de trouver encore des ensilages à plus de 38 % de MS. Si ensuite la ration globale dépasse 45 % de MS, il est nécessaire d’ajouter de l’eau (2 à 3 litres d’eau par vache et par jour). On peut constater le résultat inverse sur des maïs très touchés par la sécheresse. Voyant la plante se dessécher rapidement et sans perspective de pluies, beaucoup d’éleveurs se sont précipités à récolter alors que le grain était loin d’être mûr. C’est pourquoi certains ensilages très précoces, entre le 10 et 20 août, ne dépassent pas 25 % de MS.

D’autres régions s’en sortent mieux, comme les Pays de la Loire (hors Sarthe et Mayenne, deux départements très touchés), où le retour de la pluie en août a pu relancer les plantes et permis de mieux étaler les chantiers de récolte. On observe alors des matières sèches dans la norme : entre 33 et 35 % de MS.

Les écarts sur la teneur en amidon, sur la digestibilité des fibres et sur la valeur UFL seront très importants cette année.

Des qualités très disparates

« D’une parcelle à l’autre, d’une variété à l’autre, l’impact du déficit hydrique a été très différent. Les plantes n’ont pas réagi de la même façon au stress, avec plus ou moins d’amidon digestible et une lignification plus ou moins intense de la partie tige-feuilles. Des analyses seront indispensables pour se situer », insiste Yann Martinot, d’Elvup. Dans quasiment toutes les régions, les nutritionnistes s’attendent à des ensilages maïs moins lactogènes que l’an dernier. La double peine peut venir d’ensilages contenant beaucoup de cellulose peu digestible, et très peu d’amidon car peu de grains, mais très dégradable car récolté trop tôt.

« Même s’il y a des exceptions, ces ensilages maïs 2020 seront en général décevants sur l’amidon, en deçà de 25 %, parfois même beaucoup moins pour les plantes qui ont mal fécondé. La digestibilité tige-feuilles n’est pas là non plus, avec des dMO ne dépassant pas 70 %. En Lorraine, sur les premiers résultats, la valeur UFL moyenne n’est que de 0,89 », explique Jérôme Larcelet, de Seenorest.

dominique grémy

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