Bovin viande Faire plus de veaux ou engraisser ? La ferme de Thorigné fait les comptes
Avec 16 ha à valoriser, la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou a réalisé quelques simulations pour tirer le meilleur profit de la surface. Et l’engraissement ne semble pas dénué d’intérêt. Mais pas question pour Benoît Daveau et Julien Fortin de faire ça n’importe comment : il faut que l’engraissement respecte les contraintes sociétales d’aujourd’hui. Pour ce faire, ils misent sur la production de bœuf, et le croisement angus.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
A l’occasion de la porte ouverte de la Ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou, Julien Fortin et Benoît Daveau, ingénieurs d’études, ont fait le point sur les travaux en cours sur la ferme. Dans leur besace : des essais sur le croisement Angus, et la production de bœuf en race pure.
Ils n’ont pas choisi ces thématiques au hasard. Après avoir opté pour le vêlage deux ans pour leurs 75 limousines, l’exploitation a su dégager 16 ha pour une nouvelle production. Les deux ingénieurs ont donc entrepris trois scénarios pour valoriser cette surface : la production de 20 croisés Limousins x Angus, la production de 13 bœufs limousins, ou l’agrandissement du troupeau allaitant, avec 12 vêlages supplémentaires.
Produire une viande qui correspond à la demande
Leur ambition : travailler sur l’engraissement. « On a une inadéquation en France entre les types de bovins produits et consommés. 87 % de nos exportations sont en jeunes bovins, et 80 % de nos imports sont des réformes laitières » explique Julien Fortin. Les éleveurs avaient à cœur de proposer une viande qui réponde aux attentes du marché intérieur.
Et les paradoxes du marché français ne se limitent pas à une opposition entre JB et vaches de réformes. « On mange de la viande rouge, plutôt grasse. Bref, il faut des animaux bien finis pour répondre aux attentes de la filière. Mais assez paradoxalement, il y a des attentes sur la réduction de l’empreinte carbone, réduction de la compétition feed/food, avec des céréales que l’on pourrait utiliser autrement, des attentes autour du pâturage… » Autant de problématiques qui remettent en question l’engraissement traditionnel. « En 20 ans, le troupeau limousin a pris 40 kg de poids de carcasse, mais cela se traduit par un allongement de la durée d’engraissement ». Compter 140 jours de finition, au lieu de 90 par le passé.
Pour répondre à ces enjeux, les ingénieurs d'étude ont testé la production de bœufs limousins, et intégré un travail sur la précocité des animaux, via le croisement Angus.
Le croisement Angus économique
Formulée à partir des prix constatés ces dernières années, l'équipe de la ferme expérimentale a mis en place une approche économique de la démarche. Et en termes de marge, c’est la production de croisés de 27 mois qui semble la plus intéressante.
« 20 croisés commercialisés tous les ans, ça fait un produit de 19 720 € ». Des trois options, la production de croisés est celle qui a le plus petit chiffre d’affaires. Mais c’est aussi celle qui a le moins de charges. « Compter 6 200 € pour les croisés, contre 9 600 € pour la production de bœufs » précise Benoît Daveau. Un différentiel qui s’explique par des animaux immobilisés plus longtemps, éventuellement plus exigeants en termes d’alimentation, et qui passent plus de temps en bâtiment. « Les croisés passent plus de temps au pâturage », résume Benoît.
Dans les deux cas, la production d’animaux finis est plus intéressante que l’augmentation du nombre de vêlages.
A noter toutefois que les simulations ont été effectuées sans prendre en compte l’effort de capitalisation. « En croisé, il faudra attendre 24 à 27 mois avant de vendre les bovins. Compter une trentaine de mois pour les bœufs, et plus encore si l’on mise sur l’élevage de génisses pour augmenter la taille du troupeau de vaches allaitantes ».
Pour accéder à l'ensembles nos offres :