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« On prend le temps d’accueillir et de former notre salariée »

Camille Lefeuvre (au premier plan) a pris le temps d’expliquer à Annaïg, sa nouvelle salariée, les tâches à effectuer.

Camille et Charles-Édouard Lefeuvre accordent une grande importance à l’accompagnement de leur jeune salariée pour instaurer une relation de confiance essentielle à la réussite de leur collaboration.

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Annaïg, 25 ans, a rejoint l’exploitation du Guesneau en janvier 2025 et prend progressivement ses repères. Elle succède à Émilie, qui, après deux ans et demi, est partie s’installer à son compte.

L’exploitation

« Nous avions embauché Émilie en avril 2022, juste avant le départ à la retraite de mes beaux-parents et mon installation en août de la même année en Gaec avec Charles-Édouard, mon mari », explique Camille Lefeuvre. « Mon retour sur l’exploitation était avant tout un choix familial. Nous avons quatre enfants de 9, 7, 4 et 3 ans et il devenait difficile de tout concilier avec un emploi à l’extérieur », raconte la jeune femme, qui était auparavant comptable conseil dans un centre de gestion. L’organisation du travail sur l’élevage s’est donc naturellement adaptée à cet impératif.

Le couple recherchait un profil de salarié animalier pour s’occuper des animaux et faire la traite le soir. Camille assure l’astreinte du matin avec Charles-Édouard afin de libérer du temps pour être avec ses enfants l’après-midi, et la gestion des cultures est faite exclusivement par Charles-Édouard.

Annaïg dispose d’un CDI de 35 heures par semaine, avec un week-end travaillé par mois. Ses horaires sont fixés de 10 h 30 à 18 h 30 incluant une pause déjeuner d’une heure, modulable si nécessaire. « Je me suis mise à la place d’un salarié : je n’aurais pas aimé devoir faire la traite du matin et du soir avec une longue coupure entre les deux », confie Camille.

Une salle de pause avec un coin cuisine est disponible pour la salariée. Les locaux comprennent des toilettes et une douche. (© I Lejas)

Le matin, la jeune salariée s’occupe de la distribution des rations aux vaches, génisses et taries, du paillage des logettes et des tâches courantes. « L’après-midi, dès 16 h 30, elle sait qu’elle doit tout laisser pour aller soigner les veaux, afin de commencer la traite à 17 heures », insiste l’éleveuse attachée à cette organisation, et qui reconnaît que « l’embauche d’un salarié a réellement amélioré [leur] organisation et renforcé la rigueur au quotidien ». Les formations « Travailler en couple » et « Devenir employeur » de la chambre d’agriculture de Bretagne, suivies lors de son installation et de la première embauche, l’ont aidée à structurer le travail tout en respectant l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle.

Être disponible le premier jour

Pour Camille, le premier jour d’arrivée d’un salarié est important : « Ce jour-là, je me consacre entièrement à l’accueil, sans téléphone portable », précise-t-elle. Elle évite de programmer une arrivée le lundi, mercredi ou vendredi, car ces journées sont plus chargées avec la gestion supplémentaire des rations et du paillage des génisses et taries.

Annaïg a appris les bonnes postures avant même d’utiliser l’exosquelette pour partir sur de bonnes bases dès le départ. (© I. Lejas)

L’arrivée est donc prévue à 10 h 30, une fois l’astreinte terminée, ce qui permet d’être plus disponible. La visite des locaux est la première étape : bureau, salle de pause avec coin cuisine, douche et toilettes. Ces aménagements, prévus dès 2013 lors de la construction du bâtiment mais réalisés seulement à l’embauche d’Émilie, sont aujourd’hui très appréciés, notamment le bureau qui permet de séparer vie professionnelle et vie familiale.

Avec Annaïg, elles ont pris le temps de refaire le tour de l’exploitation, atelier par atelier et les premières traites ont été réalisées ensemble sur le roto de 24 places. « Je lui ai montré les bonnes postures à adopter pour éviter des douleurs de dos ou aux épaules. L’élevage est aussi équipé d’un exosquelette, à titre préventif, et de gants, masques et lunettes de protection. » Ses employeurs étant exigeants sur la préparation des rations, il a fallu à la jeune salariée plus d’un mois pour maîtriser parfaitement cette tâche. « Le plus difficile au début est de devoir souvent répéter les consignes et corriger les gestes. » Pour Camille, l’essentiel est de bien connaître les qualités et les axes de progrès de chacun afin de trouver des solutions adaptées. Le couple a volontairement choisi un profil jeune, « moins expérimenté mais plus facile à former à [ses] méthodes ».

L’élevage a investi dans un taxi à lait pour nourrir les veaux. (© I Lejas)

Une pause-café dans le bureau est l’occasion de faire le point sur l’organisation du travail, le planning des tâches selon le jour. « J’aime aussi revenir sur l’historique de la ferme, pour expliquer les grandes étapes de l’exploitation et les choix qui ont mené jusqu’ici. » L’élevage est actuellement en pleine évolution avec une augmentation de la production. « L’objectif est d’impliquer notre salariée dans la stratégie de l’entreprise. » Ils travaillent avec un nutritionniste sur les rations, effectuent des échographies régulières sur les vaches, et constatent des progrès : réduction de l’âge au vêlage de 28 à 24 mois et de l’intervalle vêlage-vêlage (IVV) de 405 à 395 jours.

Des primes sur objectifs techniques

« Je lui ai exposé mes attentes techniques, car elle est une pièce maîtresse du dispositif. Avec les emprunts de l’exploitation et de la maison, nous savons qu’il faut obtenir des résultats. L’objectif est de faire du lait sans augmenter le nombre de vaches. »

Pour motiver l’équipe, Camille a instauré un système de primes basé sur des objectifs techniques, comme la diminution de l’âge au vêlage et la réduction de l’IVV avec des paliers et des montants variables. Annaïg doit également suivre une formation à l’insémination artificielle. « Ce sont des objectifs atteignables et qui concernent toute l’équipe. L’idée est de compléter le salaire par des primes. Pour moi, la reconnaissance est essentielle. C’est ce que je préfère dans le management. »

Pour Camille, ce temps consacré à l’accueil et à l’accompagnement n’est pas du temps perdu. Bien au contraire, « il permet de construire une relation de confiance ».

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