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ACCUEILLIR UN SALARIÉ POUR L'ASSOCIER PROGRESSIVEMENT

Source : Réseau d'élevages Poitou-Charentes et Institut de l'élevage

Dans les exploitations de grande dimension, recruter un salarié en vue de son arrivée ultérieure dans la société est l'une des pistes à explorer.

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LES GAEC RASSEMBLENT LES EXPLOITATIONS laitières les plus importantes, qu'ils soient familiaux parents-enfants ou enfants., ou entre tiers. Le renouvellement des générations est un enjeu majeur pour leur continuité. Leur capacité à accueillir un nouvel associé en est la clé. Alors que les jeunes souhaitent, en majorité, s'installer en individuel, les producteurs en place pourront-ils les rassurer en les considérant comme de véritables associés ou les traiteront-ils comme de simples exécutants ? Faciliteront-ils leur installation face aux montants élevés qu'ils doivent engager ? Du côté du jeune, fera-t-il preuve de suffisamment de souplesse pour s'adapter à l'histoire de la structure existante et décider avec d'autres ? Le nouveau parcours à l'installation sensibilise les futurs associés à la gestion commune de l'exploitation. Certains départements proposent des contrats de pré-installation, ou stages de parrainage, pour tester la capacité des futurs associés à travailler ensemble. Cette mesure n'allège pas le poids financier de la reprise qui pèse sur le jeune.

MÛRIR SON PROJET ET TESTER LES RELATIONS SUR PLUSIEURS ANNÉES

À la demande des producteurs et des coopératives laitières du Poitou-Charentes, le réseau d'élevages régional et l'Institut de l'élevage se sont penchés sur ces questions. Si le projet d'installation n'est pas suffisamment mûri, ils suggèrent le recrutement d'un salarié en vue d'une installation progressive avec participation au résultat de l'entreprise. L'embauche peut même être envisagée quelques années avant le départ à la retraite de l'associé responsable du troupeau laitier. Le transfert de compétences s'effectuera alors en douceur, en particulier dans les troupeaux d'une centaine de vaches et plus. Certes, une telle embauche engendre des coûts supplémentaires. « Mais l'absence de maîtrise de la conduite du troupeau peut générer des pertes de revenu bien supérieures », commente Arnaud Mouillet, de la chambre d'agriculture de la Vienne. Cette piste repose sur la possibilité donnée au salarié de capitaliser une partie du résultat dans la société détenue par ses employeurs. La société peut être une SCEA, une EARL ou une SARL, trois formules sociétaires autorisant l'entrée progressive d'un associé non exploitant dans son capital. « L'instauration d'une prime annuelle d'intéressement sur le revenu peut en être le levier. Plutôt que d'être versée au salarié, elle est capitalisée », avance Arnaud Mouillet.

Dans ce but, du résultat courant sont déduits la rémunération des associés exploitants, celle du capital et l'autofinancement des investissements. Le solde est divisé par le nombre de personnes travaillant sur l'exploitation, à savoir les associés gérants et le salarié.

« Cela n'empêche pas d'intéresser le salarié aux performances techniques de l'exploitation », souligne Benoît Rubin, de l'Institut de l'élevage.

ENCOURAGER LE SALARIÉ À LA PERFORMANCE TECHNIQUE

Pour un salarié responsable du troupeau, il propose une première prime basée sur la qualité sanitaire du lait et une deuxième sur la réduction du coût des concentrés. Elles seront versées chaque mois à partir des résultats de l'année précédente. Cette formule présente plusieurs avantages.

Du côté du salarié, il est encouragé à tout mettre en oeuvre pour décrocher de bonnes performances technico-économiques. La capitalisation réalisée durant plusieurs années (voir l'exemple ci-contre) allège le recours à l'emprunt pour financer l'achat d'une partie des parts sociales. S'il décide ne pas s'installer et de quitter la société, il peut récupérer le montant mis à la disposition de l'exploitation durant quelques années. Ce qui peut être problématique pour la SCEA ou la SARL. « Moins cependant que le départ d'un associé. »

ACCEPTER LA TRANSPARENCE SUR LA RÉMUNÉRATION DES ASSOCIÉS

Du côté des associés exploitants, la capitalisation de la prime d'intéressement limite les dépenses de trésorerie. De plus, lorsque les résultats de l'entreprise sont moins bons, la capitalisation salariale est minorée, voire inexistante. En attendant l'installation, cette partie peut contribuer à l'autofinancement de projets.

« Elle rend également obligatoire la présence du salarié à l'assemblée générale. Il faut donc que les exploitants acceptent la totale transparence sur les résultats économiques de l'exploitation et sur leur rémunération. »

La perception d'une différence de statut entre salarié et associés peut perdurer après l'installation. « Une remise à plat du projet de la nouvelle équipe d'associés doit être organisée », conseille Benoît Rubin. Autre bémol à cette formule : les salariés qui ont la compétence d'un responsable de troupeau cherchent plutôt à s'installer rapidement. Ils n'attendent pas plusieurs années pour réaliser leur projet.

C.H.

Dans les grosses structures, l'embauche d'un salarié quelques années avant le départ de l'associé responsable du troupeau permet un transfert de compétences.

© CHRISTIAN WATIER

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