« FaireFrance offre une source de diversification sans investissement lourd »
En Normandie, trois éleveuses ont choisi d’adhérer à FaireFrance. Un complément de revenu en contrepartie d’animations en magasin qui sont autant d’occasions d’apprécier l’image positive de leur métier auprès du citoyen.
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La marque Le Lait équitable, initialement portée par l’European Milk Board (EMB), existe aujourd’hui dans six pays : la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, le Luxembourg, la Suisse et la France. En France, elle est gérée par la SAS FaireFrance, qui a écoulé l’équivalent de 16 Ml de lait lors de l’exercice 2024, principalement sous forme de briques de lait demi-écrémé. La gamme comprend par ailleurs du lait UHT entier et bio, des briquettes de lait entier chocolaté et de crème liquide. Douze ans après sa création, FaireFrance compte 350 éleveurs adhérents et emploie cinq salariés.
Pour rejoindre la SAS, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée d’au minimum 1 000 € de parts sociales d’engagement, et d’au maximum 5 000 €, associé à dix actions (ou unités de redistribution) par tranche de 1 000 €. À noter que les jeunes installés bénéficient d’un bonus de vingt actions pendant trois ans. Chaque tranche de 1 000 € correspond à une animation à réaliser en GMS, lors de foires ou de portes ouvertes : c’est-à-dire un maximum de cinq animations par an. À cette condition, les membres peuvent prétendre à une rémunération annuelle dont le montant est lié au nombre d’actions et aux résultats de la SAS, selon trois modalités : soit percevoir l’intégralité de la somme, soit n’en prendre que la moitié, soit laisser la totalité dans la SAS au titre d’actions de soutien, pour accroître son capital jusqu’à un plafond de 50 000 €, c’est-à-dire 500 actions.
« Un accueil favorable de la clientèle »
La Normandie représente à elle seule un tiers des membres de FaireFrance, parmi lesquels trois éleveuses, rencontrées à l’occasion d’une animation au magasin Lidl de Carpiquet, près de Caen. Ici, la brique de lait demi-écrémé Le Lait équitable est présente en rayon en demi-palette depuis deux ans. « Les animations reçoivent un accueil favorable des clients, qui ont l’occasion d’échanger directement avec des producteurs », se félicite Alain Leconte, responsable de vente du magasin.
Après avoir récupéré la veille le matériel nécessaire chez Isabelle Rouyer, administratrice régionale, Sixtine Van Laeys et Marie Maurer se donnent rendez-vous à 9 h 30 pour une animation en binôme qui va durer jusqu’à 17 heures, seulement interrompue par une pause déjeuner. Ce jour-là, Marie sollicite toujours le service de remplacement, dans l’attente de l’installation de deux robots de traite programmés au Gaec où elle est associée avec son conjoint. « En général, je commence la traite avec le vacher et me libère plus tôt pour pouvoir commencer l’animation à 9 h 30. Au début, j’étais un peu stressée : ce n’est pas si évident d’aller à la rencontre des consommateurs. Mais, dès que je dis que je suis agricultrice, ça lève les barrières, les gens s’intéressent. Au-delà de l’aspect financier, c’est une occasion de sortir de la ferme, de rencontrer d’autres producteurs et de transmettre une image positive de notre métier. »
« J’étais un peu mal à l’aise au début »
Installée en 2022, Marie a d’abord souscrit 1 000 € de capital. Puis, elle a fait le choix de laisser sa rémunération dans la SAS, pour atteindre 5 000 € de capital, correspondant à cinq animations par an, tandis que son compagnon, Emmanuel, souscrivait ses premières actions. « L’idée était de ne pas prélever de rémunération au moins les trois premières années, pour gonfler mon capital et, à terme, bénéficier d’une sorte de 13e mois, avec un placement sans risque rémunérateur. »
C’est Sixtine, son binôme du jour et belle-sœur, qui a su la motiver. Également installée en 2022 en Gaec, cette dernière a adhéré à FaireFrance la même année, à la suite d’une rencontre au Salon de l’agriculture sur le stand de la SAS, puis du passage d’un administrateur à la ferme. La jeune éleveuse partage le même intérêt pour les contacts à l’extérieur de la ferme avec des collègues producteurs et les consommateurs. « Même si j’étais un peu mal à l’aise au début, concède-t- elle. Je pensais que les agriculteurs avaient une mauvaise image. En fait, sauf quelques cas particuliers, nous sommes au contraire bien perçus. La plupart des gens considèrent que nous sommes courageux, que nous exerçons un beau et difficile métier. »
« Un placement de long terme rémunérateur »
Sixtine a aussi atteint les 5 000 € de capital. Mais, cette année, elle a décidé de prélever une part de sa rémunération, un total de 5 050 € correspondant à ses 50 actions plus 20 en tant que jeune installée. « J’ai décidé d’en percevoir la moitié pour financer des travaux à la maison, précise-t-elle. Je suis étonnée par le niveau de rémunération, pour seulement cinq animations dans l’année. À l’image d’un atelier de diversification, c’est une source de revenu complémentaire, mais sans investissement lourd, ni charges ni travail en plus. Avec 875 000 litres de lait produit sur 140 hectares et l’engraissement de bœufs et de génisses, c’est déjà bien assez ! »
Après seulement trois ans, les jeunes éleveuses ont déjà récupéré plus que leur mise. Un résultat rendu possible par la bonne tenue des ventes. « Il s’agit d’un placement de long terme plus rémunérateur qu’un compte bancaire. Mais c’est avant tout le résultat de plusieurs années de capitalisation et d’animations », souligne Isabelle Rouyer. Éleveuse et administratrice FaireFrance, elle cumule 220 actions (équivalent à plus de 10 000 € de rémunération en 2024). À ce titre, elle démarche les centrales d’achat et les magasins pour faire référencer Le Lait équitable dans les linéaires. « Au-delà de l’aspect financier, cette activité extérieure est importante pour moi, qui ne suis pas issue du milieu agricole. » Pour conforter cette force de vente au service d’un modèle conçu pour démontrer qu’une juste rémunération du lait est possible, FaireFrance cherche aujourd’hui à susciter de nouvelles vocations.
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