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Coopérative de vente de lait Branle-bas de combat à l’ULM pour remettre le prix du lait sur les rails

Ludivine Graftiaux, 33 ans, présidente de l’ULM, entourée de Marcellin Laratte, 31 ans, trésorier, et Joffrey Leclerc, 25 ans, secrétaire du bureau. « L’ULM est et restera indépendante. Mais sur Valorlac, nous sommes ouverts, pour la suite, à des partenariats. » © J.-M. Vocoret.

Réorganisation. Pour relever le défi, le nouveau conseil d’administration de l’ULM doit réformer son site de prétraitement. Entre autres.

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Un prix de base de 320,25 € en 2020 pour du lait non OGM, une année 2021 qui démarre sur la même note, un directeur arrivé il y a deux ans qui ne reviendra pas, trois présidents en huit mois… l’Union laitière de la Meuse vit des moments difficiles.

Au cœur du mal, il y a son outil industriel Valorlac (à Bras-sur-Meuse) de prétraitement du lait, où est effectué du cracking. Créé en 2010 (2014 pour la beurrerie) dans le but de sécuriser ses débouchés et d’être moins dépendant de ses six acheteurs historiques de lait cru, il apparaissait comme un investissement pertinent. Il s’inscrivait aussi dans le contexte de fin des quotas et la volonté de favoriser le développement des producteurs, aux yeux de l’ULM une nécessité pour maintenir le lait dans ce secteur de polyculture-élevage. « L’erreur a été d’entamer une seconde tranche de travaux, en 2016, afin de doubler sa capacité et l’amener à plus de 200 Ml (250 Ml au maximum). Cela alors que les process n’étaient pas totalement maîtrisés », souligne Ludivine Graftiaux­, présidente de la coopérative depuis huit mois. Un agrandissement pensé également pour travailler le lait de sa consœur Laitnaa. Ce partenariat ayant finalement tourné court, les Meusiens auraient, avec le recul, été bien inspirés de réviser leurs ambitions.

Des ingrédients à la merci du marché Spot

Pour les sociétaires ULM, les difficultés se sont manifestées en 2020 avec le décrochage du prix du lait (- 17 €/1 000 l selon notre observatoire). Elles s’expliquent par la fin de plusieurs contrats en lait cru sur 2019 (Nestlé, Granarolo…). Autant de lait réaffecté à Valorlac, l’ULM ayant décidé de limiter ses ventes de lait cru en Spot, afin notamment d’amortir les coûts fixes de l’outil. En 2019, 185 Ml y avaient été traités, 208 Ml en 2020, volume gonflé, de plus, par la crise du Covid-19 (touchant ses laits AOP), avec derrière un souci majeur de valorisation de la protéine (lait écrémé, rétentat, perméat…) voire de marché, comme avec le rétentat 85. Résultat : c’est sur le Spot et à vil prix – chute des cotations liée au Covid-19 oblige –, qu’une bonne partie des ingrédients sortis de Valorlac a été vendue. Ce n’est pas pour rien que l’ULM a contraint ses sociétaires, au printemps 2020, à freiner leurs livraisons. En mars, le débouché Spot a représenté 18 % du lait collecté (dont 6 % liés à l’accroissement des livraisons, 12 % de l’absence de marché)… Du jamais vu.

C’est, on l’a compris, un vrai défi auquel la nouvelle équipe aux commandes de l’ULM s’est attelée. Avant de décider de la suite à donner à la stratégie de Valorlac, son urgence – et son ambition pour cette année – est de recoller au prix France­AgriMer.

En 2020, avec un prix moyen payé de 346 € (TPQC), il manquait plus de 8 €. L’objectif, toutefois, paraît à leur portée. L’audit technique de Valorlac achevé en 2020 fait émerger des pistes rapides d’optimisation. « D’après le nouveau responsable d’exploitation du site, 2 M€, au bas mot, sont à aller chercher, soit 5 €/1 000 l sur toute la collecte », note Joffrey Leclerc, secrétaire du bureau, en charge de Valorlac. L’un de ces leviers est le contrôle et la réduction des pertes matières des installations de microfiltration, prématurément encrassées du fait d’une qualité et quantité insuffisantes de l’eau. Le raccordement sur le réseau d’eau potable du Grand Verdun et la perspective d’un nouveau forage devraient résoudre ce problème.

Se doter d’un service commercial adapté

Au-delà de l’optimisation technique du site de Valorlac, le nouveau conseil travaille à remettre les 100 salariés de l’ULM en ordre de bataille. En soutien, une direction de transition composée d’une DG, un DAF et une DRH (à temps partiel, limitation des coûts oblige) est à l’œuvre depuis mi-février, pour six mois. Réorganisation et management des équipes sont au programme. Se doter d’un service commercial à la hauteur des 25 clients actuels est aussi une priorité. Recontractualiser le maximum de volumes en dépotage lait cru et en produits prétransformés, afin de booster la valorisation, est à ce prix.

« Sur 2020, le manque à gagner entre les laits sous contrats et vendus en Spot se chiffre à 7 €/1 000 l, sur nos 380 Ml. On entend le réduire de moitié », précise Marcellin Laratte, trésorier. Un contrat sur 15 Ml de lait écrémé a été signé avec Serval… Un premier pas. D’autres prises de contact sont en cours. Une fois la locomotive ULM remise en route, le conseil aura un autre cap à franchir : décider de la suite stratégique à donner à Valorlac. Avec ou sans partenaire.

Jean-Michel Vocoret

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