L’huile de palme est à manier avec précaution
L’huile de palme offre une solution à ceux qui veulent doper la production par vache. Mais elle n’est pas toujours adaptée et il existe des alternatives. Pour en tirer un bénéfice, il faut piloter précisément la ration.
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L’huile de palme semble être à la mode sur le terrain, alors que bien des éleveurs cherchent à produire davantage pour profiter d’un prix du lait encore attractif. « Ce produit peut être économiquement intéressant pour gagner de 2 à 3 kg de lait chez des troupeaux à 35-38 kg dont les rations manquent d’UFL pour aller plus loin », résume Quentin Douinot, consultant en nutrition et robot chez Eilyps. Mais l’huile de palme est décriée, car souvent issue de la déforestation. Son utilisation en élevage pourrait pénaliser l’image de la filière laitière. Sur le plan nutritionnel, il faut revenir aux fondamentaux pour évaluer son intérêt. Quentin Douinot rappelle que les nutriments utilisés pour la synthèse lactée proviennent d’abord du rumen. Une vache ne peut augmenter sa production que si son rumen fonctionne bien. Cela explique les échecs subis par certains éleveurs qui n’obtiennent pas le lait attendu lorsqu’ils ajoutent des matières grasses. Ensuite, les ingrédients du lait proviennent aussi de l’intestin. Ils sont issus des protéines by-pass, par exemple, ou encore des acides aminés ou des matières grasses. L’huile de palme entre dans cette catégorie. Il faut savoir aussi que la matière grasse totale ne doit jamais représenter plus de 5 % de la ration. Sinon, le rumen ne fonctionne plus et la ration devient toxique pour les animaux.
Pour savoir comment augmenter la production d’une vache déjà productive, Quentin Douinot se fie non seulement à son logiciel de rationnement, mais aussi aux analyses de composition du lait en acides gras. Il en existe de plusieurs types, plus ou moins longs, et il faut respecter un équilibre entre eux. Un bon profil en acides gras permet de maintenir le TB. Ces acides gras peuvent provenir de la mobilisation des réserves ou de l’alimentation.
Pas plus de 280 g d’amidon par kilo de MS
Mais, avant de chercher à augmenter les UFL en ajoutant des matières grasses, il faut vérifier les teneurs en MAT et en amidon de la ration. Le seuil de 280 g d’amidon total par kilo de MS, 200 g en amidon ruminal, ne doit pas être dépassé pour ne pas entrer en acidose. « Dans les troupeaux en subacidose, l’ajout d’huile de palme va fortement dégrader le fonctionnement du rumen », alerte le nutritionniste. Lorsque la teneur en amidon de la ration est en dessous de 280 g, on peut ajouter de l’énergie sous cette forme (maïs grain, par exemple), à condition que le niveau d’ingestion le permette. Ce qui est difficile si les vaches ingèrent déjà un gros volume de ration. L’ajout de matière grasse prend donc son intérêt pour des vaches hautes productrices dont la ration est au plafond en amidon et en encombrement. Ces produits ne prennent pas de place. Il en existe plusieurs. Les huiles de lin et de colza apportent des UFL mais ont des profils en acides gras qui peuvent dégrader le TB.
En effet, elles sont riches en acides gras poly-insaturés qui perturbent la bio-hydrogénation. Elles sont donc assez difficiles à utiliser seules. L’huile de palme fractionnée présente un profil en acides gras plus favorable. Elle fournit 3,5 à 4 UFL/kg. En distribuant 250 g/vache/jour, on augmente théoriquement la production de lait de 1 kg/jour. « En réalité pour des vaches à 38 kg, on est plutôt à 2 ou 3 kg, avec un TB égal ou amélioré. C’est moins si les vaches sont à 30 kg de lait, constate Quentin Douinot. Ces logiciels évaluent assez mal les matières grasses. » Pour obtenir ce lait en plus, il est essentiel que la ration comprenne suffisamment de protéines de manière à permettre une bonne assimilation de la matière grasse. Faute de quoi, il faut en ajouter.
Favoriser la reprise d’état
Cette complémentation en huile de palme permet aussi aux vaches de se maintenir en état : elles mobilisent moins leurs réserves, ce qui favorise la reproduction. D’ailleurs, l’huile de palme peut aussi être utilisée ponctuellement pour faciliter la reprise d’état. Les exemples ci-contre illustrent le raisonnement à adopter. Quentin Douinot précise qu’ils correspondent à des situations où les vaches ingèrent la ration à 100 %. Or, en novembre, beaucoup n’étaient qu’à 90 % du fait des transitions alimentaires et de la FCO. En avançant dans l’hiver, le maïs va fermenter et l’amidon sera plus disponible. Il faut en tenir compte. En pratique, l’huile de palme se présente sous forme de petites billes solides blanches intégrées à l’aliment, ce qui peut perturber la granulation. Quand la ration ne permet pas de bien les valoriser, on les retrouve dans les bouses. Quant au prix de ce produit, il est assez fluctuant, entre 2 000 et 3 000 €/t en fonction de l’offre et de la demande.
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