Gros nombril : il ne faut pas se fier aux apparences !
Vigilance. Un nombril normal peut masquer un problème que seule l’échographie révélera.
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Le nombril est indispensable pendant la gestation car il permet les échanges entre la mère et le veau. Il se compose d’une veine ombilicale reliée au foie de l’embryon et de deux artères ombilicales rattachées à la vessie. Après la naissance, le cordon sèche et tombe en 8 à 10 jours, la veine et les deux artères régressent. Il peut arriver que le nombril persiste plus longtemps : présence d’une hernie, urine émise par le nombril ou infection décelée. Trois points sont essentiels pour limiter le risque d’apparition de problèmes lors de la cicatrisation : une désinfection quotidienne jusqu’à assèchement, une bonne prise colostrale et une hygiène maximale du lieu de vêlage et du logement du veau.
L’infection du nombril se soigne en général très bien avec un traitement antibiotique adapté, mais il arrive que les gros nombrils prennent des formes plus insidieuses…
Début mai 2022, dans la campagne costarmoricaine, un éleveur au comptoir nous donne des nouvelles d’une de ses génisses âgée de 2 mois. Trois semaines avant, nous avons percé et nettoyé l’abcès qu’elle avait au niveau du nombril. « La génisse va très bien, le nombril est complètement normal, mais elle pisse de manière bizarre… » Nous convenons donc d’y jeter un coup d’œil lors de notre prochaine visite. L’auscultation révèle un nombril normal mais la génisse se tient courbée, urine par petite quantité, et nous sentons une masse de la taille d’un ballon de handball dans l’abdomen. La vessie serait-elle devenue aussi grosse avec la difficulté à uriner ?
Nous examinons également une génisse de 3 mois, traitée pour un gros nombril un mois auparavant. Elle est en pleine forme grâce au traitement à base de benzylpénicilline, dyhydrostreptomycine et prednisolone prescrit pendant sept jours (Histacline ND), mais l’éleveuse a remarqué qu’un petit peu de pus continue de couler du nombril. Au toucher, nous ne sentons pas vraiment de gros nombril et constatons, en effet, un léger écoulement purulent.
L’échographie est l’examen le plus adapté pour l’observer. Elle permet de visualiser son aspect, mais aussi les trajets du cordon vers le foie et des deux artères en direction de la vessie. On peut repérer l’infection du ou des cordons, sa localisation et sa gravité.
L’échographie permet de préparer la chirurgie
Chez la première génisse, la masse est en réalité un énorme abcès ! En concertation avec l’éleveur, nous programmons une chirurgie pour le retirer. Un traitement antibiotique serait en effet inutile pour un abcès de cette envergure.
Dans le second cas, nous visualisons un gros cordon qui semble se prolonger vers la vessie, avec écoulement de pus. Une chirurgie est décidée. Compte tenu de la localisation et de la taille des abcès, nous décidons d’opérer à deux vétérinaires. Les interventions sont difficiles mais se déroulent bien. Nous retirons l’abcès de la première génisse et découvrons, une fois à l’intérieur, deux cordons infectés, allant vers la vessie. Nous les enlevons également. La deuxième génisse présente un gros cordon infecté, dirigé vers la vessie, et deux abcès se sont formés sur son trajet. Nous procédons à l’ablation de l’ensemble. Dès le lendemain, les deux génisses se portent bien et quelques jours plus tard, notre première génisse urine à nouveau normalement.
En conclusion, les gros nombrils sont le plus souvent observés à l’œil ou après palpation, et un traitement antibiotique suffit à les guérir.
Il arrive cependant, dans certains cas, que le problème soit caché.
Les intérêts de l’échographie sont alors multiples : grâce à elle, on peut confirmer le diagnostic, visualiser l’étendue des dégâts et fournir aux éleveurs un pronostic, afin de décider en connaissance de cause d’opérer ou non. Elle permet au vétérinaire de ne pas ouvrir à l’aveuglette : une chirurgie mieux préparée est toujours mieux exécutée !
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