Boiteries : gare au diagnostic hâtif
Panaris. C’est le diagnostic que l’on pose spontanément lorsqu’une vache boite. Il faut se méfier de ses premières impressions.
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Quand une vache boite, on a tendance à penser à un panaris. Mais les apparences peuvent être trompeuses. Il faut déterminer à quel type de pathologie du pied nous avons affaire. C’est le cas de cet éleveur mayennais qui, pendant la période hivernale, fait face à un certain nombre de vaches avec des symptômes de boiterie. Il y a deux mois, il me présente une laitière qui, depuis le matin même et de façon brutale, boite en posant difficilement le pied. Au premier abord, il pense à un panaris car les deux onglons sont gonflés. Une observation faite il y a quarante-huit heures, qui l’a incité à injecter un antibiotique à longue action et un anti-inflammatoire. Depuis, l’état du pied est stationnaire. Il n’est pas en voie de guérison.
Est-ce bien un panaris ?
L’éleveur ne donne pas d’importance au fait que la vache n’a pas de bons aplombs. Il se souvient qu’elle a boité une fois les semaines précédentes. Lors d’une visite de troupeau, il me demande de jeter un coup d’œil à sa patte.
Reprenons les choses depuis le début, en interrogeant l’éleveur sur l’historique de la survenue de cette boiterie. Qu’avez-vous fait il y a quelques semaines lorsque la vache boitait ? « Rien, elle a guéri au bout de deux jours. » Avez-vous pris la température il y a quarante-huit heures ? « Non, elle boitait mais elle avait encore de l’appétit. » Nous y voilà ! Cette vache ne souffre pas d’un panaris, même si les symptômes semblent y faire penser. Il faut impérativement lui lever le pied afin de constater l’ampleur des lésions, poser un véritable diagnostic et envisager une conduite thérapeutique adaptée. C’est ce que nous avons fait.
Le diagnosticNous avons découvert un épaississement anormal de la corne sous le sabot. Une fois celle-ci éliminée, un abcès au talon est mis en évidence, qu’il a fallu débrider. Nous avons posé une talonnette sous le sabot sain, afin de permettre une cicatrisation de la zone endommagée.
Conduite thérapeutique : quatre règles à observer
Cet exemple montre la conduite thérapeutique à tenir.
Gonflement symétrique des onglons d’apparition brutale, avec température supérieure à 39°C (il faut toujours avoir un thermomètre dans sa poche à côté de son portable). Il s’agit vraisemblablement d’un panaris. Le traitement à mettre en place associera un antibiotique et un anti-inflammatoire. Les huiles essentielles ou un remède homéopathique peuvent être utilisés si ces méthodes sont maîtrisées ou sur les conseils de son vétérinaire. Quelle que soit la thérapeutique utilisée, il faut observer une nette amélioration en quarante-huit heures…
En cas de récidive, lever la patte
Première situation : une boiterie est observée sur une vache ayant déjà boité les semaines précédentes. Éventuellement, elle a maigri, elle se déplace moins et mange moins tout en produisant autant de lait.
Deuxième situation : on a déjà observé des défauts d’aplombs, avec un membre qui est positionné sur le côté comme pour limiter le contact au sol d’une zone douloureuse.
Troisième situation : nous avons repéré une prolifération de la corne ou une pousse excessive de l’onglon.
Dans ces trois cas, il est urgent de lever le pied avant d’envisager un traitement.
Interventions rapides. Plus on intervient tardivement, plus les lésions seront graves et plus le temps nécessaire à l’animal pour guérir sera long. Autre conséquence : il faudra intervenir en levant le pied pour réaliser soit des soins locaux, soit du parage thérapeutique en plusieurs étapes, soit faire et renouveler des pansements.
Contention indispensable Dans un élevage, il est nécessaire de prévoir un moyen sécurisé pour pouvoir lever les pieds des animaux le plus rapidement possible. Le traitement d’une boiterie est une urgence et ne peut souffrir d’aucun report au lendemain.
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