Compta gestion L’indispensable budget prévisionnel de trésorerie

Un budget prévisionnel de trésorerie, pour quoi faire ? Les exploitations laitières ont pu s’en passer pendant de longues années, grâce à une répartition très régulière de leurs recettes et leurs dépenses. Mais depuis le renforcement des aides perçues en fin d’année, la baisse des prix des ventes, la volatilité des prix des intrants souvent achetés en volumes de plus en plus gros, la trésorerie est devenue beaucoup moins régulière.

Mois par mois, l’évolution de la trésorerie enregistre d’importantes fluctuations liées à des dépenses instantanées importantes (remboursements d’emprunts annuels ou trimestriels, variations de prix, achats en morte saison pour bénéficier de prix plus avantageux, avances aux cultures au printemps, contrat d’aliment…) mais également à des recettes d’exploitation versées annuellement (DPU en fin d’année, ristournes diverses…). Le budget prévisionnel des encaissements (recettes) et des décaissements (sorties de trésorerie) permet de mieux anticiper ces différences mensuelles.

Connaître l’épaisseur du matelas

Ce simple tableur permet de planifier les sorties d’argent, de prévoir des étalements de factures ou des délais de paiement avec les fournisseurs, de négocier des prêts à court terme avec son banquier, et d’éviter autant que possible les pénalités de retard à taux élevé.

Comme toute prévision, le réalisé ne suivra pas rigoureusement le prévu. Ce n’est pas grave : son rôle consiste avant tout à vous renseigner sur l’évolution de l’épaisseur du matelas (ou du trou) au cours de l’année, donc d’anticiper vos besoins en apport extérieur de trésorerie ou vos possibilités de placement temporaire. La prévision de trésorerie pourra être remise à jour plusieurs fois dans l’année si le besoin s’en fait sentir, pour prendre en compte les mois déjà réalisés et les tendances qui se précisent au cours du temps.

Comment construire un budget prévisionnel de trésorerie ?

• Préciser le niveau de la trésorerie existante au point de départ

• Définir mensuellement les recettes et les dépenses de l’exercice à venir, en s’aidant des  mouvements de l’année précédente et de l’actualité des cours.

• Définir les dates d’achat, de vente et de facturation

Exemple de budget prévisionnel de trésorerie :

Bien l'utiliser

• Déterminer les périodes et le montant des besoins en trésorerie.

• Réduire autant que possible les déficits de trésorerie qui génèrent des frais financiers. Selon la situation et le niveau d’endettement différentes solutions sont envisageables pour passer ce cap :

     - rééchelonnement des emprunts, reports d’échéances, ouvertures de crédit renégociées ;

    - court terme bancaire, reprise d’autofinancement par du financement bancaire, demande d’avance sur les DPU, etc…

• Certaines charges peuvent également être annualisées ou au contraire saisonnalisées : assurances, frais comptables, remboursements d’emprunts futurs (voire anciens), fermages
• Déterminer l’utilisation des excédents pour résorber les encours « court terme » ou pour optimiser des achats

Gérer sa trésorerie à moyen et long terme

Pour ne pas mettre en difficulté la trésorerie à court terme de l’exploitation, il convient de :

1. Raisonner au préalable chaque investissement dans sa globalité (tenir compte du coût d’entretien, des frais d’assurances, du coût de l’annuité...)  Lorsqu’il s’agit d’un achat de matériel, regarder l’intérêt par rapport à une externalisation vers l’ETA ou la CUMA.
   
   
2. Déterminer le seuil maximum d’annuités que l’exploitation peut supporter dans le cadre d’une conjoncture normale.
   
   
3. Déterminer le montant et la durée des échéances les plus adaptés avec son conseiller de gestion et son banquier.
   
   
4. Etablir des projets d’investissements en parallèle des remboursements des anciens prêts sur une période d’au moins 5 ans.

Attention à l’excès d’autofinancement qui peut pénaliser la trésorerie et diminuer la capacité d’autofinancement.

Un pouvoir magique pour séduire vos interlocuteurs !

Gérer une trésorerie d’exploitation par planification et anticipation offre davantage de lisibilité dans une conjoncture agricole changeante. Une bonne stratégie de financement à moyen et long terme permettra de garantir une réserve financière nécessaire pour faire face aux aléas économiques, de même que le placement temporaire d’éventuels d’excédents de trésorerie en comptes rémunérés disponibles à tout moment.

Et n’oubliez pas le pouvoir magique du budget de trésorerie : il impressionne toujours favorablement votre interlocuteur, banquier en tête !