L’Alsace mesure l’effet du réchauffement climatique sur la production des vaches
Dans le cadre du projet transfrontalier Klimaco, l’Alsace a mesuré les THI à l’intérieur et à l’extérieur de 16 stabulations laitières. Les résultats croisés avec la performance des vaches prédisent le niveau de baisse de production à l’horizon 2050.
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Durant les étés 2021 et 2022, dans seize élevages laitiers d’un côté et de l’autre du Rhin, ont été comparés les THI à l’intérieur et à l’extérieur de leur stabulation laitière. Pour rappel, le THI ou Temperature Humidity Index alerte sur le niveau de stress thermique de la vache laitière. À 68 de THI, on considère qu’elle est en stress léger, à 78 en stress marqué. « Ils étaient dix élevages allemands et six français », précise Mathilde Aresi, chargée de mission au service élevage de la chambre d’agriculture d’Alsace. « Dans le cadre du projet Klimako, qui s’est déroulé de 2021 à la mi-2023, l’objectif était d’évaluer le stress thermique des laitières en lien avec leur bâtiment. » Le projet transfrontalier concerne la région du Rhin supérieur, c’est-à-dire l’Alsace, le Bade-Wurtemberg et le nord de la Suisse, réputés pour leurs fortes chaleurs l’été.
Les ventilations naturelle et mécanique couplées efficaces
Des capteurs de température et d’humidité ont été installés dans les bâtiments pour calculer le THI intérieur. Il a été comparé au THI extérieur obtenu à partir de données météorologiques locales. Leur comparaison n’est pas à l’avantage des bâtiments laitiers.« Ils aggravent le THI intérieur l’été, dit-elle. Celui-ci est en moyenne de 3 points supérieur au THI extérieur. » Dans ce contexte, la ventilation mécanique tire son épingle du jeu puisqu’elle abaisse le THI intérieur. « Mais c’est le couple bâtiments partiellement ou complètement ouverts et ventilation mécanique qui est le plus efficace. Le THI intérieur est de 8 points inférieur au THI extérieur. » Bizarrement, la présence de brumisateurs ou de plaques translucides dans les toitures n’a pas montré d’effet positif ou négatif. « Cela n’empêche pas de déconseiller ces derniers. Des études prouvent une augmentation du stress thermique des vaches en présence de translucides », dit Mathilde Aresi. De même, l’Institut de l’élevage déconseille la brumisation dans les bâtiments laitiers. « Elle est complexe à gérer puisqu’il est difficile de refroidir l’ensemble de l’air qui rentre dedans », avance Bertrand Fagoo, spécialiste bâtiments à l’Institut de l’élevage. Il préfère le douchage et le séchage par la ventilation mécanique (dans « L’Éleveur laitier » du numéro de juillet 2024, page 58).
-1,4 kg corrigé par vache à 76 de THI
Le projet Klimaco ne s’est pas contenté de mesurer les THI dans les 16 élevages. Il les a croisés d’une part avec les performances des vaches enregistrées par les contrôles laitiers, d’autre part avec la composition de leur lait obtenue par analyse spectrale.Sans surprise, la production laitière et les taux baissent lorsque le THI augmente. « Mais les taux protéiques résistent mieux que les taux butyreux », pointe Mathilde Aresi. Les données collectées ont permis de créer un modèle statistique de prédiction de la production laitière du Rhin supérieur à l’horizon 2050. « En l’appliquant à des scénarios de projection climatique, on peut estimer son évolution. » Ainsi, si le THI augmentait à 76 en 2050 contre en moyenne 71 actuellement en été, la production baisserait de 1,4 kg corrigé/vache/jour, de 0,9 g/kg de TB et de 0,6 g/kg de TP. « Ce THI de 76 correspond à 29 °C de température et à 40 % d’humidité pour une hypothèse de hausse de température de 4 °C du Giec, c’est-à-dire sans politique de protection climatique. » On croise les doigts pour ne pas en arriver là.
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