Donner une seconde vie aux sols devenus glissants
Après un rainurage initial, la scarification est une option à moindre coût pour redonner de l’adhérence à des bétons usés par le temps. Sa mise en œuvre requiert quelques précautions d’usage.
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Le rainurage comme la scarification des bétons en stabulation sont des interventions visant à rendre le sol antidérapant, pour prévenir les glissades qui restent une cause de réforme sous-estimée.
Cette intervention consiste à trouver le bon compromis entre l’adhérence nécessaire des aires d’exercice et une rugosité excessive pour les pieds des vaches à l’origine de lésions traumatiques et de boiteries sévères.
Ne pas intervenir sur béton frais
Pour rappel, le rainurage est recommandé après la mise en service d’un bâtiment sur des bétons séchés à cœur. Le chantier est réalisé avec un outil à rotor équipé de molettes avec des pointes en carbure de tungstène, qui viennent marteler le béton pour y creuser des sillons de 10 à 13 mm de profondeur, pour 18 mm de largeur. Si le béton n’est pas assez sec, il aura tendance à éclater. De même, le rainurage « maison » sur des bétons frais est très difficile à réaliser. « Si le béton est trop frais au passage de l’outil (fourche ou autre), les rainures vont se reboucher au fur et à mesure. S’il a déjà trop tiré, le volume de béton déplacé va créer des vagues à la surface, prévient Mathieu Vermot, gérant de la société éponyme spécialisée dans le traitement des bétons. Or, pour bloquer le pied des vaches, il est nécessaire d’obtenir des rainures avec un angle net. »
Selon la qualité de la dalle, un délai de six mois à un an est nécessaire après le coulage du béton. Un rainurage moins profond, par sciage avec des disques diamants, permet d’intervenir dès trois à quatre semaines. Le coût du chantier est plus élevé, et la technique moins efficace dans un environnement séchant où les bouses vont avoir tendance à combler les rainures. « Dans l’attente du rainurage, la finition balayée, avec un simple balai de chantier sur un béton frais avant durcissement complet, est une technique économe pouvant être réalisée par l’éleveur. Mais, dans tous les cas, il faut proscrire la finition des bétons frais à l’hélicoptère », poursuit Mathieu Vermot.
Le rainurage peut ainsi assurer son rôle antidérapant pendant dix ans, voire davantage. Puis, avec le temps, l’angle des arêtes s’arrondit et perd en efficacité, même si les sillons sont visuellement toujours présents. Le raclage avec le tracteur et le godet accélère ce phénomène, comparativement à un racleur à corde, lui-même plus agressif que les aspirateurs à lisier.
Une efficacité antidérapante de cinq ans
La scarification est une intervention qui va alors redonner de la rugosité aux bétons. C’est une option moins coûteuse que les tapis de sol : l’entreprise Vermot annonce un coût de chantier dégressif selon la surface, de 3 à 7 €/m², à mettre en balance avec la perte d’une vache ou l’investissement dans un tapis pouvant s’élever à 80 €/m² et plus. Le chantier est réalisé avec le même outil, dont les molettes ont été resserrées. Là où le rainurage crée des points d’appui à intervalle régulier, la scarification supprime toute la partie lisse sur 3 à 5 mm. Ce travail plus superficiel permet de renouveler le chantier deux ou trois fois, avec une efficacité antidérapante de cinq ans, sept ans au maximum, voire seulement trois ans avec un raclage au godet. « La scarification a une durée de vie moins longue, ce qui explique que l’on mise dans un premier temps sur le rainurage, souligne Mathieu Vermot. Elle peut néanmoins être une option dès la mise en service de la stabulation pour déglacer en surface un béton trop lisse. »
Pas de parage un mois avant et après le chantier
Afin de prévenir les conséquences d’un sol rendu trop abrasif par la scarification, Mathieu Vermot préconise de ne pas parer au moins un mois avant et après le chantier, « sauf en cas de soins curatifs, bien sûr, en faisant en sorte de ne pas enlever trop de corne ». Si la surface s’avère trop abrasive pour l’intégrité des pieds des vaches, une reprise plus fine du chantier doit être programmée. On sera plus vigilant sur ce phénomène lorsque, par exemple, la dalle est conçue avec des agrégats de granite, plus agressifs que des agrégats calcaires. « Dans ce cas, il y a souvent d’autres problèmes qui viennent se greffer et expliquer une dégradation de la santé des pieds : logettes inconfortables, déséquilibre alimentaire… », avertit le spécialiste. À l’issue du chantier un nettoyage rigoureux est nécessaire, pour bien évacuer les petits graviers et éclats de béton. Le pH alcalin du béton, remis à jour par la scarification, est favorable au développement de bactéries impliquées dans les pathologies du pied. Il devra être neutralisé avec un acide, par exemple un vinaigre blanc dilué à 8-10 % : prévoir 5 litres de vinaigre avant dilution pour 100 m².
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