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« Des trappes amovibles pour plus d’air l’été sur l’aire paillée »

Yannick et Christian Gautier ont fabriqué quatre trappes amovibles pour améliorer la ventilation naturelle l’été. Elles sont faciles à réaliser et ne bouleversent pas la structure du bâtiment.

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Qui aurait cru, il y a dix ans, que la Bretagne s’inquiéterait de la période estivale ? Son parc de bâtiments laitiers est pensé principalement pour l’hiver. Il protège l’intérieur de la pluie. Sa ventilation est conçue pour éliminer l’humidité. Désireux de valoriser le bois local, l’élevage laitier breton a fait le choix, il y a vingt ans, du bardage bois à claire-voie, ce qui donne des bâtiments moins bien éclairés. Des plaques translucides dans la toiture remédient à ce problème.

Les fortes chaleurs des trois derniers étés perturbent cette conception. Les vaches sont exposées au rayonnement solaire. Elles ressentent quelques degrés de température en plus, ce qui, en période de canicule, accroît leur stress thermique. La ventilation naturelle n’est plus tout à faità la hauteur pour rafraîchir les vaches et évacuer leur chaleur. « Les troupeaux ont beaucoup évolué en vingt ans, ajoute Yvonnick Dando, conseiller au GDS de Bretagne. Le niveau de production des vaches a augmenté. Or, plus elles produisent, plus elles dégagent de la chaleur. » La Bretagne, comme les autres régions de l’ouest et du nord de la France, cherche à améliorer la ventilation naturelle estivale, à des coûts raisonnables. Sans dégrader la ventilation hivernale. En lien avec la chambre d’agriculture ou le GDS départemental, l’Institut de l’élevage a conseillé et suivi, l’été dernier, deux aménagements de bardage bois. Dans le Pas-de-Calais, Michel Lavoisier en a créé un amovible de 66 mètres pour maximiser l’ouverture de la stabulation laitière l’été et la fermer aux vents froids l’hiver.

Dans le Morbihan, le Gaec Gautier a fabriqué, en mai 2019, quatre trappes de 4 mètres de large sur 1 mètre de haut, sur le long-pan exposé ouest de son bâtiment. « Il héberge le même nombre de vaches qu’il y a quarante ans mais leur niveau laitier a plus que doublé », soulignent Yannick et Christian Gautier. Leurs parents ont construit l’aire paillée, avec des translucides dans la toiture, en 1976, pour 60 vaches. Elles se nourrissaient à l’auge sur une aire d’exercice extérieure. En 1994, les deux frères l’ont couverte et ont ajouté des cornadis, mais en conservant le long-pan à l’est ouvert. La stabulation continuait de loger 60 vaches à 6 000 litres. Elles sont toujours 60, sauf qu’elles sont à 11 000 litres. « Nous avons mis en route un robot de traite il y a un an. Cela ne s’accompagne pas d’un temps passé plus important dans le bâtiment, précisent-ils. Elles pâturent 3,5 ha contre 7 ha avant le robot. »

Un tiers de l’aire paillée est mal fréquenté

À l’occasion d’un diagnostic électrique d’Yvonnick Dando en vue de l’installation du robot, les associés évoquent le comportement de leurs vaches durant les étés chauds de 2017 et 2018 : « Elles se couchaient dans le couloir d’alimentation pour rechercher la fraîcheur de cette partie semi-ouverte. » Ils notent aussi que, côté pignon sud, un tiers de l’aire paillée n’est pas bien fréquenté. Mesures faites, le conseiller confirme des entrées et sorties d’air cohérentes avec le nombre d’animaux présents. « En revanche, les entrées d’air du long-pan ouest n’étaient pas efficaces. La rangée de sapins à 10 mètres en parallèle du long-pan avait un effet brise-vent qui diminuait l’action de la claire-voie. » C’est qu’avec les années, la haie s’est épaissie et a gagné en hauteur.

Yvonnick Dando constate également que le pignon sud, totalement fermé par des tôles et par deux portes pleines, empêche l’air de traverser l’aire paillée de façon régulière et homogène. Les résultats cellulaires ne pâtissent­ pas de cette ventilation qui n’est pas à son optimum. Pour éviter l’accumulation de l’humidité, Yannick et Christian curent quotidiennement l’aire.

Les trappes s’ajoutent à deux corrections

Malgré les améliorations apportées en 2019, ils préfèrent maintenir cette pratique pour sécuriser la qualité sanitaire.

Deux décisions sont prises au printemps 2019. La première : couper la rangée de sapins, et même celle de chênes qui est perpendiculaire et en contrebas de la stabulation. La deuxième : remplacer les tôles du pignon sud par un bardage à claire-voie et par deux portails enrouleurs à filet (4 000 € chacun). « En avril dernier, en une demi-journée, nous avons fait le bardage bois… pour un coût d’à peine 100 €. Yvonnick nous avait conseillé­ d’enlever toutes les tôles. Pour faciliter la pose des deux portails, nous avons préféré garder la partie au-dessus jusqu’à la toiture. » Les deux corrections optimisent le ­fonctionnement­ du bâtiment et améliorent le confort des animaux, mais le Gaec et le GDS poussent la démarche plus loin. Ils intègrent le confort supplémentaire nécessaire désormais, l’été, en Bretagne pour aider les animaux à résister aux épisodes caniculaires. Les trappes amovibles poursuivent ce but, et deux autres : accentuer l’entrée d’air du long-pan sans bouleverser la structure de la stabulation et réussir une évolution peu coûteuse, facile à réaliser. « L’Institut de l’élevage a fourni le plan des trappes. Nous les avons fabriquées tous les deux en un après-midi. » Elles sont conçues pour diriger l’air sur le dos des vaches et se concrétisent par quatre trappes de 4 mètres de large et de 1 m de haut, à 1,70 m du sol.

« Idele nous conseillait des trappes de 2 mètres de large et de haut. Nous avons préféré une trappe par travée. » Le Gaec a percé les ouvertures à la tronçonneuse. Il a récupéré les planches du bardage qu’il a fixées sur un cadre de bastaings. Comme les charnières et les targettes de fermeture extérieure, ils ont été achetés. Coût global : 100 € par trappe.

Un plus grand angle d’ouverture l’été prochain

Le mois suivant, en juillet, l’Institut de l’élevage a évalué l’efficacité de l’aménagement. Il a réalisé tous les deux mètres dans le bâtiment des mesures de températures, de vitesses et d’humidité relative de l’air, et de rayonnement. Le jour de la visite, la température ambiante dans le bâtiment est en moyenne de 32 °C. Le HLI – index qui exprime l’inconfort thermique ressenti par la vache – est élevé. Le long des trappes ouvertes, les laitières sont en stress modéré ou stress élevé, côté cornadis en stress élevé. Les vitesses d’air au niveau des trappes sont très faibles faute de vent, ce qui est souvent le cas les jours chauds. Les translucides dans la toiture au-dessus du couchage participent aussi au stress. « Ces résultats peuvent paraître décevants mais sans les trappes, toute l’aire paillée aurait été classée zone de stress sévère », estime Yvonnick Dando.

L’Institut de l’élevage suggère deux améliorations pour l’été prochain. D’une part, optimiser la circulation de l’air en ouvrant les trappes d’un angle de 60° contre 40° l’été dernier. D’autre part, réduire l’humidité dans le couloir d’alimentation en raclant plus que les six fois par jour actuelles. Les trappes amovibles sont fermées depuis le mois d’octobre. Malgré un mois de novembre très pluvieux, Yannick et Christian n’ont pas constaté d’infiltration d’eau. C’était leur crainte. Ils n’ont donc pas besoin d’ajouter des bavettes là où le bardage est sectionné.

Claire Hue

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