Apis, le taureau le plus célèbre d’Égypte
Il y a 5 000 ans, à Memphis, un taureau était divinisé. Son statut d’envoyé du dieu Ptah justifiait qu’on lui rende un culte et qu’on le serve comme un pharaon.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
En Égypte ancienne, il existait deux catégories d’animaux sacrés. Ceux associés à un dieu ou à une déesse furent considérés comme sacrés mais tardivement, vers le VIIIe siècle avant J.-C., dans les cités ou régions placées sous la juridiction de leur protecteur. Et ceux qui passaient pour être les représentants sur Terre de certains dieux et, dans ce cas, il n’existait qu’un seul animal sacré en même temps. Leur culte était parfois très ancien, comme pour le taureau Apis, un bovin sacré honoré à Memphis (au sud du Caire), une cité majeure qui fut plusieurs fois capitale durant l’Antiquité. Les premières mentions du taureau Apis remontent à l’époque thinite (entre 3 000 et 2 600 avant J.-C.), ce qui en fait non seulement l’animal le plus célèbre, mais aussi le plus anciennement vénéré de l’Antiquité égyptienne !
L’art d’identifier le bon Apis
Comme un seul taureau était sacré, il fallait bien le choisir. À cette fin, des prêtres, appelés « sphragistes » par les Grecs, étaient formés dans la science des marques sacrées qui leur permettraient de reconnaître et de désigner le nouvel élu. Afin de les aider, une liste de critères fut établie : l’animal devait avoir sur le front une tache en forme de croissant de lune, il ne devait pas être roux, une teinte associée au dieu du chaos Seth, et aucun poil de sa queue ne devait être hérissé. On comprend pourquoi la découverte du nouvel Apis pouvait parfois prendre des années de recherches ! Lorsque le nouvel élu était identifié, les sphragistes le conduisaient à Memphis avec sa mère. Là, il était officiellement intronisé dans le temple de Ptah par le grand prêtre du dieu qui pratiquait sur lui des rites semblables au couronnement du roi d’Égypte. Ces gestes et textes sacrés lui permettaient de devenir officiellement un être divinisé. Puis on l’installait dans « la demeure de l’Apis vivant », une annexe située à l’intérieur du temple de Ptah, où il résidait jusqu’à sa mort, jouissant de son propre harem, à l’égal du roi d’Égypte, et choyé par de multiples serviteurs.
On prêtait au taureau Apis des pouvoirs divinatoires. L’auteur romain Pline l’Ancien rapporte à ce sujet que le bovin sacré « donne des réponses aux particuliers en prenant des aliments de la main de ceux qui le consultent. Il se détourna de la main de Germanicus, qui ne tarda pas à mourir. » Les consultations de l’Apis n’étaient pas sans risque !
Une momification et des mystères !
À sa mort, l’Apis était momifié selon le procédé employé pour une conservation de qualité. Ses organes étaient prélevés et déposés dans d’immenses vases canopes, dont certains exemplaires ont été retrouvés. Ce qui pose problème et demeure un vrai mystère à ce jour est le fait que l’égyptologue Auguste Mariette (1821-1881), qui mit au jour le Sérapéum, la nécropole de ces taureaux sacrés à Saqqarah, ne découvrit que quatre sépultures d’Apis inviolées, or, à chaque fois, il ne trouva à l’intérieur de leurs immenses sarcophages que la tête momifiée du taureau sacré. On ignore à ce jour ce que les Anciens faisaient du reste du corps !
Extrêmement populaire, Apis fut vénéré jusqu’à la fin de l’époque romaine. Puis il tomba dans l’oubli jusqu’à ce que son nom réapparaisse dans les traductions de récits grecs et romains, ce qui donna alors lieu à une véritable Sérapeumania ! Les savants de l’expédition de Bonaparte se lancèrent sur les traces de la nécropole fantôme, qui ne fut exhumée qu’en 1851 par Auguste Mariette, qui signa là la première grande découverte archéologique en Égypte.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :