Robert Garnier, solidaire de ses compatriotes « ÉLEVEUR RETRAITÉ, JE SUIS BÉNÉVOLE AUX RESTOS DU COEUR »

Droit comme un I et yeux clairs perçants, avec un sourire toujours prêt à poindre, Robert Garnier fait partie de ces gens qui ne se contentent pas de vivre leur propre vie. À peine retraité, après une carrière bien remplie de technicien à la chambre d'agriculture, puis d'agriculteur responsable professionnel et de militant associatif local, Robert Garnier s'est investi aux Restos du coeur, avec sa femme Jeannette.

DIVERSITÉ « Il faut le voir pour le croire, souligne ce père de trois grands enfants. Comme en agriculture où joindre les deux bouts est de plus en plus dur, il y a à la campagne beaucoup de gens dans la panade. Ils freinent des quatre fers pour venir aux Restos du coeur. Dans les grandes villes, la réticence est moindre car c'est plus anonyme. À Beaujeu, nous recevons peu de chômeurs et de titulaires du RSA. Les 170 familles inscrites sont des retraités aux ressources trop faibles, des salariés aux contrats de travail insuffisants, des personnes seules et des familles monoparentales. » À ces personnes éprouvées, Les Restos du coeur apportent une aide alimentaire et une oreille bienveillante. « On discute, on boit le café. Certains restent la demi-journée. » Les bénévoles distribuent aussi des vêtements, font du microcrédit et du suivi de budget.

SOLIDARITÉ « Compte tenu des niveaux de leur revenu, des agriculteurs du secteur, actifs ou retraités, pourraient profiter de la solidarité des Restos, estime ce militant de Solidarité paysans, une association qui accompagne des agriculteurs en difficultés. Mais dans ce milieu, on a horreur de demander de l'aide. Ainsi, nous avons accompagné un salarié viticole qui avait eu un grave problème de santé. Le couple, sans ressources, est arrivé en pleurant.

Ça retourne les gens d'être obligés de venir chez nous. Après une saison ici, ils ont repris le dessus et on ne les a plus revus. Penser qu'ils ont rebondi, cela nous donne le moral. »

RÉACTIVITÉ Avec l'augmentation des besoins, les centres locaux des Restos seront amenés, à l'avenir, à prendre des initiatives pour assurer leur approvisionnement en denrées alimentaires. « Nous collectons déjà dans les GMS des yaourts et autres produits arrivant à date limite. À Beaujeu, l'une de nos bénévoles récupère en fin de marché des fruits et légumes. C'est un travail de proximité qui demande une grande réactivité. Avec le monde agricole, des voies sont à défricher pour récupérer à la ferme des fruits et légumes "hors normes", des pommes de terre... » L'hiver, grosse période de distribution, l'ancien producteur de lait et de fraises consacre environ deux jours par semaine aux Restos. L'été, c'est plus léger. Il peut se libérer plus facilement pour donner un coup de main à son fils Frédéric, qui a repris l'exploitation familiale, ou à son gendre, viticulteur en Beaujolais. Sans oublier le vélo. « Les anciens qui vieillissent bien sont ceux qui sont bien occupés ! »

ANNE BRÉHIER