Il sublime le paysage avec des bidons de lait
Avec ses installations éphémères, le photographe et land artist Gérard Benoît à la Guillaume modifie notre regard sur le paysage et le patrimoine.
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Photographe franco-suisse, Gérard Benoît à la Guillaume sillonne montagnes et villages afin d’y installer, avec l’aide de la population locale, des bidons de lait. Objets identifiants du monde rural, ils avaient perdu leur fonction avec l’industrialisation laitière. Sous l’œil de l’artiste, ils retrouvent vie. Savamment disposées et positionnées pour épouser la forme d’un terrain et d’un relief, les boilles incitent à regarder différemment ce qui nous entoure.
Éphémères, ces installations sont aussi un moyen d’échanger et de transmettre la mémoire du patrimoine local, tant naturel que culturel.
L’ancien départ du pipe-lait de Mégevette, en Haute-Savoie, a ainsi retrouvé vie pendant quelques heures. Première installation de ce type en France en 1957, cet équipement « révolutionnaire » permettait d’acheminer le lait des alpages de la Combe jusqu’à la fruitière située au cœur du village : 2 225 m plus bas. Il a fonctionné jusqu’à la construction, en 1974, d’une route.
Une œuvre poétique et insolite
En résidence cet été à l’écomusée Paysalp, en Haute-Savoie, Gérard Benoît à la Guillaume est venu avec ses bidons de 40 litres sur le territoire de la communauté de communes des Quatre Rivières (entre Annecy et le lac Léman). Photographiées, ses créations éphémères ont été restituées lors d’une exposition à la médiathèque de Fillinges, en octobre. « Ce qui intéresse Gérard Benoît à la Guillaume, souligne Max Meynet-Cordonnier, maire de Mégevette, commune de 605 habitants au pays du reblochon, de l’abondance et de la tomme de Savoie, c’est de créer une image et de la photographier. Tout en partageant cette expérience avec les habitants dont les enfants de l’école communale. » Un moment rare, poétique et amusant.
Anne Bréhier
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