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La route du lait, à Cibeins

À l’occasion de son centenaire, le lycée ­agricole de Cibeins, dans l’Ain, ­fait revivre le chemin qui reliait l’école à la capitale des Gaules pour la fournir en lait.

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Les hôpitaux et crèches de Lyon ont longtemps été approvisionnés par le troupeau laitier de Cibeins. Chaque matin jusque dans les années soixante, des bidons de lait pasteurisé quittaient la ferme modèle de l’école d’agriculture pour rejoindre la grande ville à une trentaine de kilomètres de là.

Unique en France : l’établissement avait été créé à la sortie de la Grande Guerre par Édouard Herriot, maire de Lyon. Alors que les campagnes décimées avaient été vidées de leurs bras, ce radical-socialiste visionnaire souhaitait donner le goût de la terre aux jeunes citadins. Président du Conseil des ministres à trois reprises sous la IIIe République, Édouard Herriot défendait également une vision moderniste et hygiéniste de l’agriculture. Les bâtiments de la ferme, inspirés de l’architecture avant-gardiste de Tony Garnier, ainsi que les innovations mises en œuvre dans l’exploitation en témoignent. Un système de rails avec des wagonnets avait été installé pour transporter le fourrage d’un bâtiment à l’autre ou sortir le fumier. Une façon de réduire la pénibilité avant l’heure. Pour contrer les problèmes sanitaires (tuberculose), mais aussi la fraude (mouillage du lait), Édouart Herriot a créé un laboratoire d’analyses du lait et introduit la pasteurisation à Lyon.

Réaffirmer le lien ville-campagne

L’établissement a longtemps entretenu une relation particulière avec la capitale des Gaules. Avec une proportion de plus de 60 % des étudiants originaires de la métropole lyonnaise, c’est encore vrai aujourd’hui.

Les multiples festivités organisées autour du centenaire du lycée seront l’occasion de réaffirmer ce lien et de faire revivre « la route du lait ».

Le 8 mai à 9 heures, deux camions Berliet partiront de la ferme du lycée pour rejoindre le centre de Lyon. Des étapes gourmandes et musicales permettront de faire goûter les produits laitiers, tout en saluant la personnalité forte et attachante de Marius Berliet.

Constructeur de véhi­cules et dirigeant social, ce chef d’entreprise avait mis en place dans son usine une œuvre charitable appelée « la goutte de lait » : les ouvriers repartaient chez eux avec… du lait. Toute la journée sur la place des ­Terreaux, au cœur de la grande ville, de nombreuses animations seront organisées à destination du grand public, dont une installation de bidons de lait imaginée par l’artiste photographe Gérard Benoit à la Guillaume.

Les deux jours suivants, ­conférences-débats et animations variées s’enchaîneront sur le site du lycée.

Anne Bréhier

Pour plus d’informations ou commander la bande dessinée Cibeins, une école, une histoire  : http://centenaire.cibeins.fr

© anne brehier - anne brehier

© photodlarue Marc Fereol - Avec plus de 60 % de ses étudiants originaires de la métropole ­lyonnaise, le lycée de Cibeins joue un rôle privilégié dans le lien ville-campagne.photodlarue Marc Fereol

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