SIMMENTAL : LES GENOMIQUES ENTRENT EN PISTE

MISSION IMPOSSIBLE AVEC 15 000 VACHES CONTROLEES ET 10 TAUREAUX TESTES PAR AN de se lancer sérieusement dans la génomique. Mais la simmental a la chance d'avoir à ses portes, en Allemagne et en Autriche, un réservoir génétique « sans limites ». Grâce à leur population de référence forte de 6 000 taureaux, ces deux pays disposent d'un programme de sélection génomique fiable. D'où l'idée de collaborer avec eux pour disposer sans plus tarder de cet outil puissant.

QUATRE GÉNOMIQUES « MADE IN FRANCE »

Plus concrètement, depuis août 2011, les génotypages des veaux mâles du schéma français réalisés par Labogéna sont envoyés outre-Rhin pour un calcul d'index génomique dans la base de sélection germano-autrichienne. C'est ainsi que quatre jeunes taureaux « sans fille » seront proposés au catalogue 2012 pour la première fois. Cette gamme sera régulièrement renouvelée au fur et à mesure que de nouveaux taurillons retenus seront disponibles en doses. L'objectif est d'offrir cinq nouveaux génomiques par an. Précision : en l'absence de mise en commun des bases de données entre la France et ces deux pays, les index de ces jeunes taureaux français ne peuvent pas être rendus officiels. C'est la raison pour laquelle ils seront proposés sous forme de profil. Ces quatre premiers génomiques français sont des fils de Rawalf aux qualités complémentaires et aux origines maternelles différentes.

Grenand, issu d'un montage très laitier avec sa mère, une Winnipeg, n'a pas déçu. Il tutoie un niveau supérieur à 1 200 kg. Bien orienté en cellules (plus de 0,6), il laisse une morphologie équilibrée. Gare néanmoins à lui choisir des origines sûres en taux. Fax, né sur une Léo, a pour lui d'être utilisable sur génisses avec un potentiel lait très correct (plus de 600 kg). Forban, né sur une Astérix, et Fidjy, sur une Weiport, sont deux taureaux à morphologie.

S'ajoutent à cette offre « made in France », six génomiques étrangers. Crème de la crème du schéma allemand et autrichien, ils ont en commun des potentiels de production très élevés : 1 096 kg pour Refrain, 1 145 kg pour Mohikaner, 1 444 kg pour Vitaly, 1 614 kg pour Erzengel, et plus de 1 900 kg pour Polarbaer et Rave. Les qualités de pis sont là pour tous. Ils ont aussi pour eux d'être issus de pères peu (Rau, Rurex et Manitoba) ou pas utilisés dans l'Hexagone (Polari, Ermut et Rumgo). La prudence est de mise néanmoins pour l'OS simmental, compte tenu des CD encore limités de cette toute jeune génétique. Le mot d'ordre est de limiter leur mise en place à 30 % des IA et de ne pas en faire plus de 5 % avec le même.

170 POINTS D'ISU : DU JAMAIS VU DANS LE SCHÉMA FRANÇAIS

2012 ne restera pas dans les annales seulement pour l'arrivée des premiers génomiques. La sortie d'index voit aussi, pour la première fois, un taureau testé sur descendance (il y a encore quatre ultimes séries de testage en attente de résultats) à un tel niveau génétique. Et Barnum n'a pas seulement pour lui ses 170 points d'Isu. Il cumule un potentiel lait très affirmé (899 kg) à un TP nettement positif (1). Et il frôle la perfection en morphologie (126), associant développement (115), musculature (111) et qualités de mamelle (119). Les membres sont dans la moyenne (99) et l'index cellules bien orienté (0,8) comme la vitesse de traite (116). On ne regrettera qu'une chose : comme les trois autres fils de Winnipeg qui sortent avec lui, il n'est pas utilisable sur génisses. C'est la raison pour laquelle Apache, nouveau taureau modeste en Isu à 112 points, figurera au catalogue. Toutefois, il ne faut pas le résumer à cela. Il a aussi pour lui d'être issu d'un montage original Safir/Libéral, de disposer d'un potentiel lait plus que correct (548 kg) et d'offrir des qualités d'aplombs (120) et de développement (112).

Originaux par leur père juste utilisé en France pour le schéma de sélection, les quatre Winnipeg le sont moins par leur origine maternelle. Cela vaut pour Barnum, né sur une Zeit, Brocard, Bazouka et Barakouda issus de Malhax. À 153 points d'Isu, 650 kg de lait et 0,9 en TP, Brocard est loin de démériter. Il offre une morphologie (119) tout aussi complète que Barnum, et des aplombs plus solides en prime (110). Prudence néanmoins dans son utilisation immédiate, avec seulement vingt-trois filles dans son index. Mieux vaut attendre sa confirmation en novembre. Bazouka, à 144 d'Isu, doté d'un potentiel plus moyen (477 kg), satisfera ceux qui manquent de TB.

À 133 points d'Isu, Barakouda a pour lui une bonne morphologie (112) qui marque le développement (113) et les aplombs (114).

Quatrième nouvel entré dans le top 5, Basta, à 142 points d'Isu, séduira ceux qui recherchent du potentiel (874 kg) sans nuire au TP (- 0,1). Fils d'Astérix, très peu utilisé en France, il laisse une morphologie (113) régulière et des robes de couleur claire.

JEAN-MICHEL VOCORET