« DES VACHES PRODUCTIVES ET EN BONNE SANTÉ »
Un troupeau à haut potentiel, une ration bien calée et un suivi rigoureux. Telles sont les cartes jouées par Marie-Rose et Sébastien Loysance pour assurer la rentabilité de leur élevage.
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SI LES VACHES DU GAEC LOYSANCE PRODUISENT 18,8 KG DE LAIT/JOUR DE VIE, contre 15,5 kg pour les élevages à plus de 9 500 kg de lait à BCEL35, ce critère n'est pourtant pas l'objectif des éleveurs. « Nous recherchons d'abord l'efficacité. Pour nous, cela veut dire un haut niveau de production sans fragiliser la santé des vaches », précise Sébastien Loysance. En Gaec avec sa mère Marie-Rose, il produit les 360 000 l de référence avec 40 holsteins.
Le troupeau a longuement été sélectionné sur le lait et les éleveurs valorisent ce potentiel. En 2011, la production moyenne s'établit à 11 062 kg à 37,8 de TB et 31,9 de TP. La sélection reste axée sur le lait, mais depuis quelques années, les éleveurs améliorent aussi la fonctionnalité. Selon le dernier bilan, les taureaux utilisés sont, en moyenne, positifs en lait (957) mais aussi en cellules (0,9), fertilité (0,4) et longévité (1,1). La morphologie n'est pas en reste avec des notes de 1,8 en synthèse, 1,3 en mamelle et 0,9 en membres. « Nous nous fions à l'inséminateur pour gérer les accouplements », précise Sébastien Loysance.
Pour tirer profit de ce potentiel, les éleveurs misent sur une ration complète bien calée, élaborée avec le vendeur d'aliments. Elle associe deux tiers d'ensilage de maïs et un tiers d'ensilage d'herbe pendant une bonne partie de l'année. Vigilant sur la qualité du fourrage, Sébastien réserve l'ensilage de RGI aux laitières. Semé après les céréales, il est pâturé à l'automne puis fauché au printemps. La première coupe est ensilée et la deuxième récoltée en foin. « Si nous manquons d'ensilage d'herbe en fin d'hiver, nous nous apercevons vite que les vaches sont en limite d'acidose, car il y a des grains dans les bouses. »
La ration contient aussi 2 kg de luzerne déshydratée, 2 kg de maïs humide produit sur l'exploitation, 2,5 kg de soja 48, 500 g de paille, des minéraux, du bicarbonate et de la magnésie. La qualité nutritionnelle de ce mélange permet de se passer de concentré de production. Mais les vaches en début de lactation reçoivent 1 kg de tourteau tanné à l'auge.
Pour Sébastien, la réussite repose aussi sur la distribution. Les vaches consomment, en moyenne, 60 kg bruts de ce mélange et il tient à ce qu'il y ait des refus, signe que les besoins sont bien couverts. Ces refus sont distribués aux génisses. « Je les enlève le matin et je donne un peu de foin de RGI pour optimiser la rumination avant la distribution du jour. »
« UNE RATION PESÉE GRÂCE À LA CUMA AUTOMOTRICE »
Autre atout important, l'élevage adhère à une Cuma automotrice. « Tout est pesé et nous sommes donc sûrs que les vaches reçoivent la ration voulue », précise Sébastien. La machine reste chez lui en f n de semaine et il distribue aussi le dimanche. Ce volume de ration peut être réduit de moitié au printemps afin de valoriser le pâturage. « Nous apprécions aussi le RGI à l'automne, un fourrage peu coûteux et de bonne qualité. » Les éleveurs font des paddocks et avancent le fil tous les jours.
Pour Albert Paquet, conseiller à BCEL35, la gestion rigoureuse de l'alimentation a des effets visibles. « Les vaches sont toujours en état. Les fourrages sont très bien conservés, l'auge propre », remarque-t-il. Mais avec ce régime, le coût alimentaire se situe plutôt au-dessus de la moyenne à 113 €/1 000 l.
Cette rigueur se retrouve dans la conduite des génisses. « Nous surveillons les vêlages mais intervenons le moins possible. » Les veaux consomment du lait en poudre puis un aliment starter en granulés. À quatre mois, ils commencent à recevoir la ration des vaches mais de manière rationnée, avec de la paille et un aliment jeune bovin jusqu'à six mois. Ils sortent ensuite en pâture, mais gardent un accès au bâtiment jusqu'à douze mois pour continuer à consommer les refus. Les génisses de deuxième année se contentent de pâturage au printemps avec une pierre à lécher à disposition. En hiver, elles reçoivent du foin de RGA en plus des refus des vaches.
« EN MOYENNE, LES GÉNISSES SONT INSÉMINÉES À 15,4 MOIS »
Cette conduite permet une croissance élevée pour un vêlage à deux ans. « Je ne les pèse pas, mais j'estime, selon l'âge et le gabarit, le bon moment pour la mise à la reproduction. » Le dernier lot de seize génisses a été inséminé, en moyenne, à 15,4 mois. Le taux de réussite était de 63 % à la première IA.
Mais seulement 13 % ont eu besoin de trois inséminations. La reproduction est également correcte sur les multipares, compte tenu du niveau de production : 50 % de réussites en première insémination, 20 % de vaches à 3 IA ou plus, 1,8 IA/VL mise à la reproduction. « Nous faisons la première insémination 90 à 100 jours après le vêlage, précise Sébastien. Nous avons rallongé ce délai pour éviter de tarir certaines vaches à 35 kg de lait. » De plus, il donne systématiquement du propylène glycol en début de lactation afin de limiter la perte de poids. Et pour prévenir les fièvres de lait qui surviennent parfois, les vaches âgées, qui sont les plus exposées, reçoivent de la vitamine D3.
Les problèmes sanitaires restent rares et ce sont souvent les cellules qui justifient les réformes. L'élevage se trouve dans la moyenne avec 83,3 % de vaches à moins de 300 000 cellules et 7,5 % au-dessus de 800 000. « Nous avons quelques incurables et ce seront les premières à partir », précise Marie-Rose. En moyenne, les vaches effectuent 3,3 lactations, comme les élevages à plus de 9 500 kg de lait de BCEL35 (3,2). Le taux de réforme s'établit à 25 % et le renouvellement est à 31 %. Quelques primipares fraîches vêlées sont vendues en élevage.
Par ailleurs, les éleveurs sont vigilants sur les intrants. L'atelier porcin fournit du lisier, ce qui réduit les besoins en engrais. « J'achète en morte-saison, ce qui permet des économies non négligeables. » Concernant le soja, qui reste indispensable et dont le prix est à la hausse, Sébastien fait des contrats. « Je surveille les cours sur internet. Le pire serait d'attendre d'avoir besoin pour acheter. Récemment, j'ai fait un contrat de six mois à 326 €/t. » Pour lui, cette gestion des achats est primordiale pour préserver la rentabilité.
Dans la perspective du départ à la retraite de Marie-Rose d'ici trois à quatre ans, mais aussi de la disparition des quotas, l'élevage est en train d'évoluer. Sébastien tient à conserver son système et ses résultats. Il n'est donc pas tenté par une association avec une autre personne.
« Nous allons rallonger le bâtiment, aménager des logettes et installer un robot. » Ce robot lui apportera de la souplesse. Et l'augmentation du nombre de traites quotidiennes sera favorable aux animaux et à la tenue des mamelles, compte tenu de leur niveau de production. Si la charge de travail pèse trop lourd, il réduira l'atelier porcin.
Produire plus de lait pour saturer le robot est une autre piste d'évolution envisageable, à condition de sous-traiter les travaux des cultures. « Les résultats économiques dépendront toujours d'abord de l'attention que je porterai au suivi du troupeau », souligne Sébastien.
PASCALE LE CANN
Pour Sébastien Loysance, les résultats de l'élevage dépendent avant tout du suivi des animaux au quotidien. © P.L.C.
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