Login

« NOUS AVONS OUVERT LE BÂTIMENT POUR ASSÉCHER LES SOLS »

L'aire d'attente surélevée et la sortie de salle de traite très étroite sont des zones de contraintes fortes, où les bousculades et les stations debout prolongées favorisent l'apparition de lésions.

L'interprétation des données de parage au Gaec du Pinet soulève la nécessité d'améliorer la ventilation et le réglage des logettes pour corriger un problème de boiteries infectieuses et traumatiques.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

LES 60 VACHES HOLSTEINS DU GAEC DU PINET SONT LOGÉES DANS UNE STABULATION À LOGETTES sur béton raclé construite en 2005. Les 75 logettes sont équipées de tapis IDS et sont paillées quotidiennement avec 3 kg de paille en brins longs. Les couloirs d'alimentation et d'accès aux logettes, de 4 mètres de large, sont rainurés et raclés deux fois par jour avec un rabot hydraulique. À chaque extrémité se trouve un passage entre les logettes de 2 mètres de large et au centre, le passage principal, de 5 mètres, fait également office d'aire d'attente pour la salle de traite par l'arrière de 2 x 8 postes. Les quatre façades du bâtiment sont fermées par un bardage bois ajouré, positionné au-dessus d'un mur de 2 mètres de haut. D'avril à octobre, les vaches ont accès à 10 ha de pâturage le jour et la nuit. La surface disponible, la pousse de l'herbe limitée (4 t de MS/ha) et la sécheresse estivale marquée n'autorisent pas la fermeture du silo. La ration semi-complète est donc distribuée à l'auge toute l'année. Elle se compose de 9 kg de maïs, 4 kg de foin de prairies naturelles, 4 kg d'enrubannage, 3 kg de tourteau soja-colza et 1,5 kg de céréales (blé, orge, maïs). Un complément à base de céréales et de tourteau (1 UF, 22 % de MAT) est distribué manuellement à la brouette à hauteur de 2 kg/VL pour les plus fortes productrices. Concernant la santé des pieds du troupeau, les éleveurs appliquent un traitement localisé en salle de traite pour lutter contre la dermatite digitée (Mortellaro) et, trois fois par an, font faire un parage curatif sur les animaux à problèmes.

« LE FOURCHET ET LA DERMATITE RÉVÈLENT UN PROBLÈME D'HUMIDITÉ »

Pourtant, dans ce bâtiment récent, classique dans sa conception, les problèmes de boiteries ont poussé Florentin Dumas, l'un des trois associés, à prendre part à la formation dispensée par le GDS et animée par le vétérinaire Yves Debeauvais. « Le problème est récurrent depuis l'installation dans ce bâtiment, explique Florentin. Il est à l'origine de réformes non désirées et nous avons clairement observé des baisses de production lors de flambées de boiteries. L'installation de tapis dans les logettes a d'abord permis de réduire les lésions aux genoux et aux jarrets, mais il y a toujours des problèmes articulaires à la colonne et des difficultés de locomotion au niveau des membres postérieurs sur un béton très glissant malgré le rainurage. En outre, la persistance du fourchet et de la dermatite indique un problème d'humidité que nous n'avons pas réussi à résoudre. J'ai donc souhaité prendre part à cette formation pour ne plus subir le parage et être capable de décrypter les signes que l'on observe sous les pieds des vaches, pour adapter mes pratiques. »

Ce cas d'école a servi de support à une journée de formation au cours de laquelle le parage-diagnostic d'un échantillon représentatif d'animaux à problèmes a permis de dresser un premier bilan des lésions et des affections présentes.

- Du fourchet et de la dermatite digitée, bien que limitées par les traitements. Si l'hygiène semble hors de cause, au regard de la propreté des animaux et d'une situation cellulaire saine, le contact prolongé des pieds dans l'humidité de surface apparaît comme un vrai facteur de risque.

- De la pousse en longueur et des soles comblées. Ce sont des dérèglements de la pousse de la corne classiques sur béton et qui doivent être corrigés par un parage fonctionnel. Dans ce cas, ils peuvent s'expliquer par une pousse supérieure à l'usure, causée par le manque d'activité sur un revêtement très glissant où les vaches hésitent à se déplacer. Le surfaçage thermique généralisé des bétons apparaît comme une bonne solution pour corriger ce défaut.

- Des ouvertures de ligne blanche, sans complications. Elles sont caractéristiques de contraintes fortes exercées sur des sols irréguliers. Elles sont de faible gravité car, sur ce revêtement glissant, les vaches sont calmes, elles hésitent à se mouvoir et il y a peu de bousculades. Comme souvent, la principale zone de contrainte se situe ici dans la salle de traite carrelée et en sortie de salle de traite, où la pose d'un tapis en caoutchouc apparaît comme une solution pour soulager les pieds.

- Des congestions de la sole de faible gravité. Elles sont causées par des stations debout prolongées. Ici, le nombre de logettes n'est pas en cause, mais leur manque de confort et leur accessibilité.

« LES VACHES DEBOUT OU PERCHÉES INCRIMINENT LE RÉGLAGE DES LOGETTES »

En effet, les deux couloirs de 2 mètres en bout de stabulation sont trop étroits et ne facilitent pas la circulation.Le défaut de confort du logement est confirmé dans un second temps par l'observation du troupeau dans son environnement : un tiers des vaches est debout en heures creuses, beaucoup sont perchées dans leur logette, elles hésitent à se déplacer et éprouvent des difficultés à se lever alors qu'elles disposent d'un profond dégagement pour basculer leur tête vers l'avant de la logette. La présence de tarcites (lésions du jarret) indique que les vaches frottent leurs membres sur le tapis en reculant pour pouvoir se lever. Si la largeur (1,25 m), la longueur (1,85 m) ou encore la pente (2 %) des logettes correspondent aux standards couramment admis, l'arrêtoir haut métallique est trop bas d'une vingtaine de centimètres : il est suspendu à 97 cm du sol comme une épée de Damoclès au-dessus du cou des vaches. « Par sa nature et son réglage, il gêne les vaches pour se relever, souligne Yves Debeauvais. Comme les logettes tiennent sans rigidificateur, la solution pourrait être de remplacer la barre métallique par une sangle tendue au même niveau que l'arrêtoir bas, avec un point de fixation à chaque logette. Ainsi, la vache n'hésite pas à s'appuyer dessus pour se coucher et a moins d'appréhension pour se lever. L'idéal est de conserver un système de réglage pour trouver le bon compromis entre propreté et confort. » Autre défaut de conception : un trottoir de 9 cm fait office d'arrêtoir bas.

« NOUS AVONS ÔTÉ LE BARDAGE SUR LE LONG-PAN OUEST DU BÂTIMENT »

Après la journée de formation, les trois associés ont donc pris la décision de parer l'intégralité du troupeau et d'enlever tout le bardage ajouré sur le long-pan ouest du bâtiment, dans un secteur géographique où le vent dominant est orienté nord-sud.

« Avec la formation, nous sommes désormais mieux à même de décrypter les données de parage et de comprendre l'origine des problèmes, rappelle Florentin. Nous avons voulu travailler en priorité sur la ventilation pour diminuer la pression infectieuse. Depuis que nous avons ôté le bardage, les sols sont plus secs et nous observons déjà beaucoup moins de fourchets. Cela pourrait aussi participer à rendre les sols moins glissants, car il y a encore beaucoup de bleimes, ce qui indique la nécessité de travailler sur le confort de logement. La question du surfaçage thermique des sols se pose, mais nous attendons d'abord de voir l'impact à long terme de la ventilation et du parage sur l'amélioration de la santé du troupeau. »

L'aire d'attente surélevée et la sortie de salle de traite très étroite sont des zones de contraintes fortes, où les bousculades et les stations debout prolongées favorisent l'apparition de lésions.

La barre au cou est trop basse. Par sa nature et son réglage, elle est source d'inconfort et de lésions à l'origine d'une mauvaise fréquentation des logettes et de station debout prolongées.

© J.P.

Une humidité de surface permanente malgré le raclage : cette situation, favorable aux maladies infectieuses, indique un défaut de ventilation, confirmé par le test du fumigène.

Un trottoir de 9 cm en guise d'arrêtoir bas : pour faciliter la levée, la vache devrait pouvoir lancer sa patte derrière l'arrêtoir bas, sur un sol au même niveau que la logette.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement