« Nous avons privilégié l’aspect humain à l’automatisation »
C’est par le biais d’une petite annonce locale que le Gaec de la Vallée de l’Aire a trouvé une salariée pour faire la traite du soir. Un contrat à temps partiel qui pourrait évoluer vers du temps plein dans le cadre du départ à la retraite d’un associé.
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Depuis cinq ans, Laurent et Guillaume Palin ont recruté une salariée à temps partiel chargée de la traite du soir, sur la base d’un contrat de travail de quinze heures hebdomadaires.
« Deux options s’offraient à nous : l’automatisation ou le salariat, explique Guillaume. Nous avons privilégié la seconde pour l’aspect humain. » L’objectif des deux associés est bien sûr de préserver leur confort de vie. Jeune éleveur de 34 ans et père d’une petite fille, Guillaume entend profiter de sa vie de famille et Laurent, son oncle, poursuivre ses engagements d’élu ou de membre de l’office du tourisme.
« Libérer du temps pour exploiter notre potentiel »
« Il nous est apparu que le robot permettait de supprimer l’astreinte de la traite, mais pas de diminuer le temps de travail. Or, l’objectif était aussi de libérer du temps pour exploiter au mieux le potentiel de la ferme. Nous cherchions donc à recruter pour la traite du soir, car dans un système de polyculture, c’est une astreinte qui coupe la journée de travail. »
Après avoir adhéré à un groupement d’employeurs, l’idée de ce recrutement a germé lors de réunions organisées par l’ULM (Union laitière de la Meuse) avec l’Anefa (Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture). Des réunions locales regroupent des éleveurs et des demandeurs d’emploi, afin de recenser les besoins divers, recueillir des témoignages et faciliter les contacts.
L’épicerie de la commune et le bouche-à-oreille
Une première salariée est ainsi restée deux ans, avant d’arrêter en raison de la distance la séparant de son domicile (35 km). Depuis 2015, c’est Sophie Charriot qui occupe le poste, en complément d’un emploi saisonnier chez un céréalier. Maire d’une petite commune, elle habite à 2 kilomètres de la ferme et a été recrutée par le biais d’une simple annonce déposée à l’épicerie du village par les éleveurs. Le bouche-à-oreille a fait le reste. « Mes parents sont céréaliers et j’avais déjà une petite expérience de la traite », explique-t-elle.
Ici, la prise en main a été rapide. Après deux ou trois jours de traite en commun, Sophie s’est débrouillée seule. En cas de problème ou de doute sur une infection mammaire, le téléphone portable et les MMS sont de précieux outils. « C’est difficile pour tous les paysans, mais il faut savoir déléguer et faire confiance », déclare Guillaume. De la confiance, il en faut lorsque la collecte est dédiée à l’AOP brie de Meaux, plus exigeante en matière de qualité du lait.
« J’apprécie l’autonomie dont je bénéficie »
À ce titre, le contrat de travail prévoit une prime versée en l’absence de pénalités sur la paie de lait. Il s’agit d’un contrat en CDI avec une rémunération de 10,10 €/heure (soit une charge annuelle entre 10 000 € et 12 000 €), pour trois heures de travail par jour, dont une heure trente dans une salle de traite 2 x 4. Dans les faits, l’annualisation permet d’osciller entre deux heures et demie et trois heures et demie selon les saisons, ce qui laisse assez de souplesse d’organisation.
Les éleveurs assurent l’astreinte samedi et dimanche sur le principe d’un week-end sur deux. Selon les besoins de chacun, le contrat prévoit la possibilité de faire des heures supplémentaires ou d’échanger un jour de travail en semaine contre un jour le week-end (salaire x 1,5 le dimanche). « J’apprécie beaucoup la confiance et l’autonomie dont je bénéficie, souligne Sophie. C’est possible parce qu’il y a de l’écoute et de la communication. » Ce sont des éléments de bien-être au travail qui permettent aux deux parties d’envisager de prolonger l’aventure à temps plein pour compenser le départ à la retraite sans repreneur de Laurent, 60 ans.
Jérôme PezonPour accéder à l'ensembles nos offres :