« Il y a beaucoup à gagner lors du démarrage en lactation »
La qualité de la préparation au vêlage permet aux associés de tabler sur un haut niveau d’ingestion d’une ration de base diversifiée et très concentrée.
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François et Christophe Augereau font partie de ces éleveurs qui ne laissent rien au hasard et se montrent toujours prêts à se remettre en question pour progresser. Dans cet esprit, ils ont mis en place avec leur consultant en nutrition et leur vétérinaire un protocole de trois semaines de préparation au vêlage. « L’acidification de la ration avec des sels anioniques, cumulée à l’augmentation de sa densité protéique, a permis de passer un cap en matière de santé, d’immunité et de vigueur des animaux autour du vêlage », explique Christophe. Dans ce cas, on ne peut pourtant pas parler d’acidification totale. Un chargement élevé et des surfaces importantes de prairies naturelles à valoriser amènent les éleveurs à distribuer du foin aux taries. Or, ce fourrage a une Baca très supérieure à la paille qui limite l’acidification d’une ration composée de 15 kg brut de maïs ensilage, 5 kg de foin, 1 kg d’orge, 2,4 kg de colza, 400 g d’Animate (solution acidifiante), 100 g de minéral vaches laitières et 50 g de carbonate de chaux.
Soit 12,5 kg de MSI, à 0,85 UFL, 15 % de MAT, 110 g de calcium, pour une Baca théorique de -48 meq/kg de MS et des pH urinaires plus proches de 7 que d’un objectif de 5,5 à 6,5.
« Des chaleurs visibles dès le 20e jour après vêlage »
Pour autant, François évoque la facilité de vêlages, l’absence de rétentions placentaires, ou encore une nette amélioration de la qualité du colostrum dont les pesées affichent des valeurs presque toujours supérieures à 30 brix. « Nous n’intervenons quasiment plus au vêlage. Comme les veaux nouveau-nés, les vaches se relèvent rapidement pour boire et manger. Cette vitalité et la bonne préparation du rumen favorisent une reprise d’état plusrapide, un meilleur démarrage en lait et des chaleurs visibles dès le 20e jour. »
Les deux frères se donnent les moyens de répondre à cette dynamique d’ingestion dès le démarrage en lactation à travers la mise à disposition d’une ration de base la plus concentrée possible, un accès à l’auge sans restriction et la recherche de confort (ventilation, brumisation). Dans un contexte séchant, ils ont fait le choix de la diversification pour sécuriser leur système d’alimentation non OGM et 100 % autonome. « La sécurité de notre système, c’est d’abord la priorité donnée à l’ensilage d’herbe dès la sortie de l’hiver. L’idée est d’ensiler le maximum d’herbe pour ne rien gaspiller, quitte à décaler de quelques jours le semis de maïs pour profiter d’une fenêtre de fauche. » Au printemps, ils récoltent ainsi pas moins de 55 ha en première coupe (20 ha en seconde) de dérobées et de prairies multi-espèces. En 2021, la première coupe de RGI + trèfle, le 27 mars, affiche une valeur de 1 UFL et 14,5 % de MAT. Après la première coupe, 15 à 17 ha sont dédiés au pâturage sur des paddocks de 2 jours de 1,5 ha, soit l’équivalent d’une demi-ration au maximum de mai au 1er juillet.
Une mise à la reproduction dès 50 jours et un IVV de 384 jours
En complément de l’herbe jeune, les sources d’énergie sont diversifiées : de l’amidon plus ou moins lent avec le maïs ensilage, l’orge et le maïs épis ; du sucre avec le sorgho et de la matière grasse avec les sous-produits du soja (okara 15 % de MG).
Le sorgho monocoupe présente l’intérêt de diluer la part d’amidon, sans pénaliser la densité énergétique de la ration. Les éleveurs sèment un mélange de 3 variétés BMR : une variété ensilage typée grain + une variété mâle stérile + une variété photopériodique. « La première sert de tuteur et c’est elle qui définit la date de récolte au stade grain pâteux. » Le semis est réalisé entre le 15 et le 20 mai, après un apport de 30 m3 de digestat de méthanisation et 200 kg de potasse. Cette année, 14 t de MS/ha ont été ensilées à 26 % de MS et 1,03 UFL (estimations en l’absence d’équation Inrae).
« Dans notre secteur, le rendement est en moyenne inférieur de 2 t de MS/ha à celui du maïs ensilage. Malgré un taux d’humidité de 25 %, c’est un fourrage qui se conserve bien, sans conservateur ni filet de protection contre les étourneaux. Son intégration dans la ration s’accompagne d’un gain de 1 point de TB et de TP, mais a aussi une incidence positive sur la santé et les cellules, surtout en été avec un fourrage qui chauffe moins. » Le maïs ensilage de type denté farineux est coupé à 45 cm. « C’est presque un gain de 0,5 UFL, mais aussi une teneur plus élevée en matière sèche complémentaire des ensilages d’herbe et de sorgho, plus humides. » L’ensilage 2021 affiche 40,3 % de MS et 34,1 % d’amidon (dont 24 % d’amidon by-pass). Le hachage en brins de 12 cm tient compte de la reprise par la désileuse automotrice de la Cuma avec chauffeur (un coût de 10,5 €/1000 litres). Cet été, un essai de ration sans maïs ensilage, uniquement à base de sorgho + herbe + maïs épis s’est révélé peu concluant, au regard d’une production en recul (31 litres, à 32,3 de TP et 39,7 de TB et une efficacité alimentaire de 1,3 litre/kg de MSI). « Cette ration, sans doute trop humide à l’auge, a pénalisé l’ingestion. Dès que nous avons remis le maïs ensilage, le troupeau est remonté en lait. L’idée est désormais de caler la ration à l’auge avec 3 à 5 kg de sorgho et 7 à 10 kg de maïs ensilage. » Cette qualité de fourrages se traduit cet hiver par une ration de base dosant 0,98 UFL. Elle est distribuée à des vaches capables de bien la valoriser, grâce à un mois moyen de lactation bas permis par une mise à la reproduction dès 50 jours, soit un IVV de 384 jours. « Tout l’enjeu est là », insistent les éleveurs. C’est pourquoi, les pistes de progrès d’ores et déjà programmées portent sur la préparation au vêlage : conception d’un bâtiment dédié, intégrer de la paille en remplacement du foin à volonté. « C’est de l’argent bien investi, car il y a beaucoup à gagner autour du démarrage en lactation .»
jérôme pezonAliments. Le foin limite la baisse de la Baca | |||
Fourrages | Baca (meq/kg MS) | Concentrés | Baca |
Ensilage d’herbe | + 465 | Soja | + 284 |
Foin | + 438 | Orge | + 13 |
Herbe pâturée | + 350 | Maïs | - 2,8 |
Paille | + 177 | Blé | - 10,5 |
Ensilage de maïs | + 133 | Colza | - 54 |
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