« CONCILIER TEMPS DE TRAVAIL ET P ERFORMANCES ANIMALES »
En recherche permanente d'efficience, Michel Viricel s'appuie sur la mécanisation et sur son voisinage pour se dégager des moments libres : il pratique la traite alternée avec des voisins.
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DANS LES MONTS DU LYONNAIS, À 700 MÈTRES D'ALTITUDE, Michel Viricel gère intensivement et efficacement sa petite exploitation de 28 ha. « À Pomeys, à part le terrain de football, les terres disponibles sont rares, constate l'éleveur. Plutôt que de m'agrandir, j'ai préféré laisser les jeunes s'installer. La commune de 1 000 habitants compte encore 27 éleveurs, tous des laitiers. » C'est une source de fierté. Avec une productivité de 12 800 litres de lait par hectare de SFP, une maîtrise technique élevée et des charges très maîtrisées, l'exploitation affiche l'un des meilleurs résultats du réseau Écolait. En 2014, la marge brute de l'atelier lait s'est ainsi établie à 94 653 € par UMO, contre 76 770 € pour le groupe de référence. Cette année-là, le prix du lait s'était élevé à 397 € les 1 000 litres (avec engagement oméga 3). Le coût alimentaire était de 126 €/ 1 000 litres : 65 € de fourrages et 61 € de concentrés (1,9 t par vache et par an).
En 2015, malheureusement, l'impact de la sécheresse (surcoût de 40 €) et la baisse du prix du lait (de 60 €) ont sévèrement amputé la marge : - 100 €/1 000 litres.
Sur l'exploitation, il n'y a pas de stabulation flambant neuve pleine de technologies dernier cri. Le bâtiment des laitières, construit en 1983 et mis aux normes en 2011, se compose de niches à vaches avec des logettes équipées de tapis, et d'une aire d'exercice extérieure raclée. La ration mélangée distribuée l'hiver aux 35 prim'holsteins, à 9 800 litres de moyenne économique (10 200 litres au contrôle laitier), se compose de 4 kg de MS d'ensilage d'herbe, 6 kg de MS d'ensilage de maïs, 3,5 kg de MS de maïs épi, 3 kg de foin (moitié prairie, moitié luzerne), 3,5 kg de tourteau de colza(1) et de 200 g de CMV. Elle est distribuée sur une table d'alimentation couverte. La VL est donnée au Dac (abrité sous un appentis). La traite s'effectue dans une 2 x 5 épis, avec décrochage automatique. La mise à l'herbe commence début mars avec un pâturage tournant au fil, sur les parcelles de ray-grass anglais et trèfle blanc. Dès avril, les laitières restent dehors jour et nuit. Le parcellaire groupé est attenant. « Malgré le manque de confort des niches et des logettes un peu trop petites, je n'ai pas trop de problèmes de boiteries », précise l'éleveur, qui pratique un parage par an en préventif. Les petites génisses et les fourrages sont abrités dans des hangars datant de 1973. Les taries restent dehors avec un peu de foin. Très soucieux de maîtriser ses investissements et ses charges, Michel Viricel s'est volontairement « lâché » sur la mélangeuse. Acquise il y a deux ans, la 17 m3, une machine adaptée à 80-100 vaches, soit le double de son troupeau, a été choisie pour assurer une distribution de la ration tous les deux jours seulement. L'objectif est de simplifier l'astreinte au maximum. Les petits veaux n'ont ainsi qu'un repas par jour.
« JE N'AI PAS CHERCHÉ PLUS QUE ÇA À PRENDRE UN ASSOCIÉ »
Le tracteur est changé tous les trois ans. Il faut que « ça démarre vite ». En dehors de la dessileuse et de la fourche, le matériel est utilisé en Cuma. Les gros chantiers (foin et ensilage) sont organisés depuis toujours en entraide avec les voisins. L'ensilage et les moissons se font avec une ETA. Pour les coups durs, l'EARL adhère au service de remplacement.
Travailler efficacement et se libérer, en particulier le week-end, est une priorité pour Michel. Seul sur l'exploitation, il recherche un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. « Ma conjointe ne trait pas du tout, et mon père n'est jamais revenu sur l'exploitation depuis son départ à la retraite, précise l'éleveur de 55 ans, qui a assumé nombre de responsabilités extérieures (président du syndicat local et du comité des fêtes). Encore président de la Cuma et membre du conseil d'administration du syndicat départemental prim'holstein, Michel Viricel aime discuter technique avec des collègues. « Avoir du temps libre a toujours été important pour moi. »
En 1992, quand son père a pris sa préretraite, Michel Viricel avait d'abord pensé à rechercher un associé. « Mais pas plus que ça », reconnaît-il. Par contre avec son voisin, il pratique depuis vingt ans la traite alternée le week-end. Samedi soir et dimanche soir, une fois tous les quinze jours, la traite et les soins aux veaux sont ainsi effectués par l'un des deux éleveurs. Pour traire les deux troupeaux, il faut compter au maximum deux heures et demie.
« L'ENTRAIDE AVEC MES VOISINS EST INDISPENSABLE »
« Chez mon voisin, la traite des 35 laitières est rapide, précise Michel : le troupeau est exempt de mammites. Je me contente de brancher et de débrancher. Chez moi, c'est plus complexe : il faut laver et faire tremper les trayons, car il y a deux ans, le troupeau a eu des staphylocoques. Globalement toutefois, l'échange de services nous semble équilibré. Ça fonctionne très bien. »
En plus de cette traite alternée, un remplacement d'une semaine pendant les vacances d'été a été institué. « Si l'une de mes vaches est malade, mon voisin fait comme si c'était la sienne. » Le dimanche matin, au besoin, c'est un autre collègue, qui intervient dans l'élevage. L'hiver, la journée type débute à 6 h 45 avec le regroupement des vaches dans l'aire d'attente et le raclage de l'aire d'exercice extérieure. Après la traite et les soins des veaux, c'est la pause petit-déjeuner vers 8 h 30. La mélangeuse remplie la veille est alors distribuée. Les tapis des logettes, asséchés avec de la paille de riz, sont nettoyés. Il est temps ensuite de s'occuper des petites génisses. Au besoin, l'éleveur déneige les rues du village, bénévolement. Le printemps est un peu chargé avec l'ensilage d'herbe réalisé en Cuma, puis les semis de maïs. Entre l'épandage de lisier, le labour et l'implantation, il faut compter quelques grosses journées.
L'élevage des génisses de plus de six mois a été délégué cette année à un collègue éleveur laitier. « Il gère les chaleurs, je choisis les taureaux. Je n'avais pas les bâtiments suffisants pour élever les jeunes sur place, précise Michel. Par ailleurs, je risquais de perdre 25 % de l'ICHN, soit 1 350 €, à cause des seuils de chargement qui ont été abaissés à 1,4 UGB/ha SFP. Les génisses reviennent sur l'exploitation pour vêler à 24 mois. » La pension a un coût (1,50 € par animal et par jour), mais simplifie un peu plus l'astreinte.
(1) Acheté en grosse quantité avec plusieurs agriculteurs.
La capacité de la mélangeuse a été volontairement surdimensionnée pour assurer une distribution de la ration tous les deux jours.
La table d'alimentation couverte est abritée des vents du sud par une haie de cyprès. Chaque année, du foin, de la luzerne et du maïs épi sont achetés.
Les petits veaux ne sont nourris qu'une fois par jour, ce qui réduit l'astreinte et facilite le remplacement.
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