Les travaux conduits aux États-Unis montrent la supériorité des croisées sur les holsteins pures. Le mode d'emploi se précise, même si dans la nature, cette pratique reste peu répandue.
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TOUS LES ANIMAUX D'ÉLEVAGE SONT ISSUS DE CROISEMENT depuis des dizaines d'années, sauf les bovins laitiers », martèle Leslie Hansen. Ce docteur en génétique ne désespère pas de faire évoluer cette situation. À l'université de Minneapolis (Minnesota, États-Unis), il travaille sur les caractères fonctionnels depuis trente ans. La baisse de fertilité de la holstein lui a semblé impossible à corriger sans aller à la recherche de nouveaux gènes. L'idée est simple : il s'agit de contrer la hausse continue de la consanguinité dans les troupeaux holsteins en apportant du sang neuf. « Les outils de monitoring, les suppléments alimentaires ou les progrès de la génomique n'apportent qu'une aide limitée pour contrer les effets de la fragilité de la holstein. Et ils coûtent cher. Je vois le croisement comme une technique bien plus efficace. »
Il a choisi les races qui lui semblaient les plus capables de corriger les défauts de la holstein tout en restant adaptées aux conditions des élevages hors sol américains. « Les races rouges sont sélectionnées de façon plus équilibrée que la holstein. Je m'y suis donc intéressé pour chercher des profils intéressants en croisement. »
Ses premiers travaux publiés en 2007 avaient déjà montré les bénéfices possibles du croisement trois voies (faisant appel à trois races pures) en élevage laitier : une production laitière presque équivalente, à condition de choisir les meilleurs taureaux, des performances de reproduction améliorées, moins de pertes au vêlage et une longévité accrue.
L'EXEMPLE DES ÉLEVAGES CALIFORNIENS
Ces conclusions sont issues de l'observation de sept élevages californiens qui se sont lancés dans le croisement de leurs vaches holsteins avec deux autres races (normande, montbéliarde ou rouge scandinave) dans le but de travailler en permanence avec des animaux croisés. Mais cette étude n'a pas la rigueur d'une réelle expérimentation scientifique. Et la généralisation du croisement dans ces troupeaux a empêché la comparaison des vaches issues de deux croisements avec des holsteins pures, celles-ci ayant disparu.
D'où la nécessité de confirmer les résultats en conduisant un véritable essai.
Ce travail a été lancé par Leslie Hansen en 2008 et les premières conclusions viennent d'être publiées.
DES TAUX CELLULAIRES ÉQUIVALENTS EN PREMIÈRE LACTATION
Ils ne concernent pour l'instant que des vaches en première lactation, issues de croisements de vaches holsteins avec des taureaux rouges vikings ou montbéliards. « Une autre expérimentation est en cours dans le Minnesota en système herbager avec la normande, la jersiaise et des vikings rouges », précise Leslie Hansen. Les résultats montrent que les croisées n'ont pas à rougir de leurs performances laitières. Les données ne sont pas encore suffisantes pour modéliser les courbes de lactation, mais il semble qu'elles soient plus plates.
Les croisées obtiennent des notes équivalentes en taux cellulaires. Cependant, les problèmes de santé de la mamelle surviennent surtout à partir de la seconde lactation. Il se pourrait donc que des différences apparaissent au cours de la suite de l'essai.
LA MORTALITÉ À LA NAISSANCE EN NETTE DIMINUTION
Les croisées ont des vêlages un peu plus difficiles, notamment les vikings croisées holsteins, inséminées avec un taureau montbéliard. Mais curieusement, cela n'a pas d'impact sur la mortalité au vêlage, qui est nettement moindre pour les croisées. Compte tenu du prix des veaux, et notamment de la plus-value observée sur les mâles croisés, ce meilleur taux de survie donne un avantage économique notable au croisement. Sans surprise, l'état corporel des croisées, mesuré au cours des cent premiers jours de lactation, est meilleur. Ces vaches sont significativement plus petites, moins profondes, mais plus larges et avec des bassins plus inclinés. « Ce type de morphologie est bien plus favorable à la résistance et à la longévité des animaux. À l'inverse, la taille et la production, toujours recherchées en holstein, vont à l'encontre de cette solidité », observe Leslie Hansen.
Les mamelles des croisées sont plus volumineuses avec des trayons moins rapprochés et plus longs. Mais elles restent très fonctionnelles et il n'y a pas eu plus de réformes pour cause de mauvaises mamelles avec les croisées. En race pure, les trayons trop courts et trop proches sont fréquents, ce qui peut poser un problème en traite robotisée.
UN POURCENTAGE DE RÉUSSITE À L'INSÉMINATION ARTIFICIELLE SUPÉRIEUR
Les résultats de fertilité sont nettement en faveur des croisées. La mise à la reproduction est un peu plus précoce et le taux de réussite à l'IA est supérieur. La plupart des vaches ont été inséminées après une synchronisation des chaleurs. En deuxième lactation, les croisées vêlent donc plus tôt que les holsteins. Et il y a moins de pertes sur les vaches en début de lactation.
Ces premiers résultats se révèlent très positifs pour les croisées et confirment les observations réalisées par ailleurs. Il est trop tôt pour effectuer le bilan économique de ce type de croisement. Il sera réalisé dans deux ans, lorsque les premières croisées auront bouclé trois lactations. Il inclura donc les performances des croisées trois voies sur deux lactations. « Compte tenu du nombre de veaux vivants supérieur, de la réduction du coût de la reproduction, d'une longévité améliorée et d'un retour plus rapide en production, les résultats devraient être clairement à l'avantage des croisées », précise Leslie Hansen.
P.L.C.
Depuis 2008, Leslie Hansen, assisté de Amy Hazel, conduit une expérimentation sur le croisement, menée dans huit élevages du Minnesota.
À l'instar de Leroy et Richard Wipperfurth (135 vaches dans le Wisconsin), des éleveurs américains croisent leurs vaches pour améliorer la fertilité et la santé des animaux. Ils constatent une réduction des pertes au vélage, mais aussi de tous les problèmes de santé qui surviennent souvent à ce moment clé. Les croisées s'adaptent au modèle hors sol américain.