EN ALTITUDE, LA SÉCURITÉ DES STOCK
Dans le Massif central, entre 800 et 1 100 m d'altitude, le semis de variétés de maïs très précoces pour une récolte en ensilage répond à la recherche d'une plus grande autonomie fourragère.
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ENVIRON 500 HA DE MAÏS SONT CULTIVÉS CHAQUE ANNÉE au-dessus de 800 m, sur la frange est du département du Cantal. Un secteur qui se caractérise par une pluviométrie annuelle de 700 à 800 mm, un déficit hydrique marqué en été, des gelées précoces d'automne et deux types de sols : des terres volcaniques profondes, riches mais froides, et des sols granitiques acides et superficiels. C'est sur ces derniers, de préférence orientés au sud, que se cultivent sans irrigation des variétés de maïs très précoces.
SEMER TÔT POUR CUMULER LES SOMMES DE TEMPÉRATURE
« La pluviométrie est suffisante, jusqu'à 1 100 m. Ce sont les sommes de températures qui représentent le facteur limitant pour le maïs, explique Guy Clavilier, technicien pour le groupe coopératif Altitude. Mais la sélection propose désormais des variétés suffisamment précoces qui arrivent à maturité (32 % de MS) avant les gelées d'automne, à condition de semer suffisamment tôt. »
Dans cet environnement, l'objectif consiste à semer, à une densité de 100 000 pieds par hectare, des variétés d'indice 180 à 200, c'est-à-dire ayant un besoin de températures cumulées autour de 1 400°C pour arriver à maturité au plus tard le 10 octobre, date à partir de laquelle le risque de gel est élevé. « Cette exigence correspond à un semis réalisé fin avril-début mai et au plus tard le 15 mai, recommande le technicien. Le choix de la précocité est déterminant car entre un indice 220 et un indice 250, on gagne quinze jours sur la date de récolte. » À l'inverse, les gelées tardives de printemps, si elles ont un impact sur le rendement final, apparaissent moins problématiques : « Jusqu'au stade six feuilles, le bourgeon terminal est encore dans la terre. La plante a donc la capacité de repartir après un épisode de gel ».
La coopérative qui commercialise les semences auprès de ses adhérents, recommande l'utilisation de semences traitées contre le taupin et le mélange de deux variétés, derrière une pâture. « La plante a un besoin en eau déterminant pour la formation du grain au moment de la fécondation. Pour un semis réalisé le 1er mai, celle-ci intervient entre le 15 et le 20 juillet. À cette fin, l'association de deux variétés dont la période de fécondation est décalée est une sécurité qui permet d'allonger la période optimale de pollinisation. » Dans la pratique, avec un semoir à quatre rangs, il s'agit d'alterner deux rangs de chaque variété, ou trois rangs avec un semoir à six rangs.
MISER SUR LA COMPLÉMENTARITÉ HERBE-MAÏS EN AOP
Dans un secteur avant tout herbager et structurellement déficitaire en fourrages, le maïs participe à l'autonomie fourragère et à la réduction des quantités de concentrés. « Le déficit hydrique estival rend le deuxième cycle de pousse de l'herbe très aléatoire, explique Gérard Combelles, animateur technique du contrôle laitier du Cantal. Car, là où l'herbe est parfois grillée, le maïs sait profiter des orages d'été. »
Dans des systèmes d'élevage qui, pour la plupart, sont sous AOP cantal, l'incorporation de l'ensilage de maïs dans la ration est plafonnée à 30 %, soit 4,5 kg de MS et la quantité de concentrés à 1 800 kg/VL. Les rations hivernales, composées d'un tiers de maïs + un tiers d'ensilage d'herbe + un tiers de foin, profitent de la complémentarité entre les MAT de l'herbe et l'énergie apportée par le maïs. « Le maïs améliore la densité énergétique de la ration. C'est aussi un fourrage plus digestible, favorable à une bonne ingestion et donc à une augmentation de la quantité de lait permise par la ration de base. Globalement, il permet de réduire la part de concentrés, malgré l'augmentation de la quantité de correcteur azoté. » L'inertage ou l'ensilage du grain humide est une option qui ne semble pas retenir l'attention des éleveurs du Cantal.
PAS D'INTÉRÊT POUR LE MAÏS GRAIN HUMIDE
« La valorisation du grain seul a un véritable intérêt nutritionnel en complément d'une ration à base d'herbe. Mais dans ce cas, le maïs perd son rôle de sécurité du système fourrager. » Le maïs garantit en effet des rendements de 8 et 12 t de MS/ha, là où la production des prairies naturelles se situe entre 4 et 5 t/ha et celle des prairies temporaires de 6 à 8 t. Le maïs s'inscrit dans le cadre d'une rotation avec l'herbe. À ce titre, Gérard Combelles rappelle qu'il ne faut pas négliger cette dernière : « La culture de l'herbe reste la moins coûteuse dans nos régions. Avant de se tourner vers le maïs, il faut penser à optimiser les surfaces en herbe, notamment par la culture des prairies temporaires associant graminées et légumineuses. »
JÉRÔME PEZON
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