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JUSQU'À 50 % D'ÉCONOMIE DE FILM

Selon les marques, il est possible d'enrubanner en continu des balles rondes jusqu'à 1,60 m de diamètre et des balles carrées jusqu'à 1,70 m (ci-dessus, enrubanneuse Beaudoin). Plus les boudins seront longs, plus le débit de chantier sera accéléré.© J.P.

En dépit de performances techniques et économiques attestées, l'enrubannage en continu peine à se développer auprès des éleveurs.

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L'ENRUBANNAGE EN CONTINU CONSISTE À APPLIQUER PLUSIEURS COUCHES de film plastique étirable sur des balles rondes ou carrées. Mises bout à bout, elles constituent un silo de balles, encore appelé « boudin ». Comparée à l'ensilage monoballe, cette pratique offre une plus grande vitesse de chantier et une économie sur le plastique de 40 à 50 %. Un gain chiffré entre 1,50 € et 2 € par balle en fonction de son diamètre.

« Attention à ne pas pousser trop loin la logique économique au détriment de la bonne conservation du fourrage, prévient Pierre Lépée, conseiller en machinisme à la chambre d'agriculture de la Creuse. Cinq couches de film plastique restent nécessaires pour garantir une bonne conservation. » Réalisé sur l'arrondi de la balle, l'enrubannage en continu accepte les balles, même déformées, à condition qu'elles soient d'un diamètre identique.

Côté inconvénients, le stockage des boudins occupe davantage de place au sol que l'ensilage ou les balles individuelles, qui peuvent être empilées. Si une dérouleuse reste nécessaire pour la distribution à l'auge, la manipulation du fourrage ne requiert pas de pince à balle ronde spécifique mais, pour éviter l'échauffement du front d'attaque après l'ouverture du boudin, il faut reprendre au moins une balle par semaine, ce qui peut limiter la souplesse d'utilisation de cette méthode. Les matériels de fenaison ont énormément évolué en terme de débit de chantier.

UNE BALLE TOUTES LES TRENTE SECONDES, QUATRE À CINQ HECTARES À L'HEURE

Au bout de cette chaîne de récolte, de plus en plus rapide, une enrubanneuse en continu affiche un potentiel suffisant pour absorber une balle toutes les trente secondes, soit une centaine de balles par heure. C'est quatre à cinq hectares par heure, un débit comparable à une ensileuse automotrice. Pierre Lépée préfère calculer la vitesse de chantier sur une journée complète. « Dans ce cas, on peut raisonnablement atteindre une moyenne de soixante-dix boules par heure, soit plus d'une boule à la minute, à condition qu'elles aient été préalablement regroupées sur le lieu de stockage ». Bien sûr, plus le boudin est long, plus le débit de chantier est accéléré et en deçà de dix à quinze boules, l'enrubannage en continu ne présente pas de réel intérêt. Les systèmes d'automatisation développés ces dernières années permettent désormais à une personne seule de gérer ce chantier, en actionnant les fonctions de l'enrubanneuse à partir d'une télécommande conservée dans la cabine du tracteur. « En cas de panne électrique, le chantier n'est pas interrompu, explique François Dufraisse, représentant de la société CGAO, spécialisée dans la commercialisation d'enrubanneuses en continu de la marque Beaudoin. Le moteur thermique permet de gérer l'arrêt et le démarrage de la machineavec une clé ou au lanceur, et de contrôler l'ensemble des fonctions manuellement. » Grâce à ce moteur thermique, l'enrubanneuse en continu fonctionne de façon autonome et présente de faibles coûts d'entretien (50 à 100 €/an).

UN INVESTISSEMENT COLLECTIF DE 30 000 À 40 000 €

« Malgré les évolutions technologiques, il se vend peu d'enrubanneuses en continu, notamment dans l'Ouest, car les entrepreneurs se sont équipés et les outils vieillissent bien », constate Christian Savary, conseiller en machinisme à la chambre d'agriculture de la Manche. En effet, l'investissement dans une enrubanneuse en continu concerne, pour les deux tiers, des ETA ou des Cuma.

« La rentabilité de l'investissement initial, entre 30 000 et 40 000 pour les outils équipés de commande automatique, se calcule sur la base d'une activité soutenue, qui est comprise entre 2 500 et 3 000 boules par an, explique Pierre Lépée. Mais l'économie réalisée sur le plastique, par rapport à de l'enrubannage monoballe, paye une bonne partie de l'annuité de la machine. »

Compte tenu des économies de fonctionnement, la société CGAO estime que le matériel peut être amorti sur moins de 70 ha et en sept ans. Sur le terrain, elle constate un intérêt croissant dans les gros élevages, avec des surfaces importantes, pour l'enrubannage en continu de balles carrées. « Elles sont plus pratiques à distribuer. C'est-à-dire beaucoup moins gourmandes en énergie que les balles rondes pour être déliées directement dans la mélangeuse », indique François Dufraisse. S'il confirme un intérêt croissant pour l'enrubannage, Pierre Lépée précise que « les éleveurs semblent davantage s'orienter vers la souplesse d'utilisation permise par les presses enrubanneuses ».

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