« UN PARC STABILISÉ POUR LES GÉNISSES EN HIVER »
POUR LOGER LEURS GÉNISSES, LES ASSOCIÉS DU GAEC DES PLATANES ONT INSTALLÉ UN PARC STABILISÉ D'HIVERNAGE, SANS TOIT. APRÈS DEUX HIVERS, ILS NE REGRETTENT PAS CE CHOIX.
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POUR UNE UTILISATION PRÉVUE DE QUATRE MOIS PAR AN, les éleveurs voulaient un investissement maîtrisé. « Au moment où nous prenions notre décision, en 2007, nous nous sommes demandé si notre choix était le bon. Le prix du lait était élevé. Autour de nous, certains construisaient des “cathédrales” alors que nous, nous allions mettre en place un simple parc d'hivernage ! », se souvient Bernard Airieau.
Pour autant, les trois éleveurs – en lien avec l'Institut de l'élevage qui souhaitait établir des références sur ce thème – ont mûrement réfléchi à leur idée. Elle découle du contexte local et de celui de l'exploitation.
« Après l'installation de deux jeunes, le quota a progressé (de 470 000 à 600 000 l), le nombre de génisses de plus d'un an a suivi. Leur étable de trente places est devenue insuffisante. » Il en est de même des vaches taries.
Les associés souhaitaient éviter de garder les bêtes en pâture durant l'hiver, pour améliorer les conditions de travail et le bien-être des animaux. D'où la nécessité d'une solution nouvelle et, si possible, pas trop coûteuse. « En effet, nous ne sommes pas propriétaires du site et hésitons toujours à bâtir sur le terrain d'autrui. De plus, cela nous paraît aberrant de construire un bâtiment sophistiqué pour l'utiliser quatre mois par an. » Enfin, du fait de la proximité du bourg, il aurait été impossible d'obtenir un permis de construire pour un bâtiment traditionnel.
Les éleveurs souhaitaient que la solution retenue soit cohérente avec l'existant. Ils disposaient d'une stabulation de 57 logettes pour les vaches laitières, avec une aire d'exercice et une auge non couvertes. Les animaux sont ainsi habitués à aller dehors en hiver. Ils ont un accès direct à une vingtaine d'hectares de prairies : il était intéressant de conserver cette possibilité pour les génisses et les taries. De même, pour la gestion des déjections et des effluents : à l'heure où l'on réalisait parallèlement la mise aux normes, il était logique d'adopter une même filière de traitement pour tout l'élevage. En l'occurrence, les fumiers sont collectés en filière non couverte et les eaux brunes dirigées en contrebas du site vers un bassin tampon de sédimentation (BTS), puis épandues sur les prairies par aspersion.
Restait à définir le type de parc le mieux adapté. « Nous avions d'abord pensé à un parc de type irlandais, avec un drainage en fond et des copeaux de bois en surface. Mais leur prix risquait d'exploser à terme, du fait du développement des chaudières à bois et parce qu'ils servent fréquemment de litière dans des poulaillers hors sol, nombreux dans notre région. »
« DE L'ENROBÉ ET DE LA PAILLE »
La paille, en revanche, reste une ressource disponible : « Nous sommes autonomes dans ce domaine. » À la récolte, les éleveurs utilisent un concentrateur de menues pailles qui ramène ces dernières sur l'andain et améliore encore le volume collecté. L'autre souhait était que le futur équipement permette de constituer des lots homogènes d'animaux et facilite leur contention.
Pour toutes ces raisons, les éleveurs ont retenu l'idée d'un parc d'hivernage stabilisé avec, pour assurer l'étanchéité, un sol d'enrobé, régulièrement paillé. Il est très modulable, avec six cases de 5 m de large et 10 m de profondeur, séparées par des barrières amovibles. Chacune de ces cases comporte une zone de couchage et une aire d'exercice. Le projet prévoyait, côté ouest, une zone et un couloir de contention.
« JUSQU'À 1,50 M DE REMBLAIS APPORTÉS SUR LE VERSANT OUEST »
Après d'importants travaux de terrassement imposés par la pente du lieu – « Il a fallu apporter jusqu'à 1,50 m de remblais sur le versant ouest » – le parc a été implanté à proximité de la stabulation des laitières, sa table d'alimentation se trouvant face aux silos. Seul le chemin d'accès aux pâtures, commun aux vaches et aux génisses, le sépare de la fumière, tandis qu'un avaloir recueille les eaux brunes avant de les diriger, avec celles du reste de l'élevage, vers le BTS.
Compte tenu du caractère expérimental de l'installation, l'essentiel des travaux a été réalisé par une entreprise. « Il est vrai qu'on ne peut pas se permettre des erreurs sur certaines choses, les pentes par exemple. » Afin de faciliter l'écoulement des jus, une double déclivité de 2 % a été réalisée, de la partie couchage vers la partie exercice (en ouest-est) pour assécher la litière, et vers l'avaloir des eaux peu chargées (de sud au nord). « Il faut aussi soigner l'implantation des poteaux qui doivent être bien droits. C'est une condition pour que les barrières amovibles, d'une longueur égale à la largeur des cases, fonctionnent correctement. C'est aussi dans ce domaine qu'il y a parfois des réglages à faire. »
Pour ces raisons, les éleveurs ne sont intervenus en direct qu'en fin de course, au moment d'installer les tubulaires.
Dans la conception, de nombreux détails ont été soignés. La table d'alimentation, par exemple, est bétonnée, et non enrobée, pour des raisons sanitaires. Son rebord est constitué de deux madriers superposés, dont le plus haut peut être enlevé pour s'adapter aux animaux les plus jeunes « mais, dans la pratique, ce sont eux qui s'adaptent, et très bien ».
De même, pour les abreuvoirs de type « buvette », disposés à raison d'un pour deux cases, et à des hauteurs différentes dans le même objectif. « Il faut juste être attentif au gel. Dans ce cas là, nous coupons les abreuvoirs la nuit et nous vidangeons. Mais nous pouvons aussi avoir recours à un calculateur. »
À l'usage et à l'aube d'aborder un troisième hiver, les associés du Gaec des Platanes sont satisfaits de leur choix. « Les animaux sont propres. À la limite, il y a moins de risques sanitaires que dans un espace confiné ! Nous n'avons d'ailleurs jamais eu besoin d'intervenir pour des raisons liées à l'hivernage sans toit. Au quotidien, cela se gère quasiment comme dans un bâtiment, y compris pour le raclage et le paillage. »
« LE PARC EST TRÈS SOUPLE D'UTILISATION »
Celui-ci est réalisé trois fois par semaine à raison de 8,5 kg par animal. « Soit 100 min par semaine tout compris, selon les techniciens qui sont venus chronomètre en main ! » En fonction de la pluviométrie, il est possible de l'espacer davantage : « Avec le temps sec du printemps dernier, nous sommes restés trois semaines sans y revenir ! »
Mais ce que les éleveurs apprécient le plus, c'est la modularité du parc : « D'abord pour racler : grâce aux barrières, on peut facilement isoler les animaux sur la partie du couchage ou celle de l'exercice. Mais aussi pour les interventions sanitaires et inséminations : la plupart du temps, une personne seule peut changer un lot de place. » Les rangs de cornadis installés dans les cases des deux extrémités permettent en outre d'immobiliser les bovins si nécessaire. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles le couloir de contention attenant n'est pas encore achevé ! Autre preuve, s'il en est, de l'intérêt du dispositif : « Le parc nous donne tellement de souplesse dans la gestion des effectifs que, finalement, il nous a servi toute l'année. »
GWENAËL DEMONT
Avaloir. Du fait de la double pente du parc, toutes ses eaux brunes rejoignent un avaloir à partir duquel elles sont dirigées vers le bassin tampon de sédimentation.
Aspersion. Après leur passage en BTS, les eaux brunes du parc et celles du reste de l'exploitation sont épandues sur les prairies par aspersion.
Un jeu de barrières astucieux. Les barrières ouvrantes de tous côtés permettent d'isoler l'aire de couchage et le couloir d'exercice au moment du raclage. Elles facilitent la constitution de lots et toutes les manipulations d'animaux.
Le parc stabilisé d'hivernage est situé à proximité des silos et de la stabulation des laitières, mais aussi au débouché du chemin qui mène aux pâtures.
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