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« LE LIBRE-SERVICE EST UN SYSTÈME SIMPLE ET ÉCONOME »

Les éleveurs ont installé une planche sur l'auge : elle sert de passerelle pour accéder au sommet du tas qui culmine à plus de 3 m de hauteur.

Lors de la mise aux normes de l'exploitation, Jean-Luc et Xavier Hervé ont préféré couvrir le silo et l'aire d'exercice pour maintenir le libre-service. Ils y gagnent en temps de travail comme en investissement, et les performances du troupeau leur conviennent.

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AU GAEC DE PENKER GLAS, VINGT MINUTES SUFFISENT pour nourrir chaque jour les soixante laitières en hiver. Cette rapidité constitue un avantage majeur de l'alimentation en libre-service. La ration hivernale se compose donc d'ensilage de maïs complémenté au Dac par un correcteur azoté, un aliment de production et des minéraux. Ce système fonctionne sur l'élevage depuis l'installation de Xavier Hervé en 1993. Il l'a choisi pour des raisons économiques et a construit un silo couloir équipé d'une auge couverte. Six ans plus tard, alors que son frère Jean-Luc venait de s'installer, la question de la mise aux normes s'est posée. « Nous avions une fosse de 700 m3. Cette capacité a été jugée insuffisante, compte tenu notamment de l'importance des effluents dus à l'aire d'exercice découverte », raconte Jean-Luc. Il manquait 500 m3 de stockage.

Loin de remettre en cause leur système, comme beaucoup l'ont fait pour des raisons environnementales, les éleveurs ont préféré couvrir le silo et l'aire d'exercice. Ils ont pu utiliser les subventions dédiées au stockage pour le faire. Au total, ils ont couvert une surface de 1 200 m2, construisant une toiture à 10 m au-dessus du silo. Le projet prévoyait aussi l'aménagement d'auvents destinés à abriter des animaux et du matériel. Les éleveurs n'ont pas non plus remis en question le fonctionnement en aire paillée pour leur troupeau. Compte tenu de la taille de celui-ci, ils travaillent avec deux aires paillées entre lesquelles les vaches se répartissent sans problème. Là aussi, l'économie prime. Et puis, pourquoi changer ce qui fonctionne ?

« UN BON CONFORT DE TRAVAIL AVEC LA COUVERTURE »

Au total, l'ensemble de ces travaux a représenté un investissement de 60 000 € en 2001. Depuis, les éleveurs n'ont apporté qu'une légère modification : ils viennent de rehausser les murs du silo qui sont passés de 2 m à 3,20 m. « L'objectif était de constituer un tas plat afin de limiter les pertes. Auparavant, pour avoir assez de fourrage, nous construisions une espèce de taupinière au sommet, et la conservation était moins bonne sur les bords. »

Désormais, le bâtiment est adapté à la taille du troupeau et laisse même une certaine marge d'évolution. Avec 14 m de long sur 30 m de large, le silo offre une vingtaine de places. La norme se situe à 30 cm par vache. « Puisque les laitières y ont accès en permanence, ce silo suffit », témoigne Jean-Luc. En hiver, il passe deux fois par jour pour faire tomber le fourrage. L'objectif est de remplir l'auge pour donner de l'ensilage à volonté. Il utilise une fourche ou un télescopique et cela lui prend 10 min. Depuis que les murs ont été relevés, les éleveurs ont monté une passerelle en bois au-dessus de l'auge. Ils peuvent y grimper pour avoir accès au sommet du tas. L'entretien du silo suppose aussi de nettoyer l'auge pour enlever les refus. Il faut également l'avancer une fois par semaine, en la poussant avec le télescopique. Ceci prend peu de temps car les refus sont faibles. Enfin, tous les quinze jours, il faut avancer la bâche. Des tâches peu contraignantes selon les éleveurs, depuis que le silo ne se trouve plus à l'extérieur. En contrepartie, le raclage de l'aire d'exercice est difficilement mécanisable. Les éleveurs l'effectuent chaque jour à l'aide d'un tracteur, ce qui leur prend 10 à 15 min, en fonction de l'avancement du silo.

Si la simplicité est l'atout majeur de ce système, elle peut aussi représenter un inconvénient. Difficile en effet de sortir d'une ration maïs-soja. Certains éleveurs contournent le problème en incorporant plusieurs ingrédients dans le même silo, mais cela n'est pas simple. Les frères Hervé n'ont pas tenté cette expérience mais s'interrogent sur l'opportunité de donner de l'enrubannage pour varier la composition de la ration. Ils pourraient mettre des balles à la disposition des vaches en libre-service, mais ils craignent des consommations hétérogènes selon les animaux. Actuellement, les vaches ont toujours du foin en complément. Sur cet élevage, les génisses consomment également du maïs mais n'ont pas accès au silo des vaches. Les éleveurs réalisent un petit silo taupinière pour elles et distribuent au godet. Le système est relativement évolutif. « Nous sommes passés de 360 000 à 530 000 l de lait depuis 2008 sans modifier le système, si ce n'est la montée des murs. Et nous pourrions avoir une dizaine de vaches supplémentaires sans investir et sans trop alourdir la charge de travail », témoignent les éleveurs.

PASCALE LE CANN.

La toiture est construite à 10 m au dessus du silo. Cette configuration permet de réduire le volume d'effluents, tout en améliorant les conditions de travail.

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