DES AUGES MOBILES POUR S'AFFRANCHIR D'UN AFFOURAGEMENT QUOTIDIEN
par JEAN-MICHEL VOCORET16/11/201611 min de lecture
Pour 65 à 70 vaches, une auge double de 2 x 9 m (2 x 13 places) est nécessaire. Compter un investissement de 24 000 à 25 000 € chez Geoffroy ou Cow House (prix catalogue hors taxes). S'y ajoute le prix de l'indispensable désileuse cube.PHOTO : J.-M.V.
Deux sociétés se partagent le marché national des auges mobiles ou pousse-fourrages automatisés. Ces matériels se différencient sur quelques subtilités techniques.
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L'AUGE LIBRE-SERVICE NE MANQUE PAS D'ATOUTS pour gagner du temps et de la souplesse, le week-end, sur l'astreinte que représente l'alimentation d'un troupeau laitier. Développé aux Pays-Bas au début des années 1990 et débarqué en France en 1999, date d'installation du premier Veelink, le principe est simple : une place à l'auge pour 2,5 à 3 animaux et distribution une à deux fois par semaine de cubes d'ensilage compacts, confectionnés par une désileuse cube. Version auge double, ce sont les animaux qui se rapprochent du fourrage au fur et à mesure de l'avancement automatique de l'auge, déclenché une à deux fois par jour par l'éleveur. Version pousse-fourrage, c'est un tablier qui pousse les cubes d'ensilage vers les animaux à la table d'alimentation fixe. Cette deuxième solution convient là où l'affouragement ne peut se faire que d'un côté du couloir d'alimentation.
ATTENTION À DISTRIBUER DES CUBES BIEN COMPACTS
Outre le gain de temps sur l'affouragement, le choix d'une auge libre-service automatique présente un intérêt en termes de surface occupée, un détail pas anodin dans un bâtiment. Pour 65 à 70 vaches avec une auge double de 9 m, soit 2 x 13 places, une dalle en béton de 4,60 à 5 m(1) de large suffit. Ce choix d'équipement a aussi ses contraintes. Exit la ration complète ou semi-complète, la distribution de concentré se fera au Dac ou en salle de traite. Attention aussi au soin apporté à la réalisation et la distribution de cubes d'ensilage le plus compact possible. Éviter donc de défoncer le tas d'ensilage avec la désileuse ou de rouler trop brusquement du silo à l'auge, surtout avec un sol irrégulier. Tout cela pour éviter une reprise en fermentation trop rapide de l'ensilage distribué avec, à la clé, une flambée de butyriques. Un nettoyage scrupuleux des refus entre deux distributions s'impose donc. Il s'agit aussi de trouver le bon compromis dans l'avancement de l'auge ou du pousse-fourrage pour que les vaches ne soient pas rationnées ou n'aient pas trop à manger. En effet, elles ont tendance à consommer le haut du cube, faisant tomber à la base de l'auge un ensilage qui ne demande qu'à chauffer… surtout l'été.
La faute aux déboires du Néerlandais Veelink et aux difficultés d'approvisionnement qui vont avec, ses distributeurs ont développé au début des années 2000 leur propre matériel. D'où les deux opérateurs aujourd'hui présents sur le marché français à proposer chacun l'auge double et le pousse-fourrage. D'une part, Cow House avec l'Easy Food et le Mobimax, deux matériels made in Pays-Bas. D'autre part, Geoffroy (qui a repris l'activité de Bos, initialement importateur du Veelink) avec le Cornacub et le Pousscub, fabriqués en France. Le premier déclare une centaine d'exploitations équipées, le second cent cinquante références.
QUELQUES DIFFÉRENCES TECHNIQUES ENTRE LES MATÉRIELS
Les différences entre ces matériels se jouent sur trois points. Côté châssis d'abord. Geoffroy propose des structures monoblocs disponibles en 6, 9, 12 et 15 m pour le Cornacub, jusqu'à 15 m pour le Pousscub. Le fabricant fait aussi à la demande du sur-mesure, comme du 9,70 m pour passer entre deux poteaux de 10 m.
Même politique chez Cow House à partir de châssis modulaire de 3 m extensible jusqu'à 18 m sur l'Easy Food. Concernant les pousse-fourrages, le Pousscub est monté sur une poutre UPN de 300 ou 400 mm selon la longueur. Pas de poutre pour le Mobimax disponible en 5,40 m, 7,10 m, 9,70 m, 12 m et 15 m. La partie verticale est soudée sur une feuille en acier souple, qui fait aussi office de lame racleuse sous le cube d'ensilage.
DEUX CHOIX D'ENTRAÎNEMENT PAR MOTORÉDUCTEURS
Plus fondamentale est la différence sur le système d'entraînement par motoréducteurs. Sur l'auge Easy Food, il s'opère via une vis sans fin verticale cachée dans les montants à l'extrémité de l'auge. Placée à 1 m du sol, elle est couplée à un parallélogramme monté sur un point fixe.
Sur le Cornacub et les pousse fourrages, l'entraînement se réalise via une chaîne au sol, façon train à crémaillère, le motoréducteur étant protégé dans un carter. Petit inconvénient de la chaîne avec du foin (pas du maïs) : ce dernier peut, au fil des mois, engorger la roue d'entraînement et provoquer un déplacement un peu de biais… jusqu'au coup « d'Opinel » qui la dégagera. Autre spécificité de l'Easy Food, la présence d'un tapis en caoutchouc de 1 m de large sur la partie basse de l'auge côté cube. Quand cette dernière avance, le tapis s'enroule sous le tablier incliné. Ainsi, à aucun moment, les vaches ne marchent sur la table d'alimentation. Ce tapis vient en plus du caoutchouc dur, placé du côté des animaux, qui racle le béton quand l'auge recule. Sur le Cornacub, la propreté de la table d'alimentation se gère de façon plus simple avec deux bavettes en caoutchouc à l'avant et à l'arrière de l'auge.
JEAN-MICHEL VOCORET
(1) 4,60 m avec l'Easy Foob de Cow House, 5 m avec le Cornacub Geoffroy.