MÉLANGEUSE EN CUMA : UNE HEURE LIBÉRÉE À UN COÛT MODÉRÉ
Si la densité laitière de la tournée est déterminante sur le coût de distribution, il est en général inférieur ou égal à celui d'un équipement individuel mais avec le gain de temps en plus.
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LES RÉGIONS BRETAGNE, PAYS DE LA LOIRE ET HAUTE-NORMANDE comptent aujourd'hui 88 Cuma avec désileuse automotrice. Des groupes très variés de quatre à seize exploitations, produisant de 1,5 à 6 millions de litres de lait par an. « Plusieurs éleveurs laitiers sont actuellement en réflexion pour investir dans une désileuse en commun. Le plus difficile pour constituer un groupe est d'être prêt en même temps. Cela peut prendre six mois à plus de trois ans », analyse Baptiste Foucault, de la FDCuma de l'Orne qui compte dix Cuma avec désileuse. La première motivation des adhérents est de réduire le travail d'astreinte sur leur élevage. La FDCuma évalue la réduction du temps de travail à une heure par jour en déléguant ainsi la distribution des fourrages.
C'est aussi l'occasion de passer en ration complète mélangée pour améliorer les résultats zootechniques sur le troupeau. Mais est-ce plus ou moins coûteux que de s'équiper d'une mélangeuse en individuel ? Les FDCuma de l'Ouest annoncent un coût moyen facturé aux adhérents de 17 €/1 000 l, en tenant compte de la main-d'oeuvre salariée (voir infographie). L'utilisation d'une mélangeuse individuelle coûterait 18 €/1 000 l mais sans les frais de main-d'oeuvre. « Selon les groupes, le coût de distribution va de 10 à 20 €/1 000 l. Il ne faudrait pas dépasser 20 €/1 000 l. On est souvent au même coût que l'équipement individuel mais avec l'économie d'une heure de travail quotidienne. Il faut également tenir compte du bénéfice d'une ration mieux maîtrisée. Personnellement, je ne connais pas d'éleveur insatisfait dans ces groupes », explique Baptiste Foucault.
100 000 LITRES DE LAIT PAR KILOMÈTRE
Le rapport entre les kilomètres de la tournée et le volume produit est le paramètre important pour juger de l'efficacité économique d'une Cuma avec désileuse. « Pour un coût en €/1 000 l raisonnable pour les adhérents, il faut essayer de se situer au-delà de 100 000 litres de lait produit par kilomètre. L'idéal est, bien sûr, de réunir un maximum de lait sur un petit périmètre », estime Baptiste Foucault. Sur toutes les Cuma du grand-Ouest, la longueur des tournées s'échelonne entre 15 et 50 km. Ensuite, il y a le temps de travail du salarié et la consommation des machines, qui demandent 15 à 20 litres de gasoil à l'heure. « Le carburant et la main-d'oeuvre représentent 50 % du budget annuel d'une Cuma. L'organisation de la tournée est donc un point capital. »
S'il est aisé de connaître le nombre de kilomètres à parcourir, il est souvent beaucoup plus difficile d'évaluer le temps que la machine passera chez chaque adhérent. « Nous passons en moyenne dix à quinze minutes par lot à nourrir, mais c'est très variable selon la taille du troupeau et l'organisation du bâtiment », explique-t-il.
LA DISTRIBUTION N'EST PAS ASSURÉE LE DIMANCHE
D'une manière générale, la tournée commence sur le lieu de garage de la mélangeuse. Une fois organisée de la manière la plus rationnelle possible, elle ne bouge plus. Ce qui permet aux éleveurs d'avoir une heure de distribution précise dans la matinée.
En général, la distribution n'est pas effectuée le dimanche. La ration est donc augmentée à partir du vendredi matin (140 %) puis le samedi après-midi (160 %).
90 % des Cuma embauchent un salarié pour conduire la machine. La gestion de celui-ci est sans doute le point le plus important pour un bon fonctionnement du groupe. Le plus souvent, le temps de distribution du fourrage et l'entretien quotidien de la machine ne suffisent pas à remplir un temps complet pour le salarié. Il faut donc lui trouver une activité complémentaire compatible.
POINT CLÉ : TROUVER UN OU DEUX SALARIÉS COMPÉTENTS
« Créer un groupement d'employeurs entre les adhérents pour utiliser les services du salarié est une possibilité. » Mais que se passe-t-il pendant les congés, les week-ends ou les éventuels arrêts maladie ? « Soit un ou deux adhérents du groupe prennent en charge les absences du salarié, soit il faut embaucher un salarié remplaçant. Et ce n'est pas toujours simple de trouver les compétences requises. »
Car le salarié doit parfaitement maîtriser la conduite de la machine mais aussi être réceptif aux attentes des éleveurs sur l'alimentation de leurs animaux. C'est lui qui enregistre la ration dans l'ordinateur de bord de la machine et la compose au quotidien en fonction du nombre d'animaux par lot. « La communication doit être parfaite entre le chauffeur et les différents adhérents. Car tout le monde n'aura pas les mêmes exigences en matière de mélange. La définition du travail du salarié doit donc être la plus précise possible et une seule personne est responsable pour clarifier les rapports entre les adhérents et le chauffeur », insiste Baptiste Foucault.
Dans un même ordre d'idées, l'accès aux bâtiments, la préparation des silos (bâches relevées) et l'accès aux aliments doivent être clarifiés dès le départ chez tous les adhérents. L'objectif est que la mélangeuse y passe le moins de temps possible. Alimenter les troupeaux avec une désileuse automotrice nécessite souvent des aménagements dans les bâtiments. Ils doivent être adaptés au gabarit de la machine avec des bétons capables de supporter son poids. « À vide, ces mélangeuses pèsent entre 11 et 16 tonnes. Il faut des allées avec un minimum de 15 cm d'épaisseur de béton. Sinon, ça casse », nous confiait un éleveur. Pour gérer au mieux le risque sanitaire, la machine ne doit pas rouler dans les effluents d'élevage et chaque adhérent est tenu d'informer le groupe en cas de problèmes sanitaires sur son cheptel.
AU CHOIX, DIFFÉRENTS MODES DE FACTURATION
Chaque Cuma choisit son mode de facturation. Il combine le plus souvent le quota et le temps passé dans l'exploitation (relevé par l'ordinateur de bord de la machine). Quand il y a des ateliers d'engraissement de jeunes bovins, ils sont convertis en kilos de lait (un jeune bovin pour 2 000 kg). « La proportion quota/temps passé est le plus souvent de 50 %-50 % ou 60 %-40 %. Intégrer le temps de distribution dans la facturation incite les adhérents à s'organiser pour faciliter le travail de la mélangeuse dans les bâtiments. En contrepartie, il ne faut pas inciter le salarié à travailler trop vite ou vouloir trop simplifier les rations pour faire quelques économies », note Baptiste Foucault.
Certains groupes estiment que le quota n'est pas un bon indicateur du nombre d'animaux qui peut être variable selon la productivité du troupeau. Ils utilisent alors les UGB et le temps passé. D'autres estiment que la quantité de fourrages distribuée par la machine est le critère le plus juste. Mais les fourrages légers compromis entre les plus grosses exploitations qui ne souhaitent pas faire un trop grand nombre de mélanges, surtout le samedi, et les plus petites qui n'auraient pas un mélange de qualité avec une mélangeuse surdimensionnée par rapport au volume de leur ration », explique Baptiste Foucault. Les mélangeuses à vis verticales seraient les plus présentes. Dans l'Orne, sur dix Cuma, sept en sont équipées, deux ont une mélangeuse à pales et une seule possède une machine à vis horizontales. « Cette dernière a la réputation d'avoir un défibrage plus intense. Mais c'est au chauffeur d'adapter le temps et la vitesse de mélange. Outre le système de mélange, il faut être attentif à l'ordinateur de bord et au logiciel qui gère les rations des adhérents. Certains de ces outils sont plus ou moins faciles à utiliser par le chauffeur. » La panne est également un impondérable à prévoir dès l'achat de la machine. Le service après vente du concessionnaire peut la prendre en compte. Certains groupes passent un accord pour se faire aider par une Cuma voisine.
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