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« LE LOGICIEL GÈRE LES APPORTS DE CONCENTRÉS »

« L'interprétation de la masse d'informations fournies par le logiciel fait un peu peur au moment de la prise en main, mais il est finalement assez facile de s'approprier cet outil, même si nous ne valorisons pas encore toutes les données », expliquent les deux associés. © J.P.

L'installation du logiciel DLM, qui adapte de façon autonome les quantités de concentrés au robot en fonction du contexte économique, vise à optimiser la rentabilité du lait produit dans un environnement plus volatile.

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LE MODULE DLM DE LELY (DYNAMIC LINEAR MODEL) est proposé en option sur le logiciel du robot de traite Astronaut. Le constructeur propose deux versions : d'une part, le DLM Traite qui ajuste automatiquement le nombre de passages de chaque vache au robot en fonction de sa réponse en lait et du nombre d'animaux présents en lactation, afin d'optimiser le fonctionnement de la stalle. D'autre part, le DLM Alimentation qui règle automatiquement la quantité de concentrés distribués au robot en fonction de la réponse en lait individuelle corrigée des taux de chaque vache laitière, mais aussi du prix du concentré et de celui du lait renseigné par l'éleveur. L'objectif de cette gestion dynamique de la complémentation est d'optimiser la rentabilité de chaque litre de lait produit au-delà du lait permis par la ration de base, et non pas de viser le niveau de production le plus élevé possible. « Dans un contexte de plus grande volatilité des prix, c'est une stratégie qu'il va falloir désormais intégrer : ne pas chercher à produire les litres de lait supplémentaires qui ne sont pas rentables, souligne Éric Chauvin. C'est tout l'intérêt de cet outil. »

C'est tout d'abord en juin 2012 qu'avec son associé, ils décident de passer à la traite robotisée. Dans le même temps, la conduite du troupeau évolue vers le zéro pâturage afin d'optimiser la fréquentation du robot, dans une logique d'augmentation du potentiel de production. Rapidement, le niveau d'étable atteint une moyenne de plus de 11 000 litres/VL.

« DE 0 À 4 KG DE CONCENTRÉS DISTRIBUÉS AU ROBOT »

« Au cours de la première année passée avec le robot, nous avons dérapé sur les quantités de concentrés, explique Jérémy Despins. Mais pendant cette phase d'adaptation du troupeau, il nous a paru risqué de miser sur une stratégie économe avec un système de circulation libre où les concentrés distribués au robot incitent les vaches à venir à la traite. » C'est donc fin 2013 que le DLM est installé sur le logiciel de l'exploitation pour gérer plus finement les apports de concentrés. Coût de l'opération : 170 €/an qui correspondent aux nécessaires mises à jour. Le nutritionniste Lely accompagne la mise en route du système et la programmation des paramètres, également validés par le nutritionniste du Clasel (Contrôle laitier). Actuellement, le DLM est paramétré pour un prix du lait à 380 €/1 000 litres et un prix des aliments à 330 €/t. La ration de base à l'auge se compose de 17 kg de MS de maïs, 2 kg de correcteur base colza, 2 kg de luzerne brins longs et 1 kg de foin. Le plan de complémentation individuel distribué au robot se décline en deux phases : pendant les quarante premiers jours de lactation, la quantité de concentré de production augmente progressivement de 0,5 à 3,5 kg/VL et celle du correcteur (base soja) de 0,5 à 3 kg, quel que soit le niveau de production. Après quarante-cinq jours, compte tenu des paramètres économiques renseignés par les éleveurs, le DLM va adapter uniquement les quantités de concentré de production à la réponse en lait de l'animal. Ainsi, une vache à 20 litres de lait reçoit 0,5 kg de soja, et 1,5 kg de colza, pas de concentré. À 30 litres, elle reçoit 2 kg de concentrés de production, 2 kg de soja et 0,7 kg de colza. À 50 litres, 4 kg de concentré de production et 3 kg de soja. Du propylène est ajouté au cas par cas au-delà de 35 litres, mais aussi en fonction de l'état corporel.

« DE 110 À 220 G/L SELON LA RÉPONSE EN LAIT »

Compte tenu de ce rythme de distribution, la production a diminué de 500 l/VL pour se caler autour de 10 500 l, ce qui correspond à une consommation moyenne de 128 g/l (hors concentrés à l'auge), soit un écart type selon la réponse en lait de chaque animal de 110 à 220 g/l de concentrés. « Dans un contexte de prix du lait correct, cumulé à une baisse du prix des aliments, les concentrés sont faciles à valoriser et le logiciel présente moins d'intérêt, souligne Éric. Mais avec la baisse annoncée du prix du lait, il prendra tout son sens. À nous d'apprendre à accepter les baisses de production. La question se posera alors de savoir jusqu'où laisser baisser les quantités distribuées, sans prendre le risque de pénaliser la santé du troupeau et la fréquentation du robot. Il faudra donc garder un oeil vigilant sur l'évolution de l'état des animaux. »

Pour cela, les éleveurs pourront étayer leurs observations avec les résultats des pesées automatiques des vaches laitières enregistrées par le robot.

Par ailleurs, le logiciel prévoit la possibilité de paramétrer une limite inférieure, variable selon les objectifs des éleveurs, mais aussi une limite maximale. Enfin, la règle de programmation consiste à ne pas mettre en route la fonctionnalité du DLM avant les vingt premiers jours suivant la mise-bas, pour ne pas pénaliser le début de lactation.

« LA MAÎTRISE DU COÛT PASSE AUSSI PAR LA RATION DE BASE »

Mais produire un litre de lait économiquement viable passe aussi par l'efficacité de la ration de base. C'est pourquoi les deux éleveurs sont dans une démarche d'intégration croissante de l'ensilage d'herbe dans l'alimentation. Sur le volet équipement, ils ont un robot pousse-fourrage programmé pour cinq passages en 24 heures. « C'est un équipement complémentaire qui, en incitant les vaches à venir à la table d'alimentation, participe à la bonne fréquentation du robot de traite, aujourd'hui calée à 2,8 traites/jour en moyenne et jusqu'à 4 fois pour les plus hautes productrices. » Les 87 logettes et les 70 places de cornadis pour 53 vaches présentes favorisent également la fluidité de la circulation, l'adaptation des génisses et une bonne assimilation de la ration. « Après la fin des quotas, nous avons un potentiel de 650 000 litres, avec 60 vaches au maximum en lactations. Au-delà, il y a un risque de baisse de la fréquentation dû à une concurrence accrue, avec pour conséquences une baisse de production et une dérive des taux cellulaires que nous avons constatées dès que les intervalles de traite sont irréguliers. »

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