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DES CHALEURS PLUS DIFFICILES À REPÉRER

L'acceptation du chevauchement ne suffit plus pour repérer les chaleurs. Leur expression est plus discrète. Toutes les races sont concernées.

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LES OUTILS D'AIDE À LA DÉTECTION DES CHALEURS fleurissent sur le marché (voir p. 44). Ils sont révélateurs des difficultés que les producteurs laitiers rencontrent aujourd'hui dans leur élevage. En cause, l'acceptation du chevauchement qui, s'il reste un signe indéniable d'oestrus, n'est plus suffisant. Sa durée d'expression s'est réduite en trente ans. Elle était de 12 à 15 heures dans les années quatre-vingt, contre 5 à 7 heures aujourd'hui. L'autre évolution porte sur le nombre d'acceptations de chevauchement par oestrus. Si la présence d'autres vaches en chaleurs reste le facteur le plus influent sur son expression, cette dernière est moins démonstrative.

« En 1974, une étude indiquait que deux vaches simultanément en chaleurs acceptaient chacune 30 à 50 chevauchements. Trente ans après, les essais de la station Inra de Méjusseaume (Ille-et-Vilaine) montrent qu'elles en acceptent cinq fois moins », précise Erwan Cutullic, chercheur spécialiste de la reproduction. Parmi les explications figure le mode de logement. Les stabulations aménagées en logettes + aires bétonnées rendent moins aisées le chevauchement et son acceptation. C'est logique. Les sols relativement glissants n'apportent pas une stabilité suffisante. Les vaches se sentent moins en sécurité sur leurs appuis. Les Irlandais l'ont vérifié l'an passé par l'observation et par des outils d'aide à la détection en stabulation à logettes et au pâturage. Les résultats sont sans appel. En bâtiment, 43 % des chaleurs sont détectées par acceptation du chevauchement contre… 86 % au pâturage. « Les sols portants des prairies y sont propices. Il ne faut pas hésiter à utiliser des aides à la détection, par exemple des ampoules sur le dos, de type Kamar, pour faciliter leur dépistage », recommande Erwan Cutullic.

PRODUCTION ÉLEVÉE, CHALEURS MOINS EXPRIMÉES

Le logement en aire paillée favorise aussi ce comportement. C'est ce que montre le Centre d'élevage Lucien Biset, à Poisy (Haute-Savoie), qui loge son troupeau en aire paillée. Pendant trois hivers, l'acceptation du chevauchement de 30 vaches y a été observée directement par l'éleveur ou par caméra de surveillance. Résultat : plus de 80 % des chevauchements sont repérés par l'une ou l'autre méthode.

On vient de le voir. Les stabulations à logettes ne sont pas propices aux chevauchements. Les boiteries peuvent aggraver la situation. « Les vaches cherchent moins le contact et se rendent moins attractives », indique le jeune chercheur. Le niveau de production laitière joue également un rôle. À la station Inra du Pin-au-Haras (Orne), l'analyse de la progestérone dans le lait couplée à l'observation des animaux, le met en évidence. « Plus la production laitière est élevée la semaine de l'ovulation, moins les vaches manifestent de comportements de chaleurs, même si les laitières sont maintenues en bon état corporel, constate Erwan Cutullic. Le premier à en subir les conséquences est l'acceptation du chevauchement. Elle a deux fois moins de chance d'être exprimée avec une production de 40 kg/jour la semaine de l'ovulation qu'avec 20 kg. »

On aurait pu croire que ces conclusions concerneraient uniquement la race prim'holstein. Il n'en est rien. Le Pin-au-Haras établit qu'elles s'appliquent à toutes les races. L'explication pourrait être physiologique. Produire plus impose en effet une ingestion d'aliments plus importante et une circulation du sang plus rapide. Les hormones progestérone et oestradiol qui interviennent dans le cycle de la vache seraient donc éliminées plus rapidement au niveau du foie. « Pour des vaches à 30 kg delait par jour, 17 % d'ovulations ont été détectées en plus en prim'holstein », illustre-t-il en reprenant ses travaux 2006-2008 au Pin-au-Haras. « Pour atteindre ce niveau de production, les normandes doivent s'alimenter davantage. »

QUATRE À CINQ SIGNES PENDANT QUINZE MINUTES

L'acceptation du chevauchement ne suffit plus. Il faut désormais utiliser les autres signes comportementaux : caresses et cajolements, reniflage de la vulve, pose du menton sur la croupe. Après observation visuelle, enregistrement vidéo jour et nuit et analyse de la progestérone dans le lait, la station Inra de Méjusseaume a constaté une répétition de ces signes sexuels pendant les chaleurs. « En bâtiment et pour une vache à plus de 8 000 kg, si l'éleveur observe quatre à cinq signes pendant 15 min, il doit la considérer en chaleurs. S'il exige plus de cinq signes, il peut passer à côté. S'il retient moins de quatre signes, il risque de classer des fausses chaleurs en vraies. »

Cette méthode ne signifie pas pour autant que toutes les ovulations seront repérées. Le suivi vidéo en continu a décelé 14 % d'ovulations totalement silencieuses.

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