« FAIRE DU SUR MESURE DANS CHAQUE PARCELLE »
Gilles Gosselin fait partie des fermes Déphy qui testent des alternatives agronomiques pour réduire les phytos.
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SANS REMETTRE EN CAUSE L'ORGANISATION CULTURALE ET FOURRAGÈRE du Gaec, Gilles Gosselin, en charge des cultures, est motivé pour abaisser la pression phytosanitaire. En 2013, l'indicateur de fréquence de traitement herbicides (IFT) est passé sous la référence normande, l'IFT hors herbicides sous le demi-point (0,38), le plus bas des six fermes laitières de son groupe Déphy (onze groupes normands dans le cadre du plan national Ecophyto). « Je n'ai pas mis de raccourcisseur sur blé cette année-là, ce qui a nettement diminué l'IFT, se souvient-il. Depuis deux ans , comptant sur la minéralisation de la matière organique en sortie hiver, je reporte à l'épiaison les 40 kg/ha d'azote minéral habituels au tallage. » Parmi ses objectifs, éviter la verse par un couvert végétal trop dense. « Cela n'a pas fonctionné en 2014. Le blé dense et la météo pluvieuse m'ont incité à appliquer un raccourcisseur. Le rendement est resté satisfaisant : 82 q/ha, contre 88 q en 2013. En revanche, l'IFT hors herbicides du blé est passé de 0,84 à 2,12. » L'autre raison à cet apport différé : contenir dans la céréale le gaillet gratteron qui « aime » l'azote.
L'ALTERNANCE BLÉ-MAÏS
Tous les ans, 70 à 72 ha sont emblavés dans une rotation blé-maïs. Le maïs sur maïs est rare. « Cette configuration est intéressante, estime Jacques Girard, animateur du groupe Déphy. L'alternance cultures d'hiver et de printemps freine la levée des adventices vivaces et annuelles. »
BLÉ : SEMER EN NOVEMBRE
« L'ensilage jusqu'à la mi ou la fin octobre oblige aussi à semer les céréales vers la mi-novembre. C'est une bonne chose, poursuit-il. Cela retarde la levée des mauvaises herbes au printemps. » Analyse partagée par Gilles : « J'essaie de reculer le désherbage du blé au stade épi 1 cm, voire au-delà, pour mener la rémanence de l'herbicide le plus proche possible de la récolte. Comme mon autre objectif est de traiter en réduction de dose en post-levée de la mauvaise herbe, selon les conditions météo, il faut trouver le bon compromis. »
L'abandon cette année des 5 ha de colza pour l'orge supprimera totalement en 2015 les semis d'octobre. Une culture dont le désherbage devient délicat à cause des 50 ha couverts de moutarde l'hiver et des 8 ha de colza fourrager pour les vaches.
TESTER DES MÉLANGES DE VARIÉTÉS RÉSISTANTES
L'éleveur choisit des variétés de blé résistantes aux maladies. Il est encore à la phase du test pour les mélanger. L'an passé, il a réalisé deux mélanges d'un hectare : l'un avec la multirésistante Cellules et la plutôt sensible à la rouille jaune Allez y, l'autre avec Altigo et Lyrik. « Altigo, semée aussi en pur, s'est révélée sensible à la rouille jaune. Lyrik ne l'a pas contrecarrée. Je suis intervenu rapidement à faible dose avec un fongicide spécifique, relayé ensuite par un produit à spectre plus large »Il a reconduit le mélange Cellules et Allez pour vérifier sa pertinence en le portant à 3 ha. « Créer des mélanges n'est pas si évident. Il faut que la précocité des variétés soit compatible et que l'ensemble soit adapté à la précocité de la parcelle. Sur des terres hétérogènes, le choix est limité. »
MAÏS : TROIS ACTIONS POUR CONTENIR LES ADVENTICES
« Je ne laboure pas avant le blé. Je sème avec un combiplow et une herse rotative. Je gagne du temps et du carburant, et j'essaie de préserver la matière organique du sol. » À deux exceptions près : lorsque la parcelle est abîmée par un chantier d'ensilage difficile et après une prairie pour ne pas retrouver du ray-grass anglais au printemps. Tous les ans, 4 à 5 ha sont retournés, compensés par une implantation équivalente. « Convertir chaque année une parcelle de culture en prairie temporaire concourt à contenir les mauvaises herbes. » En avril, avant le maïs, il laboure aussi les 15 ha de ray-grass d'Italie en intercultures. « Couvrir le sol l'hiver contribue à étouffer les mauvaises herbes », intervient Jacques Girard. L'éleveur privilégie ensuite un désherbage en prélevée du maïs à 75 % de la dose. « Si la météo n'est pas favorable, je peux pousser le traitement de rattrapage à dose réduite à 5 feuilles du maïs. Dans tous les cas, j'adapte mon intervention à la flore du champ. » L'autre rattrapage serait un ou deux binages avec une simple bineuse, surtout par temps sec. « C'est plus facile à gérer qu'un désherbinage qui nécessite un temps humide pour le produit et sec pour le binage. » Testée en 2012, l'expérience n'a pas été renouvelée.
C. H.
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