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« ÉCHAPPER À LA FLUCTUATION DU PRIX DES INTRANTS »

- L'EXPLOITATION - À Saint-Floxel (Manche) - 1 UTH - 306 000 l de quota - 45 prim'holsteins ou croisées red holsteins - 7 800 kg de lait brut par vache à 40,35 g/kg de TB et 33,2 g/kg de TP - 76 ha dont 43 de prairies permanentes et 10 de prairies temporaires, 17 de maïs, 3 d'orge et 3 de triticale - 24 ha de prairies autour de l'exploitation, 20 ha à 25 km - 10 boeufs vendus par an - Mise aux normes et extension de la stabulation en 2010

Anthony Marie, installé en septembre 2007 sur une exploitation hors cadre familial, renouvelle ses prairies en les enrichissant de légumineuses. Objectif : réduire les achats de correcteur azoté.

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IL FAUT ÊTRE PLUS GESTIONNAIRE QUE TECHNIQUE POUR CONDUIRE SON EXPLOITATION. » Depuis son installation hors cadre familial en septembre 2007, Anthony Marie ne connaît que les fluctuations du prix du lait et des intrants. Après l'envolée du prix du lait en 2008, il a pris de plein fouet sa chute en 2009. Les effets se font encore sentir aujourd'hui. « En juillet 2009, j'ai abaissé ma rémunération mensuelle de 200 €. Je prélève depuis 800 par mois. Je ne suis pas en mesure de revenir au niveau du Smic. » Autre décision ce mois-là : la souscription d'un emprunt à court terme de 7 800 €, garanti sur la vente de boeufs, pour soutenir sa trésorerie. Il n'hésite pas non plus à utiliser son ouverture de crédit de 7 000 € qu'il a d'ailleurs renégociée à 10 000 € cet hiver. De même, il obtient auprès de sa banque un différé d'un an pour le remboursement du capital d'emprunts matériel, soit un allégement de 2 000 €. « Et je n‘ai pas eu de scrupules à déposer des dossiers de prise en charge de frais financiers », ajoute-t-il. En 2009-2010, il perçoit 5 400 € dans le cadre des mesures nationales de soutien exceptionnel à l'agriculture.

« JE DÉVELOPPE UNE AUTONOMIE PROTÉIQUE »

Le montant de son installation pèse lourd. Il laisse peu de marge de manoeuvre à Anthony en cas de chute du prix du lait et de flambée des intrants. Aux 236 000 € initiaux pour l'achat du corps de ferme, du cheptel, du matériel et des stocks fourragers, il a fallu ajouter 105 000 € d'emprunts en 2009-2010 pour la mise aux normes, l'extension du bâtiment et sa transformation en 52 logettes (montant total de l'investissement : 158 000 € dont 28 000 € d'aides PMBE). « Je sais que pour les huit à dix prochaines années, je dois faire face à 38 000 d'annuités au moins. »

De ces quatre années d'aléas, il a tiré plusieurs enseignements pour le futur. Le principal est d'évoluer vers un système de production moins dépendant de l'achat d'intrants, et échapper ainsi aux fluctuations des prix des céréales, du soja et des engrais. Il utilise déjà son orge pour fabriquer un concentré de production pour vaches laitières avec un correcteur azoté tanné et un aliment pour veaux avec du tourteau de colza. Il veut aller plus loin en réduisant les correcteurs azotés grâce au pâturage d'associations graminées + légumineuses, et à la distribution en hiver de fourrages plus riches en protéines. « J'ai commencé le renouvellement des prairies permanentes en prairies multi-espèces autour de la stabulation. 3 ha de ray-grass d'Italie + trèfle violet ont aussi été implantés pour les distribuer cet hiver aux vaches en ensilage. À l'automne, j'ai l'intention de semer 1,5 ha d'un mélange de différents trèfles. Il sera sans doute enrubanné pour l'introduire dans la ration hivernale 2012 », énumère-t-il. La formation BTPL, suivie avec onze autres éleveurs l'hiver dernier, le conforte dans cette orientation. Le coût de concentrés de l'atelier lait (vaches + génisses) est inférieur de 3 €/1 000 l à celui de ses collègues (73,50 € contre 76,40 €/1 000 l).

« La baisse du coût des concentrés passe aussi par l'achat des aliments à des prix compétitifs », estime-t-il. Ainsi, tablant sur un prix de l'aliment toujours à la hausse, vient-il de commander 10 t de tourteau de colza pour novembre à 260 €/t.

« JE PEUX RÉPONDRE À LA DEMANDE DU MARCHÉ »

D'une façon plus générale, le jeune éleveur est désormais à l'affût des solutions financières les plus avantageuses : achat en morte-saison, paiement à la livraison pour bénéficier d'un escompte, comparatif de prix entre cabinet vétérinaire et coopérative sur les vermifuges et les vaccins et, tout récemment, adhésion à un groupement d'achat pour la commande des semences de maïs, des engrais et du fuel. « Le coût fourrager de mon atelier lait est supérieur de 8 /1 000 l à celui des onze collègues BTPL (46,20 contre 38,30 /1 000 l en 2009-2010). Je n'ai pas l'intention de réduire ma surface en maïs, ou seulement d'1 ou 2 ha. J'espère néanmoins diminuer le coût fourrager en négociant le prix des intrants. » Il a entamé aussi une gestion plus fine de la fertilisation du maïs. Les analyses de terre réalisées cette année ont démontré un excédent en phosphore et potassium. Il a donc refusé sans état d'âme une proposition commerciale pour un engrais complet.

Anthony Marie produit seul un quota de 306 000 l. « J'ai la capacité de produire 100 000 l de plus sans nouveaux investissements. » Installé sur 277 000 l, il s'est déjà adapté à une hausse de quota de 29 000 l entre 2008-2009 et 2009-2010. Il met tout en oeuvre pour réaliser le prêt de fin de campagne. Les deux à trois vaches en plus pour fournir du lait doux aux veaux apportent la souplesse nécessaire. « Afin de livrer la rallonge de 5 % en 2010-2011, leur lait a été vendu les derniers mois de la campagne et les veaux ont été allaités à la poudre de lait. » Et si son volume à produire progressait de façon importante, il est prêt à abandonner l'atelier de boeufs. Les douze génisses logées dans la stabulation laitière laisseraient leur place et seraient hébergées dans le bâtiment des boeufs. Sa structure permet d'envisager cette évolution. 24 ha de prairies sont répartis autour du bâtiment et facilement accessibles. Il gère quasiment seul le déplacement des vaches et des génisses. De plus, son travail est essentiellement concentré sur l'activité laitière. Peu équipé en matériel, il délègue les travaux des champs à la Cuma qui emploie deux salariés.

« JE MISE SUR LES TAUX POUR SÉCURISER LE PRIX DU LAIT »

Dans l'immédiat, Anthony s'efforce de conforter son prix du lait pour mieux résister à une prochaine crise. Déjà en qualité « super A » en cellules et germes, il mise surtout sur les taux. Il introduit un taureau red hosltein à partir du printemps après la saison d'inséminations prim'hoslteins, avec l'espoir d'une amélioration du TB (40,35 g/kg). « Le bol mélangeur commandé pour septembre devrait aussi avoir une incidence. » En 2009-2010, Anthony a dégagé un EBE de 68 700 €. Le prévisionnel 2010-2011 reste à ce niveau. L'éleveur a besoin de dégager plus pour faire face sereinement à ses annuités et surtout mieux se rémunérer.

CLAIRE HUE

- L'EXPLOITATION - À Saint-Floxel (Manche) - 1 UTH - 306 000 l de quota - 45 prim'holsteins ou croisées red holsteins - 7 800 kg de lait brut par vache à 40,35 g/kg de TB et 33,2 g/kg de TP - 76 ha dont 43 de prairies permanentes et 10 de prairies temporaires, 17 de maïs, 3 d'orge et 3 de triticale - 24 ha de prairies autour de l'exploitation, 20 ha à 25 km - 10 boeufs vendus par an - Mise aux normes et extension de la stabulation en 2010

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