« Nous avons construit un bâtiment compactet économique »
Soucieux de dégager du revenu avec une charge de travail maîtrisée, Jérôme Tondeux a misé sur une production élevée avec des vaches productives. Son bâtiment allie confort, économie et évolutivité.
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Éleveur à Gévezé (Ille-et-Vilaine), Jérôme Tondeux cherche à gagner de l’argent tout en disposant de temps disponible pour s’occuper de sa famille. Cet objectif le guide au quotidien. C’est sur cette base qu’il a réfléchi à son bâtiment lorsqu’il s’est installé avec son père, Albert, en 2015. « Avant mon arrivée, l’élevage produisait 320 000 litres de lait sur une aire paillée avec une quarantaine de vaches à 8 200 kg de lait », explique le jeune éleveur. La traite s’effectuait dans une 2 x 4 aménagée en 1990, le bâtiment datait de 1982 et était saturé.
Jérôme a apporté 150 000 litres de référence, issus d’une première installation sur une autre ferme. Il a racheté un contrat pour pouvoir livrer 250 000 litres supplémentaires à Lactalis. Et surtout, il a réfléchi au système de production et à l’investissement dans un bâtiment. Car l’ancien ne pouvait pas accueillir davantage d’animaux.
« Je voulais un bâtiment économique avec un robot de traite. Il fallait qu’il soit compact pour que les vaches ne soient jamais loin du robot », précise l’éleveur. En effet, le départ à la retraite de son père étant prévu pour fin 2017, il fallait donc l’anticiper afin que Jérôme puisse conduire l’élevage seul et produire 700 000 litres tout en gardant la souplesse dont il a besoin dans son organisation familiale. « Pour dégager un maximum de revenu, il faut produire le plus possible. » Cette recherche de productivité du bâtiment justifie l’achat d’un contrat. Mais dans le même temps, l’éleveur a révolutionné la conduite du troupeau de manière à augmenter très fortement la productivité des animaux. « J’ai tout misé sur la production. Nous avons abandonné le pâturage. »
Avec des vaches très productives, le besoin en places est réduit, ce qui limite l’investissement. Il a visé 70 places, ce qui impliquait de faire monter la production par vache à 10 000 litres. En raison de la topographie, le bâtiment est orienté au sud-ouest. Sinon, la pente (4,5 %) aurait imposé des surcoûts importants pour le terrassement. Et les évolutions futures auraient été compliquées. Dans cette configuration, le bâtiment peut être doublé en longueur et en largeur. Cette orientation a imposé de fermer complètement avec du bardage en bois à claire-voie sur trois côtés et des tôles le long des logettes. Celles-ci sont disposées sur trois rangs, avec une table d’alimentation sur toute la longueur dans un bâtiment de 20 m sur 42 m. Il accueille les vaches en production, le bureau et un box à vêlage. Pour des raisons économiques, tous les autres bovins, y compris les veaux, sont logés dans les anciens bâtiments, distants d’une vingtaine de mètres. On y trouve un deuxième box à vêlage.
« Pour des vaches qui ne sortent pas, le confort est primordial »
Jérôme a opté pour un robot d’occasion (Lely A2). En comptant la rénovation par le constructeur, la mise à jour des logiciels, le remplacement de certaines pièces et la pose, l’investissement se monte à 55 000 €. Un montant jugé raisonnable par l’éleveur.
Pour équiper son bâtiment, il a cherché un compromis entre les coûts et le confort des animaux. « Pour des vaches qui ne sortent pas et dont on attend une forte production, le confort est primordial », estime-t-il.
Il a opté pour des logettes flexibles avec des matelas sur lesquels il épand un peu de farine de paille (600 g/logette/jour, en deux fois). C’est confortable et peu gourmand en temps de travail. « Je ne voulais pas de paille. C’est moins facile à gérer avec une fosse géomembrane, et je voulais limiter la poussière dans le bâtiment. De plus, les génisses sont sur une aire paillée. J’ai donc suffisamment de fumier. » En revanche, il a renoncé aux cornadis, sauf sur deux panneaux. Il estime que cela suffit pour bloquer les quelques vaches qui en ont besoin. Pour le reste, il a posé des barres au garrot flexibles. Il dispose ainsi d’un total de 69 places à l’auge : 50 avec la barre au garrot et 19 places au cornadis.
Cet espace avec cornadis sert de box d’isolement, notamment pour réaliser les échographies. L’éleveur programme le robot qui dirige les vaches concernées dans le box.
Les fosses sous caillebotis, trop chères
Le bâtiment fonctionne avec une ventilation dynamique. Un décalage de la toiture au niveau du faîte facilite l’évacuation de l’air. Le système fonctionne bien quand il y a du vent. Mais quand il fait très chaud, la température monte à l’intérieur. D’autant plus qu’il y a beaucoup de translucides.
En été, Jérôme ouvre toutes les portes situées sur les pignons. Cela améliore la circulation de l’air. Car les fortes chaleurs ne conviennent pas aux vaches et engendrent de coûteuses pertes de production.
Jérôme avait envisagé de construire une fosse sous caillebotis, mais il a renoncé en voyant les devis. Il a préféré une fosse extérieure en géomembrane de 1 500 m3 pour 23 000 €. C’est deux fois moins cher qu’une fosse en béton. Le racleur fonctionne avec des cordes, un système que Jérôme juge plus pratique car si nécessaire, il peut facilement réparer lui-même. Et ce mécanisme est moins bruyant, ce qui améliore le confort. La fosse est déportée par rapport à l’axe du bâtiment afin de ne pas bloquer de futures évolutions. En bout de bâtiment, le lisier est évacué via un canal en tuyau annelé avec un système de flushing. « La pompe se déclenche quand le racleur a terminé et que le tuyau est plein. Elle provoque un effet chasse d’eau, avec les eaux blanches, et propulse le lisier dans la fosse. »
Des outils pour agir à distance
Les couloirs sont en béton. Au début, les vaches ne glissaient pas, sauf parfois en été. Mais cela n’a pas duré. Cette année, Jérôme a fait scarifier le béton. Un pré-refroisisseur a été installé. Tous les abreuvoirs, sauf un, sont alimentés avec de l’eau tiède. La préférence des vaches pour ceux-là est très nette. Jérôme habite à 6 km du siège d’exploitation et le robot ne dispose pas de l’option de détection de chaleurs. Il a donc prévu des moyens de surveillance à distance.
Une caméra fixe à infrarouge est dirigée sur le box à vêlage dans l’ancien bâtiment. Dans le nouveau, une caméra pivotante (dôme infrarouge) permet de visualiser toute la surface intérieure. Il peut zoomer si nécessaire. Une troisième caméra permet de surveiller les abords. De plus, Jérôme peut prendre le contrôle de l’ordinateur avec son téléphone portable et intervenir de n’importe où.
L’éleveur a travaillé avec Eilyps pour construire son projet, et il en a été très satisfait. « Nous avons eu notre premier rendez-vous le 19 janvier 2015. Le premier coup de pelle a été donné le 19 juin et la mise en service s’est faite le 5 janvier 2016. » Le bâtiment a tout de suite bien fonctionné. Jérôme passe deux heures le matin pour s’occuper de l’ensemble des animaux, veaux compris. Exigeant sur la propreté, il nettoie les logettes trois fois par jour. La qualité du lait est impeccable avec des taux cellulaires compris entre 150 000 et 180 000 en moyenne. « On a eu deux poussées de cellules en août et septembre, sans doute à cause de la chaleur. »
Deux points sont cependant à revoir. Deux semaines après la scarification du béton, des problèmes de pieds sont apparus. « Le raclage est moins efficace et la surface reste humide. Je vais poser des balais sur les racleurs pour permettre un meilleur assèchement. » L’autre problème concerne la ventilation en été. Jérôme va installer un brumisateur et des ventilateurs. Au total, il va ainsi investir 5 000 € supplémentaires.
Les vaches sont nourries en ration semi-complète, à base d’ensilage de maïs, luzerne déshydratée, colza, paille, coques de soja et orge. La ration est équilibrée pour 30 litres de lait et les vaches reçoivent en moyenne 500 g de concentré par jour au robot. Entre janvier et décembre 2016, la production est montée de 3 000 litres/vache. Elle s’élève aujourd’hui à 11 800 litres/vache à 38 de TB et 33 de TP.
Un prix d’équilibre à 200 € les 1 000 litres
L’exploitation rembourse 2 549 €/mois pour payer son nouveau bâtiment. Le prix d’équilibre du lait se limite à 280 €/1 000 litres, malgré le récent investissement. En supprimant le blé pour faire davantage de fourrages, l’exploitation peut produire 900 000 litres. Jérôme est plutôt serein. « J’aurais souffert davantage depuis deux ans si je n’avais pas maximisé ma production. »
Mais déjà, d’autres évolutions se préparent. Céline, l’épouse de Jérôme, va s’installer avec lui en décembre, peu après le départ d’Albert. Elle a obtenu un volume contractuel de 200 000 litres. Le bâtiment s’adapte. « Nous allons transformer l’un des box paillés pour aménager six logettes supplémentaires. Nous allons aussi installer un deuxième robot d’occasion pour 33 000 €. L’emplacement est prévu. » Au total, ce sont 40 000 € supplémentaires qui seront investis pour produire ces 200 000 litres. L’assolement va être revu pour augmenter la production fourragère. « Nous allons arrêter le blé et le colza, augmenter la luzerne et réduire les dérobées », précise Jérôme, satisfait de l’adaptabilité de son bâtiment et de son système.
Pascale Le Cann
Moins de 400 000 € pour produire 900 000 l de lait | |
Montant HT hors terrassement | |
Études, permis | 5 140 € |
Maçonnerie | 101 924 € |
Charpente, couverture | 91 771 € |
Robot rénové | 61 557 € |
Équipement général |
76 609 € |
Traitement de l’eau | 5 200 € |
Vidéosurveillance | 3 800 € |
Total première tranche de 66 places | 346 002 € soit 5 242 €/place |
Scarification des bétons | 1 000 € |
Brumisation, ventilation et pose de balais sur le racleur | 5 000 € |
2e robot, pose comprise | 33 000 € |
Aménagement de 6 logettes | 7 000 € |
Total deuxième tranche | 46 000 € |
Total pour 72 places | 392 002 € soit 5 444 €/place |
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