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« LES NICHES SONT UN BON COMPROMIS ENTRE SANTÉ DES ANIMAUX ET TRÉSORERIE »

« Nous avons hésité à élever les veaux dehors, expliquent Danièle et Alexandre. Aujourd'hui, nous ne reviendrions pas en arrière. »PHOTOS © J.P.

À la suite de la construction d'une nouvelle stabulation, Danièle et Alexandre ont misé sur l'élevage des veaux en semi-extérieur pour réduire les coûts sans pénaliser les résultats sanitaires.

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L'INCENDIE DE LA STABULATION, au début de l'hiver 2009, est à l'origine d'une réflexion concernant le relogement de tout le troupeau. Ainsi, la partie du bâtiment ayant échappé aux flammes a été consolidée pour accueillir les taries et les génisses. Sur une parcelle située en plaine, à environ 1,5 km, le couple a fait construire une nouvelle stabulation à aire paillée pour le troupeau laitier. Les travaux ont duré dix-huit mois. Pendant ce temps, ils ont eu la chance de bénéficier des installations d'un voisin récemment parti à la retraite. Pour une question d'organisation du travail, les veaux sont installés sur le site des vaches laitières en niches individuelles puis collectives. « Nous avons visité plusieurs modèles de nurseries dont le coût était élevé, compte tenu de l'état de notre trésorerie à la suite de l'investissement dans la stabulation, se souvient Alexandre. Après avoir beaucoup hésité à élever les veaux à l'extérieur, c'est donc d'abord pour des raisons économiques que nous avons opté pour le système de niches, sur les conseils de notre vétérinaire. Aujourd'hui, nous ne ferions pas demi-tour. »

« NOTRE CHOIX POUR LIMITER L'INVESTISSEMENT »

Les niches à veaux sont installées à une dizaine de mètres de la laiterie sur une surface stabilisée. Jusqu'à l'âge de trois semaines, les veaux sont élevés en niches individuelles (Calfotel) équipées d'un parc amovible à l'avant. Montant de l'investissement : 550 € x 10 niches = 5 500 €. De trois semaines à quatre ou cinq mois, ils passent ensuite en niches collectives (Cosyhome, chez Agrotel). Montant de l'investissement : 1 600 € x 4 niches = 6 400 €. Ces niches collectives, elles aussi équipées d'un parc avant, offrent une capacité d'accueil de six veaux. C'est suffisant pour loger les futures génisses de renouvellement, dans le cadre d'une conduite en vêlages étalés impliquant une dizaine de mises bas maximum pendant les mois d'hiver. Les mâles, à l'exception de cinq ou six engraissés chaque année, sont vendus à huit jours. Les femelles ont donc été élevées dans ces conditions de semi-plein air pendant l'hiver 2012-2013 (voir photo ci-dessous), selon un programme d'allaitement à base de colostrum maternel lors des premières 48 heures, avant de passer au lait reconstitué en deux repas par jour. En complément, elles ont reçu un aliment floconné dès les premiers jours de vie avec de la paille à volonté, avant de recevoir un aliment floconné enrichi en fibres de luzerne à partir d'un mois, puis un aliment deuxième âge à un mois et demi.

Ni les mères ni les petits n'ont été vaccinés préventivement contre les maladies respiratoires ou digestives.

« NOUS N'AVONS PAS EU DE MORTALITÉ À -20°C »

« Le site se trouve en plaine, sans arbres, ouvert à tous les vents. Par ailleurs, au cours de ce premier hiver en niches extérieures, la température est descendue à - 20°C pendant une douzaine de jours, se souvient Danièle. Nous avons eu très peur au cours de ces épisodes de grand froid mais, finalement, l'hiver est passé sans la moindre mortalité pour cause de diarrhée ou de pneumonie. À l'extérieur, les veaux profitent du moindre rayon de soleil, même avec la neige, nous les retrouvions couchés dans leur parc. »

Seul bémol, le confort de travail des éleveurs en conditions humides et une augmentation de la consommation de paille pour la litière. « Avec les fortes pluies, il faut pailler tous les jours, car les veaux ramènent de la paille mouillée dans les niches et la litière est souillée plus rapidement. Nous avons eu par ailleurs des remarques de la laiterie concernant l'écoulement des jus de l'aire paillée à la saison des pluies. »

C'est donc pour être aux normes et travailler à l'abri des intempéries qu'en 2013, les éleveurs se lancent dans la construction d'un chapiteau pour couvrir les niches. Un chapiteau conçu par Agrotel avec les mêmes matériaux que les niches Cosyhome.

Montant de l'investissement : 9 000 €, soit un coût total pour le logement des veaux de 20 900 € pour 30 à 35 veaux élevés/an (633 €/veau). Ainsi à l'abri, les niches collectives sont paillées une fois par semaine (20 kg par niche + un produit minéral asséchant et désinfectant) et curées une fois par mois à l'aide du télescopique sans les déplacer. Les niches individuelles sont systématiquement lavées au nettoyeur à haute pression entre deux veaux et un bactéricide est appliqué sur le sol.

« LES ANIMAUX S'ADAPTENT FACILEMENT »

L'un des avantages de cette installation est de pouvoir facilement constituer des lots d'animaux de même gabarit et de faire un vide sanitaire entre chaque lot, ou entre chaque veau pour les niches individuelles. « Si les veaux sont élevés en niche depuis les premiers jours, il n'y a pas de problème vis-à-vis du froid, ils sont capables de s'adapter, analyse Jérôme Larcelet, conseiller Optival (contrôle laitier de Lorraine). La température dans la niche n'est pas aussi basse qu'à l'extérieur. Dans ce système, la ventilation naturelle est beaucoup plus facile à gérer car, dès que l'on ferme, on prend le risque de créer des courants d'air. En outre, à trop vouloir confiner les veaux, on les rend moins résistants aux conditions d'ambiance lorsqu'ils passent dans des bâtiments avec beaucoup de volume et des températures froides après la phase d'élevage en nursery. »

Sur la ferme, le taux de mortalité de 8 % est le signe d'une bonne maîtrise des conditions d'élevage, tout comme l'âge moyen au premier vêlage de 27 mois. « L'avantage de ce concept de semi-plein air est aussi et surtout économique, comparé à un investissement de 1 000 à 1 200€/veau en nursery. »

JÉRÔME PEZON

La niche collective d'Agrotel a des parois en panneaux alvéolés lavables de 1,20 m de haut pour faire écran au vent froid et traitées anti-UV et antimoisissures. L'armature est en tubes galvanisés et la couverture, ignifugée et traitée contre les moisissures, est en bâche PVC bicouche qui filtre les UV pour éviter l'effet de serre.

La nursery est composée de 4 Cosyhome et 10 niches individuelles sous 130 m2 (10 x 13 m). Un filet brise-vent (plein jusqu'à une hauteur de 1,20 m), actionné par un moteur électrique, permet d'ouvrir le chapiteau sur sa face sud-est pour bénéficier de l'ensoleillement. Le pignon arrière fait face aux vents dominants. Seul le pignon orienté au nord reste à monter. Contre cette façade, un local où préparer la buvée et stocker les fournitures sera construit. Dans l'attente, un mur de paille ferme la nursery.

Les niches Calfotel en polyester et fibre de verre et d'une longueur de 2 m sont conçues pour préserver le veau du froid, sans pénaliser la ventilation.

Lors de froid intense, le relevage du parc permet de mettre le nouveau-né à l'abri derrière un rideau de lanières en PVC imaginé par l'éleveur. « Si le veau est un peu faible, j'ajoute parfois une "bouillotte", un bidon d'eau chaude hermétiquement fermé. »

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