L’entretien du matériel et le bon sens sauvent des vies
Dans la conduite et l’utilisation des engins, l’analyse de chaque situation permet de sécuriser ses équipements et ses pratiques. Une étape indispensable pour limiter les accidents et réduire l’impact du travail sur sa santé.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Pour les utilisateurs de matériels, les situations à risques sont variées. Voici un tour d’horizon des principaux dangers rencontrés par les éleveurs en dehors du temps passé avec leurs animaux et des solutions à mettre en œuvre.
Au volant, privilégier confort et visibilité
Compte tenu du nombre d’heures passées dans un tracteur ou un télescopique, le choix d’équipements confortables et ergonomiques n’est pas un luxe pour les éleveurs. En effet, vibrations et mauvaises positions sont les premières causes du mal de dos dont se plaignent beaucoup trop d’agriculteurs. « Je n’ai pas les moyens de me payer une cabine suspendue sur tous mes engins, explique un éleveur vendéen. C’est pourquoi j’ai choisi cette option uniquement sur mon tracteur de ferme, car c’est celui dans lequel je suis le plus secoué. Sur le tracteur de tête qui sert surtout dans les champs, je trouve cela moins utile. »
La position des commandes de l’inverseur ou des distributeurs est aussi un critère de choix important à prendre en compte avant d’investir. Toutes les marques proposent la possibilité d’automatiser les séquences répétitives pour que le chauffeur ait moins de gestes à effectuer. Les constructeurs rivalisent aussi d’astuces pour améliorer la visibilité vers l’avant, notamment avec des cabines panoramiques adaptées aux travaux de manutention. Pour mieux voir ce qui se passe à l’arrière, le chauffeur peut choisir un siège pivotant qui réduit l’angle de torsion de la colonne vertébrale. Autre solution : l’installation d’une caméra avec écran en cabine. Les prix sont désormais plus abordables. Comptez 150 € pour les premiers modèles. La technologie a également bien évolué et il existe des caméras autonomes sans fil, faciles à installer et à déplacer. Des équipements utiles aussi pour améliorer la vision du chauffeur à l’arrière du convoi ou à l’avant, avec une faucheuse frontale par exemple.
Bien voir, oui, mais également être bien vu ! La réglementation routière est stricte pour les convois agricoles et assez complexe selon le gabarit de l’ensemble (voir fiche MSA : « Pour conduire en toute sécurité sur la route » sur le site ssa.msa.fr).
Le gyrophare fait partie des équipements obligatoires sur tous les véhicules. En cas de casse ou de perte, n’hésitez pas à recourir temporairement à des versions autonomes sans fil, utilisant des leds avec une fixation magnétique. Pratiques, ces équipements servent aussi à signaler les engins de grande taille et peuvent être placés sur un panneau en bord de route pour signaler, par exemple, une sortie de chantier boueuse.
Incidents sur les machines : ne pas se précipiter pour agir
Préparation de sol, fauche, récolte, distribution… L’utilisation des engins est source d’accidents, notamment en période de pointe, quand la précipitation l’emporte sur la sécurité. Un entrepreneur de travaux, aujourd’hui à la retraite, témoigne : « Quand j’ai débuté dans ce métier, à chaque fois que j’allais à une réunion avec des collègues, je voyais toujours dans l’assistance au moins une ou deux personnes à qui il manquait des doigts, voire un bras. Heureusement, la prévention est vite devenue une priorité pour toute la filière, du constructeur jusqu’à l’utilisateur. Mais des accidents graves, voire mortels, arrivent encore. Je pense, par exemple, aux presses qui enrubannent en combiné. Sur ce type de matériel assez récent, il n’y a pas toujours les sécurités adaptées à chaque situation. Les utilisateurs, pas assez formés, ni informés, peuvent faire preuve d’imprudence. En cas de bourrage dans le pick-up ou quand la table d’enrubannage est bloquée par une botte, le chauffeur doit intervenir. Généralement, il arrête la prise de force, mais cette précaution ne suffit pas toujours car le circuit hydraulique peut rester en pression. Il se peut également que le cycle de fonctions électroniques soit mis simplement en pause par l’avarie et redémarre instantanément quand la panne est résolue. La personne qui supprime le blocage sur la machine peut dès lors se retrouver coincée par la porte ou par le basculement de la table. Avant toute intervention, il est donc indispensable de prendre deux minutes pour réfléchir à la meilleure manière d’opérer et se demander si toutes les mesures de protection sont prises. Au travail, agir dans la précipitation augmente les risques d’accident. »
Pour les utilisateurs d’une même machine, l’échange d’informations est primordial. Avant de confier une tâche pour la première fois à un nouveau chauffeur, les consignes de sécurité doivent lui être transmises avec précision. Ne pas hésiter non plus à lui faire partager sa propre expérience et vérifier, à chaque fois, que le message est compris
Réduire le nombre de montées sur les engins et de descentes
Selon la MSA, 40 % des accidents liés au tracteur ont lieu lors de la montée ou de la descente. Les lésions les plus fréquentes ? Entorse ou foulure, principalement au niveau des chevilles ou des genoux avec, en moyenne, un arrêt de travail de cinquante-sept jours selon les statistiques. Face à ce constat, deux conseils : maintenir l’accès à la cabine en bon état, sans terre sur les marchepieds et sans objet encombrant dans l’habitacle, et bien organiser les tâches quotidiennes pour limiter le nombre de montées et descentes. L’une des solutions consiste à installer des portes électriques avec télécommande à l’entrée des bâtiments. La pose d’un passage canadien ou d’une barrière automatique pour le franchissement des clôtures électriques sont deux astuces pour gagner du temps à long terme et réduire les risques d’accidents (voir encadré ci-après).
Incendie : l’entretien du matériel est primordial
En été, dans les casernes situées en milieu rural, les pompiers se préparent à intervenir sur des départs de feu au champ ou sur du fourrage en tas sous le hangar. L’incendie n’est pourtant pas une fatalité. Les moyens de prévention existent et en cas de sinistre, une réaction rapide et bien préparée permet de limiter les dégâts. « Les feux accidentels en plein champ ont deux origines, rappelle Gilles Mèche, de la société Extincteurs Nantais. Première cause : la création d’étincelles lors de frottements entre une machine et des cailloux de type silex. Par temps sec et venteux, le feu se propage alors rapidement. Contre ce phénomène, la meilleure arme reste la vigilance. Les agriculteurs connaissent les parcelles à risques. Ils peuvent prévoir, à proximité, une tonne à lisier remplie d’eau ou un déchaumeur pour circonscrire, si besoin, le sinistre au plus vite. »
La seconde cause d’incendie au champ est liée au feu directement dans la machine, souvent la presse ou la moissonneuse. Ce sinistre est dû soit à un roulement mal graissé qui chauffe, soit à une accumulation de poussières et de résidus dans la machine, soit à la combinaison des deux phénomènes. D’où l’importance fondamentale d’entretenir et de dépoussiérer quotidiennement le matériel sensible. Une inspection est obligatoire, même pour les modèles équipés d’un système de lubrification centralisée car parfois, des impuretés peuvent boucher un graisseur.
En cas de départ de feu, il est utile de posséder un extincteur adapté en cabine (voir encadré) car seule une intervention dans les premiers instants est efficace. Avec une presse, le conseil est d’éloigner l’engin au plus vite des zones sensibles, notamment des habitations, et de la dételer du tracteur.
Dans les bâtiments, la prévention de l’incendie passe aussi par la vigilance et la rigueur. Comme l’explique Gilles Mèche : « Pour tous travaux par point chaud comme la soudure ou la découpe de métaux, l’exploitant doit s’assurer qu’aucun corps combustible ne se situe à proximité. Quand un prestataire extérieur intervient à la ferme, je conseille de remplir avec lui un document de type « Permis feu » qui liste toutes les précautions à prendre pour éviter un incendie. Quant aux installations électriques, évitez de les placer à proximité de matériaux ou de liquides inflammables. » Les systèmes de chauffage et les moteurs électriques fonctionnant en atmosphère poussiéreuse doivent aussi être soufflés régulièrement.
Même souci de prévention face au risque d’autocombustion du fourrage. « Des sondes permettent à l’agriculteur de mesurer si le foin est suffisamment sec, explique Emilie Castang, de la Fédération des Cuma de Franche-Comté. Avec ces appareils, l’exploitant identifie les bottes à risque et les contrôle régulièrement. » Des équipementiers comme Dickey-John ou Draminski en proposent. Chez plusieurs constructeurs de presses, des sondes sont intégrées dans le canal pour mesurer l’humidité du fourrage. Récemment, Haytech a mis au point des balises connectées qui se piquent dans les bottes avant le stockage et envoient un message directement sur le portable de l’éleveur pour l’alerter d’un risque d’échauffement au cœur du tas.
Le risque électrique sous les lignes aériennes
C’est un problème que connaissent beaucoup d’agriculteurs, de chauffeurs d’ETA et de Cuma. Avec l’accroissement de la taille des engins, le risque d’accrocher une ligne électrique aérienne est de plus en plus fréquent (ensilage, télescopique, bennes…).
À la suite d’accidents mortels, quelques fabricants (Made, JMJ), encouragés par la MSA, ont mis au point des détecteurs de ligne pour les câbles à haute tension de 20 000 volts ou plus. Ce boîtier émet un signal sonore et visuel informant le chauffeur si l’engin se trouve à proximité d’une ligne. À lui ensuite d’être vigilant et de s’assurer que son matériel passe bien à plus d’un mètre sous le réseau. « Cette distance minimale doit absolument être respectée, car un amorçage peut se produire, même sans contact direct, surtout par temps de brouillard, souligne Yves-Marie Groussin, coordinateur sécurité des tiers chez Enédis (ex-ERDF). Réglementairement, les réseaux de 20 000 volts en fils nus sont à une hauteur de 6 mètres minimum du sol. Les réseaux à basse tension de 230- 410 volts, en réseau torsadé et isolé, se situent à 5 m. » Mais parfois, les lignes se détendent. Enédis invite les agriculteurs qui observent des fils trop bas ou qui connaissent des problèmes avec le réseau, à prendre contact avec leur syndicat professionnel ou leur chambre d’agriculture, ces derniers ayant, pour la plupart, signé des partenariats avec le distributeur d’électricité.
En cas d’accrochage d’un engin avec une ligne électrique, voici quelques conseils à respecter impérativement. Le chauffeur doit essayer de commander le repli de l’accessoire qui est en contact avec le câble, puis s’éloigner avec son véhicule. Si la machine ne réagit plus, il est recommandé de rester dans la cabine et d’interdire à quiconque de s’approcher. Il faut appeler immédiatement les services concernés (Enédis, secours, pompiers…). Bien leur préciser qu’une coupure urgente de la ligne est nécessaire en localisant le lieu de l’accident. Ne jamais descendre, ni monter sur la machine, en se tenant à la rampe métallique car au moment du contact avec le sol, c’est l’électrisation assurée. En dernier recours, si un incendie se déclare par exemple, il faut descendre en sautant à terre depuis la marche.
Le chauffeur doit ensuite s’éloigner en se déplaçant à pieds joints ou par très petits pas. En effet, tant que le courant n’est pas coupé, la zone autour de la machine reste sous tension sur un rayon d’une dizaine de mètres. En faisant de grandes enjambées, la victime peut poser un pied sur une zone de tension élevée, alors que l’autre pied est sur un secteur à tension plus faible. Dans ce cas, le corps fait court-circuit, cela s’appelle la « tension de pas ».
Pour accéder à l'ensembles nos offres :