LES VARIÉTÉS DONT VOUS NE POURREZ PAS VOUS PASSER

LE RÉSEAU ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL ÉVALUE CHAQUE ANNÉE LES NOUVELLES VARIÉTÉS inscrites aux catalogues français et européen. Ces essais, réalisés en petites parcelles mais en conditions de grandes cultures, comparent les nouveaux hybrides disponibles pour les éleveurs à des variétés de référence très largement cultivées et qui ont fait leur preuve. Dans le cas du maïs fourrage, toutes ces variétés sont évaluées sur des critères de rendement, de précocité, de valeur UFL et de résistance à la verse dans différentes zones agro-climatiques. L'expérimentation est réalisée par séries de précocité allant des variétés très précoces aux demi-tardives. Avec un progrès génétique estimé à 0,15 t de matière sèche par hectare et par an, vous constaterez à la lecture des tableaux que certains hybrides nouveaux venus surclassent largement les plus anciens. Il n'y a aucune raison de ne pas les essayer dès cette année sur une partie de la sole pour juger de leur comportement. Le message d'Arvalis est de réserver 10 à 20 % de la surface à ces nouveautés qui deviendront peut-être les vedettes de demain.

COMMENT LIRE LES TABLEAUX

Le rendement est exprimé en pourcentage de la moyenne des rendements de tous les hybrides figurant dans la série. Cette moyenne est indiquée en bas des tableaux. On notera des rendements moyens très élevés (supérieurs à 15 t de MS/ha). Il est nécessaire de pondérer ce résultat du rendement en fonction de la précocité de l'hybride. Plus il est tardif, plus son potentiel de rendement est élevé. La précocité s'évalue sur la colonne

« % de MS plante entière ». C'est sur ce critère que sont classés les hybrides dans le tableau. Plus la MS est élevée, plus il est précoce dans sa catégorie. Après avoir vu le rendement de l'année 2013, il faut juger aussi de la régularité de la variété. On peut se fier aux résultats obtenus les années précédentes, à ceux des autres zones géographiques et à l'écart type 2013. Une valeur faible de cet écart type signe une bonne régularité des performances sur tous les essais de la série. L'autre élément important pour un maïs fourrage est sa valeur énergétique (en UFL). Là aussi, elle est exprimée en pourcentage de la moyenne des essais. Certes, c'est un critère à prendre en compte dans le choix d'une variété, mais de tels progrès ont été faits aujourd'hui qu'une note moyenne (100), souvent égale à 0,92 UFL/kg de MS, ne peut pas être disqualifiante. Enfin, la tenue de tige, exprimée en pourcentage de pieds versés à la récolte, est un élément à surveiller, particulièrement en zone côtière ou exposée aux coups de vent. Sur certaines séries, le trop faible nombre de d'essais versés ne permet pas d'apprécier ce critère.

VARIÉTÉS TRÈS PRÉCOCES

Voilà un groupe de précocité qui perd un peu de terrain chaque année en termes de surfaces cultivées. Il reste cependant essentiel pour les zones froides ou d'altitude ainsi que pour les semis les plus tardifs. Parmi les valeurs sûres, Eliot (Advanta), qui a faibli en 2013 mais qui présente un rendement moyen convenable sur trois ans avec une valeur alimentaire correcte et une bonne tenue de tige.

Les autres variétés de référence, NK Falkone et ES Fortan, plus tardives, ont des rendements pluriannuels moins intéressants. Elles subissent le poids du progrès génétique qui est de 1 % par an. Malgré son potentiel de rendement plus faible, il faut continuer à s'intéresser à Konsensus (KWS) pour sa grande précocité dans ce groupe, notamment en cas de semis tardifs. Sur trois ans, Emily (Advanta) se comporte bien malgré des valeurs en retrait cette année et une qualité alimentaire moyenne avec une faible valeur en amidon. Dans le même créneau de précocité qu'Eliot, on trouve trois variétés plus récentes. Cathy (Advanta), qui confirme sur deux ans son bon potentiel de rendement avec une bonne valeur alimentaire plus orientée sur l'amidon. La tenue de tige est aussi à apprécier. Dans la même veine, citons Tressy (Advanta). Colisée (KWS) apparaît, lui, plus irrégulier dans son comportement. Millesim (KWS) montre sur deux ans un bon rendement, mais aussi une sensibilité à la verse. Sa valeur alimentaire pêche avec une digestibilité tige/feuilles faible. C'est une variété mixte grain-fourrage. Parmi les variétés à essayer, commençons par Osterbis CS (Caussade semences), non pas pour son potentiel de rendement mais pour sa précocité et sa bonne valeur énergétique. La génétique Limagrain se fait remarquer avec deux hybrides, LG 30223 et LG 30220, qui affichent un excellent potentiel de rendement, une bonne valeur alimentaire et une bonne tenue de tige. Mallory (Advanta) s'est bien comporté en Bretagne mais dans le Nord, son niveau de précocité a été différent. Idem pour SY Feeditop (Advanta), moyen dans l'Ouest et très bon dans les essais du Nord, à confirmer.

VARIÉTÉS PRÉCOCES

C'est la catégorie reine en maïs fourrage car la plus cultivée. On y trouve la vedette Ronaldinio qui, cette année, s'est un peu essoufflée, âge oblige (inscription en 2007). En Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, Arvalis a distingué les essais à fort potentiel et ceux en sols moins profonds qui ont souffert un peu plus du déficit hydrique estival. Parmi les variétés de référence, LG 30275 (Limagrain) présente une belle longévité avec de très bons rendements dans toutes les zones et toutes les conditions mais, attention, c'est une variété un peu plus tardive que les autres dans ce groupe. Sa valeur alimentaire moyenne se construit davantage sur la digestibilité tige-feuilles que sur l'amidon. Ailleurs, on observe quelques déceptions, notamment avec Ronaldinio (Semences de France) qui se comporte mieux en conditions difficiles et conserve une excellente valeur alimentaire. En outre, c'est une variété mixte (grain-fourrage). Geoxx (RAGT) affiche toujours une bonne vigueur au départ et des rendements pluriannuels intéressants (102 % sur trois ans). La tenue des tiges est bonne et la valeur alimentaire passable. Il s'est mieux comporté en 2013 dans les essais à rendements moyens. Dans les hybrides plus récents, Pénélope (Advanta) s'en sort mieux dans les conditions plus limitantes de l'Ouest. Sa valeur alimentaire reste moyenne. Grosso (KWS) confirme son bon potentiel de rendement, surtout en zone Nord. Comme l'an passé, il exprime son orientation « grain », avec une digestibilité faible. Les autres variétés ne montrent rien de particulier. On peut donc se tourner sur les dernières nouveautés avec, en premier lieu, Niklas (Advanta), un hybride précoce dans ce groupe qui affichent de bons rendements dans toutes les conditions. Sa valeur alimentaire reste dans la moyenne. Toujours en début de précocité, signalons ES Tarock (Euralis) avec une bonne richesse en amidon.

Dans l'Ouest, LG 30260 (Limagrain) s'est fait remarquer par son potentiel de rendement et une bonne digestibilité tige-feuilles. ES Albatros (Euralis) s'est très bien comporté dans le nord de la France et dans les essais à rendements élevés, mais sa valeur alimentaire faible peut le handicaper.

Mêmes remarques pour Figorinio (KWS).

En fin de groupe, donc plus tardif, l'hybride Juliett (Advanta) affiche de bons résultats en terrain difficile, sa valeur alimentaire est dans la moyenne avec une bonne digestibilité de la partie tige-feuilles.

VARIÉTÉS DEMI-PRÉCOCES

Voilà un groupe qui intéresse les zones d'élevage où les sommes de températures permettent d'accéder à des hybrides au potentiel de rendement généralement plus élevé. Quatorze variétés demi-précoces ont été mises en expérimentation en 2013 dans le réseau Arvalis. LG 3264 (inscrit en 2007) tient toujours la barre, même s'il a un peu déçu dans l'Est cette année. C'est une précocité de milieu de groupe avec une bonne valeur alimentaire. Marcello (KWS), plus précoce, subit davantage le poids des années. Aapple (Advanta) présente de bons rendements pluriannuels mais sa valeur alimentaire apparaît faible. ES Charter (Euralis) affiche aussi une bonne régularité de rendements sur les trois dernières années. Plus récent, Belicio (Semences de France) est le plus précoce du groupe avec des rendements réguliers et une bonne vigueur au départ. Sa valeur alimentaire est bonne mais avec une faible digestibilité tige-feuilles. En deuxième année d'expérimentation, Pytagor (Semences de France) confirme son potentiel de rendement avec une valeur alimentaire moyenne mais une digestibilité intéressante. Parmi les nouveautés à essayer cette année, nous pouvons citer Idalgo (Semences de France), un hybride précoce qui s'est très bien comporté, notamment dans l'Est. À suivre aussi, Danubio (Codisem) qui présente de bons rendements mais plus hétérogènes. On le signale un peu sensible à la verse. Enfin, Kabatis (KWS) est à essayer, il possède une bonne teneur en amidon.

VARIÉTÉS DEMI-TARDIVES

Ces hybrides concernent les régions du sud de la Loire ainsi que le Sud-Ouest où les éleveurs attendent des références en maïs fourrage pour des variétés plus tardives. Elles ont pour la plupart été sélectionnées sur une aptitude à produire du grain. Arvalis les a intégrées dans son réseau depuis deux ans seulement. Il est plus difficile ici de trouver le compromis rendement/valeur alimentaire. Parmi les références, Mas 33A (RAGT) montre des rendements corrects avec une valeur alimentaire moyenne. On remarque le fort potentiel de P0319 (Pioneer), mais c'est aussi le plus tardif du groupe avec une faible valeur alimentaire. Pour les nouveautés, Pesandor (Semences de France) est parmi les plus précoces avec les meilleurs rendements de la série (105,1). Sa valeur alimentaire reste dans la moyenne. Palmer (Advanta) montre son potentiel mais avec une moins bonne digestibilité. ES Mosquito (Euralis), plus tardif, s'est très bien comporté et présente une valeur alimentaire moyenne qui, rappelons-le, est à 0,93 UFL/kg de MS.

D.G.