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David Pichot, CONSEILLER EN BÂTIMENTS CHEZ EILYPS « NOTRE SURFACE PEUT DOUBLER EN LONGUEUR ET EN LARGEUR »

Les deux associés, Étienne Simon (à gauche), responsable du troupeau laitier, et Benoît Legros, en charge des cultures et de l'atelier porcin.

La conception de la stabulation du Gaec du Bas-Ralay laisse la porte ouverte à son prolongement dans la longueur ou à un déploiement latéral pour répondre à une évolution future de la production laitière.

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APRÈS HUIT MOIS DE TRAVAUX, LES 82 LAITIÈRES du Gaec du Bas-Ralay (Ille-et-Vilaine) ont pris place dans la nouvelle stabulation en mars 2013. Il s'agit d'un bâtiment bipente de 28 x 60 m, comprenant 101 logettes équipées de matelas, en système de lisier sur béton raclé, avec stockage des effluents dans une fosse en géomembrane, deux robots de traite Lely A4, une nursery de dix cases individuelles, plus un silo-couloir bétonné dans une cour entièrement goudronnée. L'ensemble représente un investissement de 580 000 € qui sera amorti sur une période de quinze ans (douze ans pour les robots), soit un coût d'amortissement de 79 €/1 000 l pendant douze ans, puis de 51 €/1 000 l pendant les trois années restantes.

« L'emplacement du bâtiment dans la parcelle laisse, à l'avenir, la possibilité de doubler sa surface, aussi bien dans la largeur que dans la longueur, précise Étienne Simon, associé en charge du troupeau laitier. Cette option a été retenue sans plan de carrière précis, mais avec des perspectives d'augmentation de la production liées à la fin des quotas laitiers. Dans ce contexte, deux options se profilaient : soit nous subissions les événements en ne produisant pas le lait que nous pouvons faire, soit nous jouions le jeu de la production laitière pour rester acteurs de notre développement. À ce tournant de notre carrière, notre âge (43 et 47 ans) nous permettait d'envisager un amortissement sur plusieurs années et la fusion récente de notre laiterie (Coralis) dans un grand groupe coopératif nous donne des raisons d'être positifs (voir n° 217, p. 13). »

« LE ROBOT POUR OPTIMISER LE SUIVI »

À court terme, avec 101 places et deux robots pour 82 vaches, la stabulation offre déjà la possibilité de produire du lait supplémentaire, en fonction des opportunités de prix et de volume. La traite robotisée est d'ailleurs le point de départ de la réflexion des éleveurs.

À deux associés, plus un salarié à temps partiel, à 80 %, sur une structure d'exploitation avec deux ateliers d'animaux, ils étaient séduits par la souplesse d'organisation et les données techniques fournies par le robot, permettant d'optimiser le suivi du troupeau. L'investissement a un coût (205 000 €), mais il permet à un associé de se libérer ponctuellement et les derniers résultats du contrôle laitier laissent déjà apparaître une augmentation des performances individuelles depuis l'abandon de la salle de traite (de 9 500 à 11 000 l/VL). « Nous avions d'abord imaginé d'installer les robots dans la stabulation existante (83 places), en remplacement de la salle de traite 2 x 8 postes, mais le bâtiment n'offrait aucune possibilité d'extension et son agencement, avec des logettes en béton paillées, générait une charge de travail importante. »

Dès que le mode de traite et l'option de bâtiment neuf ont été retenus, les associés se sont rapprochés du contrôle laitier qui a proposé des visites de l'élevage et réalisé les plans. « Eilyps nous a rapidement convaincus d'adopter un système de lisier moins contraignant en main-d'oeuvre, qu'il s'agisse du paillage quotidien ou du temps passé sur les routes à transporter de la paille et du fumier. » Dans les logettes, les éleveurs ont placé des matelas sur lesquels ils apportent de la sciure. Dans les couloirs bétonnés, deux racleurs à cordes entraînent le lisier jusqu'à un caniveau situé à l'extérieur, en bout de bâtiment. Mélangé aux eaux blanches, le lisier s'écoule par une canalisation souterraine de 60 cm de diamètre, jusqu'à la fosse de la porcherie située à 40 m. Dans ce cas, la fosse à cochons est utilisée comme une fosse intermédiaire pour le lisier brut.

« UN SÉPARATEUR DE PHASE TRIE LE LISIER »

Là, un séparateur de phase isole la fraction solide de la fraction liquide du lisier. Le liquide est dirigé vers une fosse en géomembrane de 1 500 m3 (capacité : sept à huit mois de stockage) et la fraction solide est stockée sur une plate-forme à l'intérieur de l'ancienne stabulation. La fraction solide est épandue sur les céréales et la fraction liquide sur les prairies à proximité des bâtiments.

« La buse de large diamètre avec une pente de 1 % facilite l'écoulement, et l'évacuation des eaux blanches dans ce réseau souterrain pousse le lisier vers la fosse par effet de chasse d'eau. La géomembrane a été choisie dans un souci de réduction des coûts (15 600 €) et disposée à 80 m du bâtiment pour ne pas faire obstruction à un éventuel prolongement », explique Étienne.

Le revêtement en béton a été préféré aux caillebotis pour limiter les risques de glissade. De plus, Étienne avait des réticences à laisser son troupeau évoluer au-dessus du lisier pour des raisons sanitaires et d'ambiance générale du bâtiment. Le confort des animaux, notamment l'assèchement des aires d'exercice pour prévenir les problèmes de pattes, a d'ailleurs été une préoccupation majeure des associés. Il se traduit par plusieurs aménagements intérieurs : la journée, les vaches ont un accès libre à quatre hectares de parcours ; le sol a une pente de 1 % pour favoriser l'écoulement des urines vers le caniveau ; les racleurs passent jusqu'à douze fois par jour ; un dôme de lumière en faîtage et des tôles translucides sur 10 % de la surface du toit améliorent la luminosité et favorisent l'assèchement des aires d'exercice. Pour éviter l'effet de serre sous le bâtiment, les façades ouvertes avec des filets brise-vent sur enrouleurs permettent de balayer la chaleur intérieure. La nuit tombée, l'éclairage est assuré par huit lampes à sodium Agriligth à très large diffusion, dont la lumière blanche vise à recréer la lumière du jour, pour jouer sur la luminothérapie avec un effet sur la santé et la reproduction. Les abreuvoirs à vidange rapide ont été installés dans les passages entre les rangs de logettes, dont la largeur (4 m) facilite la circulation sans perturber les animaux qui boivent.

Pour cet investissement, les éleveurs ont bénéficié de 9 000 € dans le cadre du PMBE et de 3 000 € de la MSA pour le respect du bien-être et de la sécurité du salarié.

Après une phase d'adaptation du troupeau à la traite robotisée de six semaines particulièrement contraignantes, les éleveurs sont aujourd'hui satisfaits des conditions de travail offertes par les nouvelles installations. « Elles répondent à nos objectifs en termes de confort et d'ambiance pour le troupeau. Un signe qui ne trompe pas : les laitières passent souvent plus de temps dans le bâtiment malgré un accès libre au parcours extérieur. L'aspect évolutif a été pris en compte de manière à pouvoir prolonger facilement le bâtiment de trois travées de 5 m pour saturer les deux robots avec 120 vaches en production. »

JÉRÔME PEZON

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