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REMORQUE AUTOCHARGEUSE UNE QUESTION DE DISTANCE

L'affouragement en vert s'avère être un complément adapté aux exploitations ayant fait le choix de la traite robotisée qui souhaitent maintenir une part de pâturage dans la ration. La rentabilité de cet investissement passe par une baisse de la consommation de concentrés.© J.P.

Face au manque de disponibilité de la main-d'oeuvre, la souplesse d'utilisation des autochargeuses suscite un intérêt croissant. La rentabilité de l'investissement dépend de la distance entre lesparcelles et le site d'exploitation.

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LE CONCEPT DE REMORQUES AUTOCHARGEUSES REGROUPE DEUX TYPES D'OUTILS : les remorques équipées d'un pick-up destinées aux chantiers d'ensilage ou de foin, et les faucheuses autochargeuses comprenant une barre de coupe intégrée à l'avant du pick-up pour l'affouragement. « Ce sont ces dernières que nous vendons le plus, constate Céline Rathueville, responsable commerciale chez Krone. Elles suscitent un réel intérêt de la part d'éleveurs confrontés à des agrandissements, réduisant l'accessibilité au pâturage et souhaitant maintenir une part d'herbe dans la ration de leurs laitières. »

Pour les autochargeuses destinées à l'ensilage, compte tenu du montant d'investissement, le marché concerne surtout les ETA, séduites par la souplesse d'organisation permise par des outils mobilisant moins de main-d'oeuvre que les ensileuses automotrices. L'investissement va de 40 000 jusqu'à 140 000 € pour certains modèles de 53 m3. Un écart de prix qui dépend plus du niveau d'équipement que du cubage.

UN OUTIL QUI SÉDUIT D'ABORD LES ETA

« Si la demande des exploitations individuelles et des Cuma stagne en France, le marché est plus porteur en Allemagne où les éleveurs ont davantage recours à l'ensilage d'herbe et profitent de la polyvalence de ces remorques pour la récolte du maïs destiné à l'approvisionnement des méthaniseurs », déclare-t-elle.

En effet, la faucheuse autochargeuse ne sert qu'à l'affouragement. En revanche, l'autochargeuse classique peut servir de remorque de transport pour l'ensilage maïs ou le foin. « Des éleveurs l'utilisent pour ramasser la paille hachée, puis stockée en vrac pour un apport de fibres dans la ration, explique Christian Savary, conseiller machinisme à la chambre d'agriculture de la Manche. C'est une option qui nécessite une capacité de stockage importante, mais la reprise est très facile pour une distribution à l'auge. » De plus, associée à une barre de coupe frontale, elle peut servir pour l'affouragement. Il s'agit pour cela d'escamoter les couteaux.

Les faucheuses autochargeuses ont des capacités de chargement généralement plus faibles (17 à 30 m3), tout comme le montant d'investissement (compter environ 1 100 €/m3). Elles sont conçues pour un usage quotidien qui ne nécessite pas le hachage de l'herbe.

La faucheuse rotative intégrée à la remorque montre un fourrage plus propre et moins lacéré que les faucheuses à fléaux (type Taarup), même si le prix d'achat de ces dernières est un élément à prendre en considération (environ 4 500 €). Le choix du cubage est fonction de la quantité d'herbe à récolter chaque jour.

FAUCHEUSE AUTOCHARGEUSE, L'INVESTISSEMENT PARTAGÉ SE DÉVELOPPE

À ce titre, on peut retenir un ordre de grandeur de 100 kg d'herbe ramassée par mètre cube. « Dans les zones d'élevage, l'investissement partagé à deux ou trois exploitations maximum se développe. Elles sont situées dans un périmètre rapproché, avec un tracteur dédié pour limiter les temps morts. » L'enquête menée par la chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor, auprès de trente-trois exploitations ayant recours à cette pratique, révèle qu'elles y consacrent en moyenne 50 min pour 73 UGB (fauche + transport + distribution), pour 5 à 6 kg/j/UGB. Sur le terrain, avec de bonnes conditions de maniabilité dans les bâtiments et des parcelles de fauche éloignées de 3 km maximum, le temps de travail n'excède pas 40 min/j. Au regard du temps passé et de l'augmentation des consommations de fuel, l'affouragement ne doit se substituer au pâturage que pour répondre à des contraintes structurelles. « L'affouragement est également un bon complément pour les exploitations qui ont choisi la traite robotisée. La condition pour rentabiliser cet investissement passe par une baisse de la consommation de concentrés permise par l'apport d'herbe fraîche à l'auge. »

Concernant les chantiers d'ensilage, l'avantage de l'autochargeuse par rapport à l'automotrice est qu'il n'y a plus besoin de mobiliser des remorques pour la récolte. Il suffit d'un chauffeur et d'une personne sur le silo. Un réel atout face au manque de main-d'oeuvre, dans un contexte d'agrandissement des exploitations.

UNE ALTERNATIVE POUR LES CHANTIERS DE MOYENNE DIMENSION

« Cela permet de mettre en oeuvre des chantiers de taille intermédiaire de 25 ha, ou de ramasser un excédent d'herbe de 7 à 8 ha en trois heures. » Cette souplesse d'utilisation facilite les interventions pour ensiler au stade optimal de l'herbe. « On estime qu'il faut 80 à 100 ha de fauche pour rentabiliser une remorque achetée 45 000, rappelle Pierre Lépée, conseiller machinisme à la chambre d'agriculture de la Creuse. Parallèlement, la montée en puissance des automotrices et l'augmentation des largeurs de travail peuvent poser des difficultés : largeur de coupe des faucheuses, nombre de bennes à prévoir sur le chantier et qualité du tassement pour suivre le débit de ces outils. Pour ces raisons, la tendance est aux remorques autochargeuses. C'est grâce aussi à la présence de 40 à 50 couteaux sur le rotor situé à l'arrière du pick-up qui autorise la récolte de brins courts. Cette amélioration permet d'approcher la coupe fine des automotrices, afin de faciliter la qualité du tassement au silo et la distribution du fourrage. »

Pour obtenir une qualité de coupe satisfaisante, il faut que les brins d'herbe se présentent perpendiculairement au pick-up. L'andainage est donc obligatoire et le choix de la faucheuse conditionneuse à privilégier. L'andainage répond aussi à la nécessité d'assurer l'alimentation de la machine pour optimiser le rendement et la qualité. « Pour une coupe régulière, la machine doit être bien alimentée. Pour cela, il faut un tracteur puissant : compter 200 ch pour une remorque de 44 m3, souligne Christian Savary. Les systèmes d'alimentation à rotor, qui forcent le fourrage à passer entre des couteaux disposés tous les 3 à 4 cm, conviennent mieux à l'ensilage. L'alimentation avec ameneur à fourche, bien que polyvalente, est davantage destinée à la récolte du foin. » Des sécurités par effacement sont prévues en présence de corps étrangers (pierres) et les dernières options concernent l'affûtage automatique sur le même principe que les ensileuses. L'affûtage des couteaux est en effet une opération déterminante de la qualité de la coupe. Pour faciliter ce travail, les constructeurs proposent différentes options qui facilitent l'accès aux couteaux.

PLUS IL Y A DE DISTANCE, PLUS LE VOLUME DE LA REMORQUE DOIT ÊTRE IMPORTANT

La limite d'utilisation des remorques dépend de la distance qui sépare la parcelle du silo. « Le temps passé au transport dans le cas d'une autochargeuse est un temps non disponible pour la récolte aux champs, explique Nassim Hamiti, ingénieur agro-équipement Trame. Aussi, au-delà du cubage de la machine, il faut retenir que c'est la notion de jours disponibles qui prône dans le choix de la machine. » La première question à se poser consiste donc à se demander de combien de jours je dispose pour intervenir ? Par exemple, pour une surface de fauche de 140 ha, avec une remorque de 35 m3 offrant un débit de 1,25 ha/h, il faudra 14 jours disponibles pour réaliser la récolte, à raison de 8 h/j. « À ce calcul, il convient de déduire le temps mort passé sur la route, sachant qu'une remorque de 35 m3 homologuée à 25 km/h et parcourant 5 km entre le champ et le silo va passer 24 min pour faire l'aller-retour et qu'elle peut ramasser en un seul passage l'équivalent de 4,7 t de fourrage (135 kg/m3 d'une herbe à 30 % de MS). Sur le terrain, c'est souvent cette notion de jours disponibles qui ne permet pas d'envisager un investissement partagé et justifie le recours à l'ETA. »

Pour un individuel, l'enrubannage reste l'option qui offre le plus de souplesse, mais elle est globalement plus chère. Ainsi, le coût de chantier de l'enrubannage monoballe, de la fauche au stockage, coûte en moyenne 290 €/ha (prix moyen constaté sur le terrain par le barème d'entraide du Limousin 2012, hors main-d'oeuvre). L'enrubannage en continu revient à 229 €/ha. À ce jeu des comparaisons, la récolte en foin est la moins coûteuse avec 165 €/ha en presse à balles rondes et 160 € en balles carrées. Le coût du chantier d'ensilage avec une automotrice, de la fauche au silo, s'élève à 175 €/ha et avec une remorque autochargeuse à 196 €.

JÉRÔME PEZON

La présence de 40 à 50 couteaux sur un rotor permet aujourd'hui de travailler en brins courts. Cette évolution, associée aux rouleaux démêleurs situés à l'arrière de la remorque qui offrent une répartition de l'herbe en couches successives lors du déchargement, facilite la qualité du tassement au silo.

© BERNARD KRONE GMBH

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