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Matériels : trouver le meilleur compromis

L’agriculture de conservation introduit deux problématiques : la gestion des couverts et le choix des outils pour semer céréales, méteils et prairies. Voici quelques solutions pour y répondre.

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«Réussir sa transition vers le non-labour ne consiste pas uniquement à changer de matériel, souligne Christian Savary, conseiller agro-équipement à la chambre d’agriculture de Normandie. L’agriculteur motivé par un changement de pratiques doit d’abord s’intéresser à l’aspect agronomique. L’agriculture de conservation implique une remise en question des assolements, un allongement des rotations et la mise en place systématique de couverts. Je conseille donc aux exploitants de se familiariser à ces évolutions en conservant le matériel présent sur la ferme. L’investissement dans des outils spécifiques ne se fera qu’une fois les nouveaux besoins identifiés »,explique-t-il.

Dans un premier temps, il est possible de remplacer la charrue par un cultivateur à dents. Autre solution : opter pour le déchaumage, une technique moins énergivore que le labour et qui perturbe moins le sol.

Travail simplifié mais réflexion complexe

Les éleveurs ne disposant pas de semoir à double trémie implantent leurs méteils multi-espèces en chantier décomposé : un premier passage à la volée pour les graines de petits diamètres, suivi de la mise en terre des semences plus grosses avec le semoir de l’exploitation. Le foisonnement de la terre au semis est souvent suffisant pour enterrer les petites graines déposées à la volée. Avant d’investir dans du matériel adapté, l’éleveur pourra aussi tester de nouveaux outils via la prestation ou la location.

« En général, plus on simplifie les techniques culturales, plus la réflexion devient complexe, ajoute Hervé Masserot, conseiller Cuma en Mayenne. Le semis direct vise à remuer le moins de terre possible pour ne pas favoriser la levée d’adventices. L’implantation de couverts est obligatoire pour occuper le terrain et restructurer le sol. Dans ce type de transition, les exploitants sont confrontés à deux problématiques : gérer la destruction des couverts et semer efficacement cultures, méteils et intercultures dans un sol encombré de résidus. S’il existe une panoplie de solutions, aucune n’est universelle. Reste alors à trouver le meilleur compromis technique. »

Le gel favorise la destruction des couverts

Pour la gestion du couvert, l’éleveur doit se poser différentes questions :

Est-il préférable de le récolter, le pâturer ou le laisser sur le terrain ?

Les volumes de végétations aérienne et racinaire pénaliseront-ils le fonctionnement du semoir ?

Les plantes et les adventices présentes risquent-elles de repartir dans la culture suivante ?

« Un désherbant total comme le glyphosate est efficace, souligne Jérôme Labreuche, chez Arvalis. Mais son usage sera-t-il encore autorisé dans les années à venir ? L’agriculteur doit dès à présent envisager d’autres pratiques, notamment mécaniques, à adapter selon la période de l’année et les espèces en place. » Le roulage est, par exemple, une solution de plus en plus employée. Un rouleau destiné au rappuyage des sols après le semis convient, à condition d’être en présence d’espèces sensibles comme la moutarde, la phacélie, la féverole ou encore la vesce. En revanche, l’action sur les graminées est plus limitée, voire nulle au stade jeune.

Depuis quelques années, des modèles spécifiques apparaissent dans les campagnes. Appelés rouleaux Faca, ils sont constitués d’un cylindre lourd de 30 à 60 cm de diamètre avec, en surface, des lames pour blesser et écraser les tissus végétaux. Un passage en période de gel est encore plus efficace, à condition de se trouver dans une région où le thermomètre baisse suffisamment en hiver. Autre avantage : le rouleau ne favorise pas la germination des adventices car il ne bouleverse pas l’horizon superficiel du sol.

L’option du broyeur ou du déchaumeur

Quand le roulage n’est pas adapté, le broyeur est l’autre option. La méthode est efficace, mais plus chronophage et plus coûteuse.

Le déchaumage est une autre solution souvent employée en même temps pour enfouir les effluents organiques et détruire des plantes ayant un tissu racinaire envahissant comme le ray-grass par exemple. Un outil à dents équipé d’une patte d’oie scalpe le sol sans descendre trop profondément. Mais si la végétation est abondante, il existe un risque de bourrage. Les déchaumeurs à disques n’ont pas cet inconvénient car ils assurent en même temps un léger mulchage. Plus le diamètre des disques est important, plus le matériel sera efficace dans les couverts bien développés. En contrepartie, l’effet faux-semis se traduira immanquablement par des levées d’adventices. Et avec ce travail du sol, même superficiel, l’éleveur s’éloigne un peu de la philosophie de l’agriculture de conservation.

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