LA NORMANDE SE VEUT LA RACE LEADER DE L'AGROÉCOLOGIE
150 éleveurs venus de 19 départements concouraient les 29 et 30 mai à Saint-Brieuc. Prochain National : en 2018 en Pays de la Loire.
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NI TROP GRASSE NI TROP MAIGRE, c'est ainsi que j'aime la normande », confie Mickaël Barbier, l'un des trois juges du National normand, cette année en terre bretonne. C'est vrai que les 214 femelles en lice affichaient une silhouette bien différente du Space de Rennes et du Salon de l'agriculture à Paris. « À fin mai, elles ont déjà bénéficié de deux à trois mois de pâturage. » Alors qu'avec l'agrandissement des troupeaux, certains éleveurs sont tentés d'abandonner le pâturage, les Normands affirment leur singularité à travers une conduite lui donnant une large part, construite autour du délicat équilibre niveau laitier-taux-produit viande.
SAISIR L'OPPORTUNITÉ D'UNE SEGMENTATION DU MARCHÉ DU LAIT
« Avec un prix de base à 300 € les 1 000 litres et moins depuis six mois, nos taux élevés sécurisent notre prix du lait d'au moins 30 €/1 000 l », entendait-on à Saint-Brieuc. « Nous ne sommes pas une pâle copie d'un modèle (N.D.L.R. : en comparaison au niveau laitier élevé de la prim'holstein) », confirme Jacques Legendre, président de l'Organisme de sélection en race normande, en assemblée générale le lendemain du concours. « À nous d'être lisibles et visibles. Construisons notre avenir. Pourquoi la normande ne serait-elle pas demain leader de l'agroécologie ? » « Entre la voie industrielle et la voie du bio, les éleveurs normands doivent trouver leur propre positionnement, renchérit un éleveur d'Ille-et-Vilaine. S'il faut produire pour le marché mondial à 280 €/1 000 l, il sera difficile de résister. »
Les Irlandais et les Néerlandais montrent le chemin. Les premiers mettent l'accent sur leur système pâturant pour leur marque à l'export, Kerrygold . Aux Pays-Bas, FrieslandCampina encourage le pâturage en contrepartie d'une prime. « La segmentation du marché du lait était irréaliste il y a dix ans. Ça ne l'est plus. La race normande, qui valorise bien l'herbe pâturée, a une carte à jouer », insiste Albéric Valais, le directeur de l'OS.
TROIS NOUVEAUX INDEX SPÉCIFIQUES À LA RACE
La réflexion qui s'amorce en Normandie sur une indication géographique protégée pour la filière du camembert « fabriqué en Normandie » (voir n° 236, p. 13) pourrait être une piste.
En attendant, l'OSN travaille avec l'Institut de l'élevage à l'émergence de critères spécifiques à la race, lui permettant de se différencier des autres : un index « veau de boucherie » sorti en avril, et dans les tuyaux deux autres : « rentabilité de carrière » et « performance bouchère des jeunes bovins ». Parallèlement, un réseau de 15 fermes sur l'Arc atlantique sera finalisé en septembre. Objectif : exprimer la performance normande sur la globalité de l'exploitation.
Les Normands veulent revendiquer leurs spécificités. C'est ce qui ressort d'une (énième) réflexion qui vient d'être menée sur l'image de la race. L'évolution de la demande des consommateurs va aujourd'hui dans leur sens.
CLAIRE HUE
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