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Lait L'industrialisation de l'agriculture n'est pas la seule cause de la crise

Au Salon de l'agriculture, la Confédération paysanne a débattu des différentes causes de l'enlisement de l'élevage dans la crise actuelle.

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Le mardi 1er mars 2016, la Confédération paysanne a réuni, sur son stand du Salon de l'agriculture à Paris, quatre intervenants venus débattre de l'industrialisation de l'agriculture. Est-ce la cause de la crise de l'élevage ? Selon Jean-Christophe Kroll, professeur en économie et politique agricole à l'Inra, et Josian Palach, secrétaire général du syndicat, non. Enfin, pas seulement. « Les grandes fermes aussi sont fragiles, admet Josian Palach. Mais elles touchent davantage d'aides publiques et fiscales, qui leur permettent de s'en sortir. Il y a 10 millions d'euros distribués à l'agriculture chaque année, en favorisant le capital avant le travail. »

Gilles Luneau, rédacteur en chef de Global Magazine, s'interroge sur l'autosuffisance alimentaire de ces grandes structures. « 53 millions de tonnes d'aliments sont importées en France chaque année pour nourrir les animaux, assure-t-il. Nous dépendons de ces importations, qui pour la plupart viennent du Brésil, de l'Argentine ou des États-Unis. Et nous produisons davantage de triticale que de blé panifiable. »

« Les clés de la filière ont été confiées aux industriels »

C'est donc l'orientation générale de l'agriculture qui poserait un problème. Un cumul de l'agrandissement tentaculaire de certaines exploitations, d'une Pac favorable à la course aux hectares, et d'un mode de production dépendant des importations d'aliments. Sans compter la mainmise des industriels sur les prix. Karl Laske, journaliste à Mediapart et coauteur du livre « Les cartels du lait », indique qu'en 2009, lorsque Bruno Le Maire, alors ministre de l'Agriculture, a acté la dérégulation de la production laitière, il a confié les clés de la filière entière aux industriels. La contractualisation n'y change rien. « Sans encadrement des pouvoirs publics, contractualiser revient à demander au renard de faire la police dans le poulailler, s'insurge Jean-Christophe Kroll. Il faut des clauses à ces contrats, des modalités imposées, telle que l'interdiction de vente à perte. »

Hélène Chaligne

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