Prix du lait Recul plus ou moins fort selon la laiterie

La baisse du prix du lait enregistrée en 2015 a annulé deux ans de hausse. Et plus importante est la laiterie, plus rude est la chute, selon l'observatoire du prix du lait de la revue L'éleveur laitier (1), dans son édition de février. Ainsi, le recul est proche de 60 €/1.000 l pour les livreurs de Sodiaal (-59 € à -61 €) et de Lactalis (-55 € à -60 €), talonnés par ceux de Savencia (ex-Bongrain), entre -53 € et -58 €. Le prix annuel varie entre 307 et 313 €/1.000 l chez Sodiaal, à condition d'être resté dans une limite de 10 % des volumes en quota B. Pour ceux qui ont misé sur davantage de B, le prix passe sous la barre des 300 €. Lactalis a offert entre 308 et 318 €/1.000 l, restant tout juste au-dessus de Sodiaal, et Savencia affiche 309 à 319 €/1.000 l. 

Contre-performance

Plusieurs transformateurs enregistrent des contre-performances sévères, en majorité des coopératives exposées aux produits industriels. Terra Lacta, la seule laiterie dont le prix annuel est inférieur à 300 €/1.000 l, figure en queue de peloton. La Prospérité fermière (307 €/1.000 l) accuse un recul de 72 €/1.000 l. La CLHN (-55 €), l'ULM (-65 €) ou encore Agrial (-57 €) font à peine mieux, mais les deux dernières partaient d'un prix nettement plus élevé, préservant un prix à respectivement 321 et 317 €.

Finalement, ce sont les PME qui paient le mieux, qu'ils fabriquent des fromages, des produits frais ou du lait de consommation. Parmi elles, des coopératives. Cette année, Alsace Lait (-34 €) déloge l'Ermitage (-47 à -49 €) en tête du classement avec un prix annuel moyen de 355 €/1.000 l. Les Maîtres laitiers du Cotentin, les laiteries Saint-Père, Saint-Denis-de-l'Hôtel, Milleret, Mulin et Danone Basse-Normandie ont également assuré une rémunération du lait supérieure à 330 €/1.000 l en 2015.

Nouveau recul en janvier

2016 s'annonce pire que 2015. Des reculs de 10 à 20 €/1.000 l se murmurent déjà. Dès janvier, les industriels ont d'ailleurs annoncé des baisses conséquentes du prix de base. Cette fois, Lactalis est le moins-disant à 270 €/1.000 l, plus bas que Savencia dont le prix (277 à 291 €) est soutenu par des reliquats de primes. Agrial, Senagral et Terra Lacta sont également à moins de 280 €. Laïta, Eurial, Isigny, Ermitage affichent moins de 300 €. Au-dessus, les livreurs de Bel (303 €), Maîtres laitiers du Cotentin (308 €), Saint-Père (313 €) et LSDH (615 €) font figure de chanceux. Enfin, Sodiaal annonce un maintien à 300 €, en appel à « des négociations commerciales responsables avec la GMS » (2).

L'UE, principale responsable de la surproduction

Pour expliquer l'effondrement des cours, la Chine et la Russie sont souvent pointées du doigt, avec leurs importations en baisse ou à l'arrêt. Une façon pour la filière laitière européenne de se dédouaner. Pourtant, c'est bien la surproduction européenne qui plombe aujourd'hui l'équilibre des marchés. Alors que, en fin d'année, la collecte a ralenti en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, les livraisons ont poursuivi leur hausse en Europe, pour atteindre +1,7 % sur les 11 premiers mois, et jusqu'à +4,8 % en novembre, malgré un signal « prix » très négatif. La collecte a même explosé en Irlande (+48 % en novembre) et aux Pays-Bas (+14 % en novembre).

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(1) les prix de 40 laiteries sont reconstitués et comparés pour un lait à 38/32, en qualité super A, toutes primes et ristournes confondues, à qualité et saisonnalité identiques et le tank en propriété.

(2) Suivi mensuel des prix du lait par laiterie à retrouver dans l'observatoire réalisé par le mensuel L'Éleveur laitier, et sur les Pros du lait (www.prosdulait.fr).

Elsa Casalegno