Crise laitière « Il y a le feu » pour les éleveurs du Périgord
Une centaine de producteurs ont manifesté à la suite de l'appel de la Fédération des producteurs laitiers de la Dordogne. Pour alerter l'opinion, ils ont allumé un feu près de Périgueux, en espérant être l'étincelle lançant le mouvement dans la France entière.
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Ce mercredi 13 juillet, au croisement de la N21 et de l'autoroute A89, au large de Coulounieix-Chamiers et de Notre-Dame-de-Sanilhac, en Dordogne, une petite centaine d'éleveurs laitiers (une soixantaine, selon la police), a allumé un feu sur un rond-point à partir de vieilles bottes de foin. La fumée a perturbé la circulation, sans l'interrompre néanmoins.
« Cela symbolise le feu qu'il y a dans nos porte-monnaie, explique Pierre Veyssi, président de la Fédération départementale des producteurs laitiers (FDPL) de la Dordogne, qui organisait la manifestation. Nous avons épuisé tous les artifices, limité au maximum nos dépenses, différé nos paiements... On ne peut pas supporter la nouvelle baisse du prix annoncée pour la fin de l'année. » Soutenu par JA et la FDSEA, le syndicat a voulu alerter l'opinion sur la situation de détresse des éleveurs laitiers.À bout de souffle
« Tout le monde est à l'agonie, les trois quarts de nos éleveurs ne sortent plus de salaire depuis six mois. Personnellement, j'ai même dû revendre mes deux robots de traite », illustre le président de la FDPL.
« Et la crise ne touche pas uniquement le secteur laitier », précise Fabien Joffre, éleveur allaitant et président de la FDSEA. Le cours de la viande bovine chute aussi, car les éleveurs laitiers se séparent plus facilement de leurs animaux dans ce contexte difficile. » Le Périgord souffre également de problèmes sanitaires touchant la production de canards. « Il y a longtemps que ça bout dans les élevages, ça ne peut plus durer », poursuit-il.« Aux pouvoirs publics de trouver une solution »
« C'est aux pouvoirs publics de trouver une solution, clame le président de la FDPL. On a besoin d'un plan national et européen. Nous sommes ici aujourd'hui car, dans une semaine, se déroule une réunion des ministres européens de l'Agriculture à Bruxelles. Nous demandons un accompagnement financier pour passer ce cap difficile, mais également une régulation de la production. Il ne faut pas oublier que la filière du lait représente 1 500 emplois ici, nous ne pouvons pas baisser les bras. »
« Aujourd'hui nous n'avons vu aucun homme politique, déplore Jacqueline, éleveuse elle aussi. On est dégoûté, écoeuré et surtout en détresse. »
Autres destinataires de ce cri de détresse : les laiteries et la grande distribution. « Nous, ce que l'on demande, c'est le partage de la valeur le long de la filière, explique Pierre Veyssi. Il faut que tous les départements suivent le mouvement. » Cette manifestation est le début de semaines mouvementées. Tout du moins, il l'espère.
Marylou Bressand
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