Bilan avant la fin des quotas Le Poitou-Charentes veut contrer son érosion laitière
Le Poitou-Charentes a perdu la moitié de ses producteurs en dix ans. Ses deux groupes coopératifs relancent son avenir par des rapprochements qu'ils ont trouvés en dehors de la région.
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De 2000 à 2010, la Région Poitou-Charentes a perdu la moitié de ses éleveurs et 19 % du lait produit. Le phénomène s'est encore accéléré depuis 2008. À la veille de la fin des quotas, conseil général de la Charente-Maritime d'un côté, Draf et Insee de l'autre se sont penchés sur l'état des lieux et les perspectives de la filière.
Le bilan est morose. Du côté des producteurs, beaucoup ont abandonné le lait au profit des grandes cultures. Les raisons en sont connues : l'hectare de céréales rapporte davantage que celui de fourrages ; le temps et les contraintes de travail en élevage sont tels qu'ils font tomber les dernières réticences. Cependant, et cela fait partie des atouts de la région, 60 % des élevages sont spécialisés, avec une production moyenne de 350.000 l par exploitation. Ils sont plus concentrés sur une diagonale allant de la Vendée au nord de la Charente, en passant par les Deux-Sèvres et le nord de la Charente-Maritime, le prolongement du fameux croissant laitier du grand Ouest.
Du côté des transformateurs, la région vient là aussi de vivre des années difficiles. Alors que le rapprochement entre les deux grands groupes coopératifs Eurial et Terra Lacta était attendu, chacun d'eux a fini par aller chercher son bonheur ailleurs : le premier en s'associant avec Agrial et Coralis, le second avec Bongrain.
Le « mea culpa » de Terra Lacta
Les choix stratégiques et commerciaux n'ont sans doute pas été les plus heureux. Alain Lebret, président de Terra Lacta, a fait une sorte de mea culpa devant les conseillers généraux de la Charente-Maritime en rappelant que depuis trente ans, son groupe avait choisi des produits low cost. « Cette politique n'est plus payante depuis 2003. Quand nous avons repris la main en 2009, nous n'avions plus les moyens de réaliser les investissements nécessaires pour s'appuyer sur nos marques existantes et les relancer. ».
Le rapprochement avec Bongrain, effectif depuis 1er octobre, devrait représenter le salut. « Avec Bongrain, nous allons pouvoir franchir plus vite les étapes et partir à l'international, ce que nous n'avions pas les moyens de réaliser jusqu'alors. » À condition de consolider l'approvisionnement en lait. Terra Lacta a signé un contrat de collecte de vingt ans avec Bongrain. Les deux nouveaux partenaires viennent d'engager une réflexion sur les moyens à mettre en oeuvre pour sécuriser les jeunes installés.
Alain Lebret évoque « un système de primes ou de prix garantis sur plusieurs années ». TL conforte également fortement les références (encadré) et en appelle au soutien des pouvoirs locaux, au nom de l'intérêt de la région. Selon l'Insee, « l'industrie laitière représente plus de 20 % des effectifs agroalimentaires en Vienne et Deux-Sèvres ».
Rallonge : intégrée dans la référence contractuelle après les quotasTerra Lacta, comme tous dans la région, est en sous-réalisation chronique. En réaction, la coopérative propose à ses adhérents une rallonge de quotas de 20 % pour 2013-2014, et « vraisemblablement » 20 % supplémentaires pour 2014-2015. Ces volumes produits en plus seront intégrés dans la référence contractuelle à partir du 1er avril 2015. Déjà, des producteurs réagissent favorablement à l'appel de la coopérative en accélérant des projets d'agrandissement ou d'installation. |
Myriam Guillemaud
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