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La téléréalité de l'été

Actions, trahisons, déceptions... résumé de l'épisode, si vous l'avez manqué.

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Les scientifiques ont repéré une exoplanète « potentiellement porteuse de vie ou habitable » appelée Kepler 452B. Pour s'y rendre, on risque la panne d'essence car il faudrait mille quatre cents années-lumière à la vitesse moyenne de 300 000 km par seconde. Bonjour les radars ! Les habitants de Kepler (s'ils existent : les Keplériens ?) ne sont pas pressés de nous voir arriver car l'homme, depuis qu'il marche debout, n'a cessé de conquérir les continents pour les accaparer, les coloniser, les piller en trucidant, asservissant à tout-va, avec la bénédiction d'un dictateur ou d'un dieu. Supposons que les hasards de l'évolution aient octroyé à ces Keplériens 1 000 ans d'avance sur nous, je n'ose imaginer leurs capacités, quand on voit les progrès de notre monde ces cent dernières années.

Leur plaisir, c'est d'observer les différents mondes comme une espèce de téléréalité. Ils se délectent tous les jours de nos guerres, séismes et autres épreuves. S'ils ont observé la Terre pendant les périodes 1914-1918 et 1939-1945, quelle drôle d'opinion doivent-ils avoir de nous... J'admets qu'il faut consommer quelques champignons hallucinogènes pour adhérer au concept, mais supposons...

Dans le feuilleton de l'été, ils auront pu voir un épisode qui raconte la lutte des gentils agriculteurs producteurs de nourriture, qui se font voler le fruit de leur labeur en vendant leurs produits au même prix qu'en 1992 par les méchants des IAA et des GMS. Alors, ils se sont rebellés et ont bloqué routes et magasins. Si bien que l'animateur du jeu, Stéphane Le Foll, a réuni les protagonistes et a proposé de gagner 340 € à qui remporterait l'épreuve d'immunité, 340 € que se sont empressés de démentir les industriels laitiers, parce que Lactalis n'est pas synonyme de voie lactée, et que si on exportait hors de notre système solaire, les choses s'amélioreraient. Donc, le chef de la rébellion, un certain Beulin, a dit qu'on allait voir ce qu'on allait voir, lui qui affirme d'une sorte et agit de l'autre, (relisez le « Rebrousse-poil » de juin 2013). Pendant ce temps, les médias ont assené que l'accord était conclu et le consommateur ne comprenait plus rien, lui qui pratique le french bashing et achète les mêmes denrées étrangères fabriquées dans des fermes usines allemandes que le Français dénonce, et transformées par des ouvriers lituaniens payés à coup de lance-pierres. Mais il ne sait pas que lorsqu'il achète pour 100 € de denrées alimentaires, il n'en revient que 8 € au producteur. Là-dessus, Poutine en a rajouté une couche avec son embargo, trop content de mettre la pagaille dans une Europe désunie depuis la crise grecque. Et les Chinois s'en sont mêlés en réduisant leurs importations, car si le marché mondial est capable d'absorber 2,5 % de croissance, 2 % de surproduction provoquent un effondrement des cours de 20 %. D'où la colère des agriculteurs qui en sont réduits à espérer une sécheresse en Nouvelle-Zélande et en Australie, et même à leur souhaiter un séisme de magnitude 9 sur l'échelle de Richter, une tempête de neige en juillet, la petite vérole... Et à la fin, il y a un vote pour éliminer les moins performants... (Ouf...Vous pouvez respirer, Jack Kerouac est sorti de mon corps.).

Si ça, ce n'est pas une fiction à rebondissements avec du désespoir et de l'espoir, des larmes, de la tragédie, des gentils, des méchants, des fourbes... Pour un Keplérien, c'est une lutte qui remonte à la préhistoire. Mais rassurez-vous, braves Terriens, cette histoire n'est destinée qu'à distraire la ménagère keplérienne de moins de 50 ans. Allo l'eSPACE, ça va chauffer ! Alors, elle n'est plus belle la vie ? Mieux vaut à rebrousse-poil que trop bien coiffé.

PASCAL POMMEREUL

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