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Pourquoi ?

Pour se poser les bonnes questions, plutôt qu'avoir les mauvaises réponses.

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Lorsque je serai mort, j'aimerais qu'on inscrive sur ma tombe : « Ci-gît un gars qui, à sa manière, sans se prendre trop la tête, a essayé de faire avancer le schmilblick agricole. Il rêvait de recevoir le mérite agricole. Mais comme Karine Lemarchand a reçu cette distinction bien avant pour son abnégation, son dévouement au renouvellement des générations d'agriculteurs au travers de son émission L'amour est dans le pré, il se dit que décidément, les valeurs sont à la baisse comme le pouvoir d'achat. Mais toute sa vie, il s'est posé des questions car il vaut mieux se poser les bonnes questions que d'avoir des mauvaises réponses. » C'est un peu long comme épitaphe mais en Bretagne, les monuments en granit sont grands et on écrit petit.

Pourquoi les Chinois investissent-ils en France et pas en Allemagne, aux Pays-Bas... ? Auraient-ils flairé une faiblesse dans notre système qui leur permettrait, après nous avoir appâtés puis ferrés, de nous imposer un prix à la baisse ?

Mais non, suis-je bête, c'est pour la qualité de notre lait et sa traçabilité supérieure au lait hollandais !

Pourquoi les coopératives déclarent-elles être obligées de collecter tout le lait de leurs adhérents ? Mais bon sang ! Suis-je bouché ? C'est parce que c'est écrit dans leurs statuts. Alors pourquoi n'activent-elles pas l'autre clause qui dit que le coopérateur doit s'approvisionner en exclusivité auprès de sa coopérative ? Y aurait-il des clauses à géométrie variable ? D'un côté, des coops qui laissent déraper les volumes, rémunèrent aux prix A, B et C, et font baisser mécaniquement le tarif du lait, de l'autre, des privés qui leur achètent une part de ces excédents. Cherchez l'erreur.

Pourquoi les privés n'encouragent-ils pas leurs producteurshistoriques à augmenter les volumes ? Là, c'est toi qui n'y comprends rien, le marché européen est saturé et trop de lait ferait s'écrouler les cours de leurs produits. À moins qu'ils ne trouvent leur intérêt à acheter aux coops. En agissant ainsi, ils diversifient leurs ressources et maintiennent la pression sur le prix. Idéal pour concurrencer les coops qui s'aventurent sur les PGC qu'ils fabriquent. Encore plus idéale, cette matière première à bas prix quand, comme eux, vous maîtrisez le cracking du lait, créneau très valorisateur, bizarrement exclu des indicateurs Cniel.

Pourquoi les économistes prétendent-ils que Poutine ne va pas pouvoir maintenir l'embargo et qu'en conséquence, le marché va s'ouvrir et les prix remonter ? N'y pense même pas, le bonhomme est obstiné ! En jouant la carte du nationalisme et du « Tous contre la Russie », il veut faire avaler la pénurie à ses consommateurs. Pas sûr donc qu'il lève si vite l'embargo. Et puis avec une dévaluation de 40 % du rouble, ça m'étonnerait que les Russes importent rapidement à nouveau en masse.

Pourquoi des voix s'élèvent-elles contre les 1 000 vaches ? Parce que ce modèle de ferme n'est pas « familial ». Là, pas besoin d'être bête à manger du foin pour le penser. Alors pourquoi personne ne dénonce la taille des GMS ou de nos entreprises laitières ? Mais c'est bien sûr ! Ce sont des entreprises « familiales ». Lactalis appartient à M. Besnier, Bongrain à M. Bongrain. Auchan, Flunch et Décathlon à M. Mulliez, etc. Et il n'est pas question de démonter les grandes surfaces ou de rétablir le petit commerce. Le consommateur sans le sou a besoin de lait UHT à bas prix qui vient, là sans souci pour lui, de troupeaux allemands de 500 vaches et plus. Pourquoi Dieu et ma tante Josiane... ? Là, pas de réponse. Grand-mère, au secours !

PASCAL POMMEREUL

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