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Périco m’agace !

Il y a ceux qui vont vite en besogne pour juger et ceux qui besognent pour durer.

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Le printemps est là, l’herbe aussi et le pic de production est matérialisé par des prix à la baisse. Stupéfaction, ce matin, en entendant à la radio un boulanger affirmer que le prix du beurre augmente encore plus vite que l’année dernière. Va-t-on dépasser le record de 2017 ? C’est à n’y rien comprendre. Périco Légasse, critique gastronomique, va encore asséner sur les plateaux de télévision que la pénurie est due à « ces holsteins pisseuses de lait nourries au maïs soja ». Ce monsieur est certainement qualifié en cuisine, mais pas en agriculture. Une holstein à 30 litres de lait par jour et qui produit 38 grammes de matière grasse donne 1 140 g de MG. Une normande à 25 l et 44 g donne 1 100 g, donc ce n’est pas la faute des noire et blanche. Et puis sait-il qu’en 2009, il y avait trop de beurre et que les nutritionnistes déconseillaient formellement les matières grasses animales ? Alors nous avons utilisé des taureaux détériorateurs et on a le résultat maintenant, puisqu’il faut environ dix ans entre une orientation génétique et son plein effet dans nos troupeaux. J’entends déjà certains protester que leurs normandes donnent 46 g, que l’excédent de lait des noires contribue à celui de poudre, que le lait à l’herbe contient plus d’oméga 3. Oui, mais je parle de moyenne.

Et puis ce père la vertu sait-il qu’un gros fabricant de viennoiseries recherche du beurre fait avec du lait de vaches nourries plutôt avec une ration à base de maïs ? En effet, les matières grasses se tiennent mieux à la cuisson. Et puis si le lait de vache est si mauvais, parlons du lait de soja. D’abord, nommons-le « jus végétal » car le lait, c’est un liquide sécrété par la glande mammaire d’un mammifère. Une récente étude prouve que la consommation de cette préparation par les bébés provoque des dérèglements hormonaux et des pubertés précoces chez les petites filles. Les phyto-œstrogènes du soja ressemblent beaucoup aux hormones féminines. Si les végans sont si à cheval sur l’utilisation des animaux, comment expliquer que l’on parle de steaks, de yaourts, de fromages végétaux, si ce n’est pour entretenir la confusion ? Ces mouvements sont largement financés par des investisseurs misant sur une nourriture végétale dans un proche avenir, espérant ainsi « faire leur beurre ».

Et puis sait-il que depuis huit ans, le prix des produits alimentaires vendus aux consommateurs ne cesse de monter pendant que celui du lait, du fromage et des œufs est à la baisse ? À quand nos charges indexées sur le prix départ ferme ? Pendant qu’une réputation se défait en quelques clics sur internet, qu’un yaourt a une durée limite de consommation de trente jours en France mais que le même exporté dans les pays de l’Est est consommable pendant quarante-cinq jours, qu’une mode est lancée et obsolète en quelques mois, nous travaillons avec du vivant sur des durées beaucoup plus longues. On aimerait un peu plus de considération pour un travail de longue haleine. Comme disait ma grand-mère : « On fait ce qu’on peut, on n’est pas des bœufs. »

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